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Pourtant, il y avait une tranquillité en moi, et je sentais que c’est justement la

division qui permet ce jeu de forces et nous ouvre au désordre et à la misère…

Mais pour Diane, c’était noué. Elle s’est levée et a emporté Auragni dans leur

chambre, pour l’éloigner de moi…

Je suis resté assis en bas.

Après un moment, Auragni s’est mise à pleurer très fort, et cela durait, durait…

Il m’a fallu choisir, seul.

Ou bien j’acceptais cette logique et je m’en allais et tout était perdu.

Ou bien je me donnais à un mouvement actif de confiance.

Je suis monté les rejoindre.

Diane a résisté ; elle m’a dit : « je t’ai dit que je ne voulais plus que tu aies de

contact, que tu viennes… ! »

Je lui ai répondu : « ce n’est simplement pas possible ; ce n’est pas vrai. »

Auragni s’est calmée tout de suite, et vite endormie…

Et nous sommes restés là, en silence, près d’une heure, et j’ai senti cette

tranquillité qui demeurait…

Puis l’impression m’est venue que nous affirmions chacun dans le silence des

directions opposées ou incompatibles, comme si Diane me donnait un rôle,

terrible…

Puis j’ai éprouvé le besoin d’accepter toute la question qui se posait, et de

comprendre le point de vue de Diane aussi… Nous ne vivons plus ensemble ; quand

nous vivions ensemble, il y avait justement u jeu de forces trop intense. Dans les

conditions présentes, est il vraiment souhaitable pour Auragni que je ne fasse

qu’apparaître une heure ou deux, une présence qui la touche profondément mais

qui reste extérieure aux rythmes de sa vie d’enfant ? Et pour Diane, n’est ce pas

trop difficile d’avoir à assumer à la fois une solitude de fait et tout ce que ma

présence – momentanée – suscite encore en elle ?

Auragni s’est réveillée, calme et reposée…

J’ai demandé à Diane de réfléchir pour qu’on trouve une solution qui ne soit pas ce

mensonge de la division et de la séparation…

Puis on est redescendu, pour qu’Auragni mange quelque chose ; on a rejoint les

autres autour du thé de l’après-midi et, petit à petit tout est redevenu simple ;

Auragni s’est remise à jouer, à courir, et à rire, et à venir dans mes bras… Diane

s’est adoucie de nouveau…

La journée s’est écoulée.

Au moment de las quitter, à la tombée de la nuit, Diane est venue près de moi ;

Auragni était toute calme et toute tendre ; Diane m’a rappelé combien ce jeu de

forces la dérangeait et la mettait en tension, comme lorsque j’étais venu, le jour de

sa fête, juste au moment où tout le monde arrivait… Je lui ai dit comme j’en avais

eu de la peine, et lui ai demandé d’avoir confiance… Auragni a pleuré un peu…

… Je ne sais pas… Qu’est ce qui est le mieux ?

*13-2-1984, Auroville :

Diane est venue avec Auragni au Banyan ce matin ; je les ai entendues arriver

depuis la structure, et les ai rejointes ; c’était très doux…

Il semble qu’une grande hutte doive bientôt se libérer à « Aspiration », et Diane

envisage ce changement avec soulagement, d’autant plus que Jean doit rentrer

dans quelques jours…