Visa pour les Etats-Unis
Publication animée
VISA POUR LES ÉTATS-UNIS Petit guide pratique du startupper aux États-Unis
VISA POUR LES ÉTATS-UNIS Petit guide pratique du startupper aux États-Unis
VISA POUR LES ÉTATS-UNIS
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VISA POUR LES ÉTATS-UNIS
PRÉFACE
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VISA POUR LES ÉTATS-UNIS
Philippe Étienne, Ambassadeur de France aux États-Unis
Chères entrepreneuses, chers entrepreneurs,
Nous vivons une période à la fois complexe et fascinante. La pandémie de Covid-19 a affecté tous les continents d’un point de vue sanitaire comme économique et ses variants pèsent toujours sur nos vies. Cette année, nous avons également vécu de grandes catastrophes naturelles, notamment avec les divers feux de forêts en Amérique du Nord et dans le reste du monde. Notre planète nous force à nous adapter, à évoluer, et il est de notre responsabilité d’inventer de nouvelles manières de produire et de consommer. En parallèle, l’impact des activités numériques, à la fois solutions aux défis environnementaux et forts vecteurs de consommation d’énergie, est au cœur des préoccupations. Il n’est donc pas surprenant de voir l’écosystème américain se recomposer en plaçant l’impact environnemental-énergétique et l’évolution technologique comme des priorités. Ces derniers mois, malgré un contexte délicat, les tendances sur le marché du numérique, dont on a pu voir un fort développement pendant la crise, laissent entrevoir des perspectives majeures au cours des prochaines années. Par exemple, le marché des logiciels devrait connaître en moyenne une croissance annuelle de 10%, pour atteindre 306,6 milliards de dollars d’ici à 2024. Selon l’étude d’Euromonitor sur la transformation digitale, 8% de croissance annuelle est prévue jusqu’en 2025. Les opportunités sont ici multiples pour l’offre française, notamment dans les secteurs de la cybersécurité, de l’intelligence artificielle, des solutions SaaS, des API et connecteurs IoT, de la big data , de la smart city ainsi que des réseaux 5G. Sur ces thématiques, les entreprises françaises ont leur carte à jouer et sont déjà bien positionnées afin de soutenir la transition vers une économie durable sur le long terme. Forte d’une expertise de pointe reconnue à l’étranger, de talents plébiscités et d’un réseau d’acteurs publics et privés solides, la France dispose également d’un environnement propice à l’entrepreneuriat ainsi que d’un tissu de startups prêtes à relever les défis des années à venir. La France a su se différencier notamment sur des sujets technologiques de pointe : l’intelligence artificielle, la cryptographie et les technologies postquantiques, en particulier. Elle dispose de leaders mondiaux sur de nombreux segments et d’un formidable potentiel de développement que nous nous devons de faire fructifier.
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De l’autre côté de l’Atlantique, les États-Unis offrent également des perspectives prometteuses par leur capacité technologique exceptionnelle, leur profondeur et leur diversité économiques. Avec une population de 328 millions d’habitants, il s’agit d’un marché d’entrepreneurs, une zone de référence mondiale et l’un des plus grands marchés de consommation, représentant un produit intérieur brut de presque 22 000milliards de dollars. Avec une croissance de 2,3% en moyenne par an, cette zone dispose de la plus grande concentration d’entreprises Global 500. Berceau de l’entrepreneuriat et terre d’innovations, ce vaste pays bénéficie du premier écosystème technologique au monde, avec plus de 15 000 startups installées dans la Silicon Valley, et 7 000 à New York. C’est également aux États-Unis que le marché du capital-risque est le plus mature : 52 % du capital-risque mondial est levé aux États-Unis. L’année 2021 a été marquée par plus d’un milliard d’investissements privés. Déjà en 2019, les entreprises technologiques américaines avaient généré huit des dix plus grandes introductions en Bourse. La présence française aux États-Unis est stable et en croissance sur certains secteurs. Nous y trouvons des grands groupes, des ETI, des PME et plusieurs centaines de startups, de plus en plus nombreuses à cibler cette destination, à la recherche de croissance et de nouvelles opportunités. Aujourd’hui, les États-Unis accueillent 4 400 filiales d’entreprises françaises, employant plus de 780 000 personnes, ce qui fait de la France l’un des cinq premiers employeurs étrangers aux États- Unis. Des poches de croissance existent encore aux quatre coins du pays. Dix-sept fois plus grand que la France, ce pays possède effectivement un marché extrêmement concurrentiel. Chaque entreprise exportatrice doit se préparer en amont afin de bien répondre aux exigences des marchés locaux. Pour cela, tout un réseau français est à votre disposition pour vous conseiller, vous guider et vous aider à développer votre stratégie d’approche du marché :
PRÉFACE
l’Ambassade de France et les consulats ; le Trésor français aux États-Unis ; Business France ;
les Chambres de commerce franco-américaines ; les conseillers du Commerce extérieur de la France ; les communautés French Tech.
Si vous êtes une startup à la recherche de croissance et si votre offre semble adaptée au marché américain, ce guide s’adresse à vous. Il a pour but de vous aider à appréhender le marché américain dans sa globalité et de vous donner toutes les clés pour étendre vos activités dans le pays de tous les possibles.
En attendant de célébrer vos futurs succès, je vous souhaite une bonne lecture.
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UN MOT SUR LA COLLECTION « VISA POUR… »
Guillaume Lefebvre, Directeur général de l’IFCAM, initiateur de la collection des guides « Visa pour… ».
Avec les États-Unis, nous avons voulu donner une suite au guide pratique du startupper dans les pays nordiques, intitulé Visa pour l’Europe du Nord , et à celui sur l’Asie du Sud-Est (Singapour, Indonésie, Thaïlande). Cette collection de guides, d’un genre inédit, permet la découverte de nouveaux territoires, mais sous un angle professionnel. En effet, si chaque pays est le lieu d’une histoire, d’un art, de coutumes, de sites naturels, de mo- numents, que l’on visite en tant que touriste, il est tout autant l’expression d’une communauté sociale en marche vers son avenir, notamment économique. La vocation de la collection « Visa pour… » est de susciter la curiosité d’entrepreneurs à découvrir de nouveaux territoires où exercer leur esprit entrepreneurial. Que ce soit pour y développer une startup ou en créer une nouvelle dans un écosystème favorable à la réalisation de leur projet : « Il faut toujours un peu partir pour créer » (Guillaume Delatour). Comme les précédents, ce guide du startupper aux États-Unis est écrit par des praticiens et pas- sionnés français exerçant dans la région. Il se veut très opérationnel, pour vous donner l’envie de découvrir le formidable potentiel de ce pays, fascinant à maints égards et à la pointe de l’entre- preneuriat et de l’innovation. Il vous accompagnera dans vos premières visites, puis vos premières affaires, voire votre installation. Beaucoup ont déjà franchi le pas avec succès, et vous trouverez d’ailleurs certains de leurs témoignages dans les pages qui suivent.
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VISA POUR LES ÉTATS-UNIS
Ce guide s’articule en plusieurs parties :
Une présentation générale du pays sous un angle économique, mais aussi bancaire. Nous avons également consacré un chapitre aux spécificités culturelles de ce pays dont les coutumes et pra- tiques sont beaucoup plus variées qu’il n’y paraît. Ce sera également pour vous l’occasion de vous familiariser avec le climat et la pratique des affaires ; du business , selon l’expression consacrée aux États-Unis. Vous y trouverez également un volet très pratique avec un véritable mode d’emploi pour donner vie à votre projet. Sur ce vaste territoire dont l’histoire est ancrée dans l’entrepreneuriat et où business is key , nous avons défriché pour vous une mine d’informations pour soutenir votre lancement, avec notamment : – les formalités liées à la création d’entreprise aux États-Unis, dont bien entendu le visa, mais aussi les procédures d’enregistrement de votre startup et les étapes clés d’un lancement réussi ; –des conseils pour ouvrir le compte bancaire de votre entreprise et, bien entendu, lesmoyens de son financement, soit bancaire, soit au travers de divers investisseurs. Le marché est très mûr et varié en lamatière, et c’est un sujet fondamental pour réussir et faire fructifier votre investissement en voyant grand. Eneffet, malgrédes diversités culturelles et légales, les États-Unis présentent l’intérêt d’êtreun marché unique où la pratique de l’anglais est universelle. Ils pourront sans doute, à terme, se révéler une source de chiffre d’affaires bien supérieure à votre marché national français. Enfin, nos rédacteurs ont sillonné ce vaste territoired’est enouest enpassant par leMidwest, la Floride et le Texas pour vous donner un aperçu de terrain pour chacune de ces zones, qui toutes ont leurs particularismes. Attendez-vous à être étonné par une abondance d’informations nonpas sur la , mais sur les planètes startup de chacun de ces territoires. Ce guide sera votre viatique pour vous lancer, concrètement, en balisant votre parcours d’informations pratiques sur le coût de la vie, les acteurs de l’innovation, les événements incontournables où il faut être présent, les spécificités sectorielles, les modes de financement locaux, les coutumes et pratiques commerciales locales, etc. En matière d’avenir et de potentiel de développement, les pages qui suivent ne devraient pas vous décevoir, tant elles fourmillent de découvertes sur ce pays, la taille de son économie, son énergie, mais aussi sa diversité, avec plusieurs écosystèmes de l’innovation, tous très foisonnants.
UN MOT SUR LA COLLECTION « VISA POUR… »
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Vous ne serez pas surpris de voir que les États-Unis sont l’un des terreaux les plus fertiles au monde pour le développement des startups. Contrairement aux clichés, s’il s’agit certes d’un marché exi- geant et compétitif, il n’est pas caractérisé par une forme de « sauvagerie » propre aux westerns. En cheminant à travers les chapitres consacrés aux zones géographiques, vous constaterez aucontraire que tout est fait pour aider les entrepreneurs à réussir. Vous remarquerez que de nombreux maires et institutions locales (New York, Miami, San Francisco, Houston, etc.) font la promotion de leur ville, vue non seulement comme une destination touristique, mais clairement comme un lieu de business . Ils offrent les moyens pour accompagner les entrepreneurs, et ce, depuis de nombreuses années. Et puis, vous pourrez bénéficier dedivers soutiens au lancement, àcommencer par ceux proposés par les Chambres de commerce, mais aussi par SelectUSA et demultiples agences étatiques et municipales qui soutiennent toutes l’entrepreneuriat à leurs échelons respectifs. Cette tradition entrepreneuriale se traduit également par une forte proximité entre les entreprises et les fameuses grandes universités américaines, qui partagent leurs programmes et leurs laboratoires de recherche. Vous noterez également que, sur ce vaste territoire, il y a une sorte de régionalisation des spécialités. On peut citer par exemple la biotech à San Diego, mais aussi à Boston, les FinTechs à NewYork, lemédical et les sciences de la vieàHouston, les domaines desmédias et dudivertissement à Los Angeles. Sans omettre la fameuse Silicon Valley. En fait, le plus dur sera sans doute de choisir dans le foisonnement d’informations à votre disposition ! Si « impossible n’est pas français », notre objectif est de démontrer que possible est américain. À cet égard, le guide que vous vous apprêtez à découvrir fait également intervenir plusieurs acteurs de la planète startup, dont les témoignages incarneront mieux encore cet univers des possibles.
Enfin, vous trouverez également ici une communauté française active et nombreuse, ainsi qu’un dispositif French Tech très engagé, qui constitue un réseau d’entraide efficace.
Alors, bonne lecture, et bon voyage dans ces États-Unis mythiques, certes à l’histoire jeune, mais au potentiel infini, qui n’attendent que votre envie d’y investir et y faire fructifier vos projets !
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UN MOT SUR LA COLLECTION « VISA POUR… »
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SOMMAIRE
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Préface par l’Ambassadeur de France aux États-Unis
Envisager les États-Unis
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A L’économie américaine et son système bancaire
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1 I Vue générale sur l’économie américaine 2 I Forces et faiblesses du secteur privé
3 I Le secteur financier américain
4 I Perspectives de croissance de long terme
5 I Perspectives sectorielles
B Spécificités culturelles et pratique des affaires
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1 I Spécificités culturelles 2 I La pratique des affaires
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C Formalités liées à la création d’entreprise aux États-Unis
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1 I Différents types de visas 2 I Enregistrement de la startup
34 38 42 44
3 I Comment ouvrir un compte bancaire
4 I À chaque étape de la croissance son mode de financement
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Côte Est
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SOMMAIRE
A New York
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1 I New York, la citoyenne du monde
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2 I Un hub national pour couvrir la côte Est… 3 I …et un emplacement géographique attractif pour les entrepreneurs internationaux
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4 I Une ville attractive pour la tech depuis plusieurs décennies
5 I Un tournant technologique accéléré suite à la crise financière de 2008
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6 I La volonté politique de construire une ville digitale
7 I Une Silicon Alley qui rivalise aujourd’hui avec sa grande sœur californienne
60 62 63 66
8 I Forums et autres événements incontournables dans la région
9 I Écosystèmes entrepreneuriaux dans la région
Zoom #1 : les FinTechs
B Boston
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1 I Une ville à taille humaine au cadre de vie appréciable 2 I Un écosystème de l’innovation à part entière 3 I Forums et autres événements incontournables dans la région
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4 I Écosystèmes entrepreneuriaux dans la région (programmes d’accélération, VC, etc.)
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Zoom #2 : les BioTechs
Côte Ouest
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A San Francisco – Silicon Valley
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1 I Tourisme, coût de la vie, vie pratique
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2 I La naissance et la croissance de la Silicon Valley 3 I L’impact de la bulle Internet dans les années 2000
4 I Les conférences de la Silicon Valley
5 I Une vallée accueillant de grands groupes technologiques
6 I Les acteurs de l’innovation
7 I Forums et autres événements incontournables dans la région
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B Los Angeles
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1 I Tourisme, coût de la vie, vie pratique
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2 I Les acteurs de l’innovation
3 I L’importance du domaine des médias et du divertissement 4 I Forums et autres événements incontournables dans la région
C
San Diego – Biotech Beach
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1 I Tourisme, coût de la vie, vie pratique
89 90 90
2 I Les acteurs de l’innovation
3 I Forums et autres événements incontournables dans la région
Zoom #3 : les « jeux »
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D’autres régions qui montent... 93
A Le Sud : Miami, Houston
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1 I Miami et la Floride
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A I Des facteurs propices à l’émergence de ce hub entrepreneurial
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B I Des investisseurs locaux et un maire qui promeuvent l’esprit d’entreprise de la ville C I Un événement incontournable : eMerge Americas
98 98
D I Une recette qui fait ses preuves 99 E I Quelques conseils pratiques si vous vous installez à Miami 100
2 I Houston
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A I Un écosystème entrepreneurial à part entière B I Focus sur les énergies renouvelables C I Focus sur le médical et les sciences de la vie
104 106 107 110
D I Quelques événements à Houston
B Chicago et le Midwest
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A I Une rivalité éternelle avec New York B I P33, le programme qui met Chicago « sur la carte » des villes dynamiques
111
112 114 114
C I Un coût de la vie attractif mis en avant pour attirer les startups D I Forums et autres événements incontournables dans la région
Postface par Marc-André Poirier, Senior Country Officer groupe Crédit Agricole pour les États-Unis
117 121
Sources
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SOMMAIRE
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L’ÉCONOMIE AMÉRICAINE ET SON SYSTÈME BANCAIRE
A
Les États-Unis constituent une économie tellement vaste, différenciée et complexe, avec un rôle majeur d’entraînement du monde entier, que nous avons sollicité l’expertise d’Armelle Sarda, de Slavena Nazarova et de Lionel Potier, tous trois économistes au pôle Études économiques de Crédit Agricole S.A. En une synthèse courte, ils s’attachent à nous révéler les contours et les ressorts de cette économie et de son système bancaire unique, tels qu’ils sont au moment de l’édition de ce guide.
1 I VUE GÉNÉRALE SUR L’ÉCONOMIE AMÉRICAINE
Avec un PIB nominal de 20 900 milliards de dollars en 2020 (soit 20% du PIB mondial), les États-Unis restent la première économie mondiale, loin devant la Chine (14 700 milliards de dollars en 2020) 1 . C’est également une des économies les plus riches au monde en termes de revenu par habitant (63 500 dollars en 2020 en parité de pouvoir d’achat), même si les inégalités de revenus entre groupes « ra- ciaux » et ethniques sont élevées. L’économie américaine est également très diversifiée. Même
si les États-Unis sont un producteur majeur de biens manufacturés et agricoles, le secteur des services est prédominant, totalisant près de 80% de la production du secteur privé en 2020 et 83% de l’emploi privé en 2020. Les secteurs tertiaires majeurs incluent la finance, l’immobilier, le transport, la santé, les services à l’entreprise et le commerce de gros et de détail. Du côté de l’industrie, les principaux secteurs sont lamachinerie, les véhicules, l’aéronautique, les télécoms et les ordinateurs.
2,4 %
1,6 %
1,4 %
VA par secteur, 2020, prix constants
3,5 %
2,2 %
0,7 %
11,8 %
■ Finance, assurance, real estate ■ Services professionnels et à l'entreprise ■ Éducation et santé ■ Arts et loisirs ■ Hôtellerie et restauration ■ Gouvernement
■ Agriculture ■ Extraction minière ■ Utilities ■ Construction ■ Manufacturier ■ Commerce de gros et de détail ■ Information
11,7 %
8,5 %
11,6 %
13,4 %
7,0 %
19,8 %
Source : BEA, Crédit Agricole S.A.
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Sa grande taille, son haut degré de diversifica- tion, son dynamisme, sa compétitivité et ses niveaux très élevés de richesse par habitant confèrent à l’économieaméricaineunecapacité importante d’absorption des chocs et de résis- tanceaux crises. Économie relativement fermée, les États-Unis sont peu exposés directement aux risques de ralentissement de la demande mondiale et à l’impact négatif des politiques protectionnistes en matière de commerce mondial. Le rôle unique du dollar (devise de réserve et valeur refuge en temps de crise) et du marché des US Treasuries dans le système financier mondial confèrent aux États-Unis la capacité de financer sans problème leur dette publique colossale (24000 milliards de dollars en 2020, soit 115% du PIB). La demande étran- gère pour des actifs US est soutenue : les actifs libellés endollars représentent 60%des réserves mondiales de devises. En outre, à travers son quantitative easing , la Réserve fédérale contri- bueau financement de ladetteaméricaineet au maintien des taux à des niveaux bas. L’économie américaine est une économie de marché : la plupart des décisions sont prises par les individus et les entreprises privées, et l’intervention de l’État y est réduite à quelques secteurs précis tels que le contrôle de la pol- lution, la sécurité publique et la protection du consommateur. Le secteur privé, avec ses grandes mais aussi ses petites et moyennes entreprises et l’auto-entreprenariat, est au cœur du modèle capitaliste américain : les
entreprises privées non agricoles représentent 72% de la valeur ajoutée de l’économie (hors secteur immobilier) et 64%du revenu du travail. Elles sont le moteur de l’économie, à l’origine de 83% de l’investissement en technologies, de 76% de l’investissement en recherche et développement et de 81% de la croissance de la productivité au xxi e siècle (selon l’institut McKinsey 2 ). Un environnement très compétitif favorise un processus unique de destruction créatrice et de dynamisme entrepreneurial. Le pays reste le leader mondial dans le domaine de la rechercheet développement. Bonnombredes grandes innovations du xxi e siècle (intelligence artificielle et digitalisation, innovations dans les sciences de la vie) sont nées de cet écosystème. Le modèle du capitalisme américain en place au cours des cinquante dernières années a procuré aux ménages, de manière agrégée, une prospérité sans égal. Le PIB par habitant a plus que doublé, le niveau des dépenses de consommation par habitant a triplé et l’espé- rance de vie a gagné plusieurs années. Mais le revers de la médaille a été une forte réduction de la classe moyenne (ayant baissé de 61 à 52 % des ménages américains au cours des cinquante dernières années, selon les estima- tions de McKinsey), trouvant ses racines dans la désindustrialisation de l’économie et le rôle croissant de la consommation des ménages en tant que moteur de la croissance. Le marché du travail s’est polarisé, éliminant un million d’em- plois de salaire moyen. Le salaire médian des
A I L’économie américaine et son système bancaire
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emplois à qualificationmoyenne a augmenté de seulement 1,1% au cours de cette période, alors que les salairesmédians des emplois hautement qualifiés et des emplois faiblement qualifiés ont crû respectivement de7,3et de5,3% . Laplupart des emplois créés avant lapandémieont étédes postes àbas salaire, souvent dans le secteur des services et avec des contrats à temps partiel et relativement précaires. Lapandémieaplongé l’économieaméricaineen récession en 2020, mettant fin à la plus longue expansion dans l’histoire du pays. Après une croissance moyenne annuelle de 2,3% entre 2010 et 2019, le PIB s’est contracté de 3,5% en Les ménages américains ont affronté l’arrivée de la Covid-19 avec une situation financière en bien meilleur état qu’avant la crise de 2008, ce qui a contribué à amortir le choc de la pandémie sur l’économie et a planté les jalons d’une sortie de crise rapide. Dans les années précédentes, un marchédutravail aupleinemploi, desgains sur les valorisations d’actifs risqués et des prix des biens immobiliers en hausse, sur fond d’une activité de crédit modérée et orientée vers les emprunteurs auxcaractéristiquesfinancièressolides (etnonde type subprime, comme durant les années avant la crise financière de 2008), avaient contribué à renforcer les bilans des ménages. Le taux d’épargne a été de l’ordre de 7% en moyenne entre 2009 et 2019, soit près du double de la
2020, sur fond de mesures gouvernementales destinées à freiner la propagation du virus. Des aides budgétaires significatives de la part de l’administration Trump et de celle de Joe Biden (pour un total de 5 000 milliards de dollars, soit 23% du PIB) ont permis de limiter le choc économique de la pandémie. En 2021, grâce aux progrès de la campagne de vaccination, de nombreux États ont bénéficiéd’une levée relati- vement précoce des restrictions à la mobilité et à l’activité. La confiance des entreprises et des ménages s’est redressée et l’économie semble sur le chemin d’une reprise vigoureuse. Nous anticipons une croissance de6,5%en 2021 puis de 4% en 2022. périodeavant 2008 (3à4%). Aucours de lacrise de la Covid, la consommation de services ayant été contrainte par les restrictions à l’activité et à la mobilité et les aides fédérales ayant été en grande partie épargnées, le taux d’épargne des ménages s’est envolépour atteindredes niveaux jamais vus, à25%enmai 2020et à27%enmars 2021. Avec l’appréciation des actifs risqués et du marché immobilier, les actifs détenus par les ménages ont plus que doublé depuis 2009, dé- passant 150000milliards dedollars début 2021. En parallèle, les ménages se sont désendettés, leur ratio de dette sur revenu disponible s’étant réduit de 136% fin 2007 à 99% fin 2019. Il a continué de baisser au cours de la pandémie
2 I FORCES ET FAIBLESSES DU SECTEUR PRIVÉ
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(à 87% début 2021), les ménages ayant utilisé une partie de leur épargne accumulée pendant la crise pour rembourser leur dette et grâce à l’appréciation des actifs. Au final, le patrimoine net desménages (actifsmoins dette) s’est forte- ment redressé, dépassant sonplus haut de2007 à plus de sept fois et demi le revenu disponible (soit 137 000 milliards de dollars) 3 . Les revenus et les bilans des ménages ont été largement et significativement soutenus par des aides d’État des administrations Trump et Biden, dont notamment l’élargissement de l’assu- rance-chômage, des aides financières directes et des programmes de moratoires de dette qui ont permis à de nombreux foyers de retarder le remboursement des prêts. Au second semestre 2020, l’ensemble des dépôts en espèces et en chèquesdesménagesapresquedoublé, passant d’environ 1 600 milliards de dollars à environ
3 000 milliards de dollars. Pourtant, certaines personnes restent en situation financière ten- due et donc vulnérables à des chocs futurs. Malgré les améliorations au niveau agrégé des comptes des ménages, les inégalités se sont creusées au fil des décennies. Le modèle éco- nomique américain a profité aux entrepreneurs, aux investisseurs et aux personnes qualifiées et hautement qualifiées. Depuis le milieu des années 1990, l’inégalité en termes de revenus et de richesse nette a augmenté, les ménages riches et très riches possédant une part de plus en plus importante des revenus et de la richesse (voir graphiques ci-dessous et page suivante). En effet, depuis 1995, les 10% des ménages aux plus hauts revenus ont vu leur richesse nette (différenceentre l’actif et lepassif de leurs bilans) tripler, tandis que les 40% lesmoins fortunés ont subi une baisse de leur richesse nette au cours de la même période.
A I L’économie américaine et son système bancaire
Hausse cumulée du revenu avant impôt par centile de revenu
% depuis 1995
moins de 20
60 - 50 - 40 - 30 - 20 - 10 - 0 - -10 -
20 - 39,9
40 - 59,9
60 - 79,9
80 - 89,9
90 - 100
1995 1998 2001 2004 2007 2010 2013
2016 2019
Source : Federal Reserve, Crédit Agricole S.A.
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Hausse cumulée de la richesse nette par centile de revenu
moins de 20
250 - 200 - 150 - 100 - 50 - 0 - -50 - -100 -
20 - 39,9
40 - 59,9
60 - 79,9
80 - 89,9
90 - 100
1995 1998 2001 2004 2007 2010 2013
2016 2019
Source : Federal Reserve, Crédit Agricole S.A.
Cela dit, sur la période 2016-2019 4 , on observe un léger resserrement de la distribution de la richesse nette, suggérant une légère baisse des inégalités. Durant les trois années précédant la pandémie, les familles en haut de l’échelle de la distribution des revenus ont vu leur richesse nette stagner, voire diminuer, bien qu’elle soit restée à des niveaux très élevés. Cela semble s’expliquer essentiellement par la baisse de la richesse nette des plus de 75 ans, qui puisent naturellement dans leurs actifs financiers pour maintenir leur niveau de vie. Enmême temps, les ménages aux plus faibles revenus et les classes moyennes ont vu à la fois leurs revenus et leur richesse nettemédiane progresser depuis 2013. Si toutes les catégories d’âge (sauf celles supé- rieures à 75 ans) et tous les groupes ethniques ont pu enregistrer une hausse de la richesse nette, des disparités significatives dans l’évolu- tion de celle-ci sont observées en fonction du niveau d’éducation des personnes, celles ayant un diplôme d’études supérieures bénéficiant de la plus forte progression de leur richesse nette. Toutefois, en 2020, la crise sanitaire a proba- blement provoqué un inversement de ce léger
mieux, en ayant touché disproportionnellement les secteurs et les activités à plus faibles qua- lification et revenus telles que la restauration, l’hôtellerie et la grande distribution (hors ventes en ligne). Alorsque lesménagesont réduit leurendettement depuis la crise financière de 2008, les entreprises se sont quant à elles fortement endettées. Les développements observés du côté du crédit aux entreprises étaient une source d’inquié- tude avant même le choc de la crise sanitaire. EnpourcentageduPIB, leratiodedettedesentre- prises non financières avait progressé de près de 10points entre 2012 et fin 2019, à 74% (alors que celui descréditsauxménagesa reculédemanière continue, de 98% début 2009 à 74% en 2020). En2019, le ratiodedettesur actifsdesentreprises non financières (appelé ratio de couverture des intérêts) avait atteint un plus haut sur les vingt dernières années. Et pour les entreprises les plus endettées (dernier quartile de la distribution de dette), cet indicateur était proche de son plus haut historique. Les taux bas ont sans doute joué unrôledanscetteexpansiondedette, contribuant
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à réduire l’aversion au risque des investisseurs et leurs inquiétudes concernant le risque de défaut, puisque le ratiodesprofitssurdépensesd’intérêts est resté élevé pour l’entreprisemédiane fin 2019 et aétémêmeen légèrehaussedepuis2016pour les entreprises les plus risquées (dans le premier quartile de la distribution). Évidemment, lacrisesanitairen’a faitqu’aggraver la situation. La dette des entreprises a progressé de 9% en net en 2020 et la chute des profits a provoqué une baisse des ratios de couverture des dépenses d’intérêts malgré la réduction des taux d’intérêt. Si fin 2020 ce ratio a retrouvé son niveau historique pour l’entreprise médiane, il a Le secteur financier américain est le plus déve- loppé au monde, à plusieurs égards. D’abord, il est le plus important par sa taille. L’ensemble des actifs financiers émis par les agents éco- nomiques résidant aux États-Unis représentent plus de 300 000 milliards de dollars à la fin 2020, soit plus de 14 fois la richesse produite chaque année par l’économie américaine. Les ménages américains détiennent plus de 100 000 milliards de dollars d’actifs finan- ciers, représentant cinq années de leur revenu disponible. Le secteur financier est également important par son poids dans l’activité économique. Il compte pour plus de 5 % du PIB américain avant la crise de la Covid-19 et pour 5,4 % de l’emploi, public et privé. 3 I LE SECTEUR FINANCIER AMÉRICAIN
continué à se dégrader pour les entreprises les plus risquées.
Le taux de défaut sur les prêts à effet de levier a augmenté rapidement au début de la pandémie mais a diminué depuis l’été dernier. De plus, les déclassements des prêts à effet de levier ont considérablement ralenti au cours de la même période, revenant à leur rythme d’avant la pandémie. Cependant, la part des prêts nou- vellement émis aux grandes entreprises avec un effet de levier élevé (défini comme ayant un ratio dette-bénéfice avant intérêts, impôts, déprécia- tionetamortissement supérieurà6)adépassé les sommets atteints ces dernières années. Enfin, cesecteur sedistinguepar le rôlequ’il joueà l’international, à travers sadeviseet certainsactifs émis par des entités américaines, qui jouissent d’un statut particulier dans le système financier mondial. Le dollar reste la devise internationale par excellence : il intervient dans plus de 90% des transactions sur lesmarchés de change. En2020, 67% des émissions de dette dans le monde, 54% des dépôts et crédits étaient libellés en dollars, cette proportion étant encore plus importante dans les pays émergents. Au-delà, les obligations d’État américaines restent aujourd’hui perçues comme un actif mondial, disponible en grande quantité, avec un risque considéré comme très faible. Utilisées comme actif sûr, elles confèrent à l’État américain et, par extension, à bon nombre d’entreprises américaines un privilège exorbitant pour s’endetter àmoindre coût sur les marchés.
A I L’économie américaine et son système bancaire
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La désintermédiation est une autre caractéris- tique notable de la finance aux États-Unis. Les marchés constituent la source de financement principalepour les sociétésaméricaines. Lefinan- cement par fonds propres compte pour 78% du passif des sociétés non financières américaines (hors crédits commerciaux et dette fiscale), soit 10 points de plus qu’en France. Par ailleurs, la dette des sociétés non financières se compose pour 40%de titres émis et négociés sur les mar- chés (contremoins de 20% en France), les 60% restants étant constitués de crédits bancaires. Même du côté des ménages, alors que les banques conservent un rôle déterminant dans l’émission des crédits, la titrisation permet de transformer ces créditsen instruments financiers négociables sur les marchés et de les sortir des bilans bancaires. Cette pratique, largement à l’origine de la crise des subprimes de 2007, reste très couranteaux États-Uniset participeauphé- nomène de désintermédiation, puisque la vie du crédit, de lagarantieau recouvrement, n’est plus que marginalement gérée par les intermédiaires financiers traditionnels. Plus qu’en Europe, une multitude d’acteurs non bancaires participe donc au financement de l’économie américaine, formant un écosystème complexeet interconnecté. Ducôtéde l’épargne, cet écosystème s’articule autour de fonds de pension, qui gèrent pour plus de26000milliards de dollars d’actifs à fin mars 2021 (125 points de PIB), d’assureurs (9200 milliards pour l’assu- rance vie, 2900 milliards pour les autres seg- ments, soit 63 points de PIB), de fonds mutuels (20300 milliards, 96 points de PIB) et d’autres structures de gestion d’actifs.
Cette épargne est allouée via des infrastructures de marché développées, à la fois en termes d’acteurs et de produits. Le marché des actions est organisé autour de plusieurs Bourses, dont 16 affichent des capitalisations au-delà de 1000milliards de dollars, parmi lesquelles leNew YorkStockExchange (26000milliards) et leNas- daq (19000 milliards). La finance américaine se distingue également par desmarchés de dérivés divers et profonds, à la fois organisés (avec no- tamment lesBourses deChicago) et degréàgré. Mêmesi lafinanceest largement désintermédiée, les banques restent des acteurs importants aux États-Unis. La valeur de leurs actifs s’élève à 24200 milliards de dollars à fin mars 2021 (110pointsdePIB), àcomparer à36200milliards d’euros pour les banques de la zone euro (près de 320 points de PIB). Malgré un grand mouvement de consolidation qui avu lenombredebanquesaméricainesdivisé par deux depuis l’an 2000, le secteur bancaire aux États-Unis se caractérise par sa fragmenta- tion : on compte encore plus de 4 000 banques enregistrées sur le territoire américain à la fin 2020, un chiffre proche de celui de la zone euro (mais l’Allemagne à elle seule compte pour près de 1 500 entités !). Lesystèmebancaireaméricainsesépareendeux types d’entités. D’un côté, on trouve un nombre important debanquesdepetite taille, implantées dans un seul État ( state banks ), qui sont régies et régulées au niveau des États fédérés. Ces insti- tutions ont généralement un bilan de petite di- mension (inférieur à 1milliarddedollars) et offrent
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des services de proximité. De l’autre côté, moins de 1 000 banques opèrent et sont contrôlées au niveau fédéral ( national banks ) etoffrent souvent une gamme de services plus variée. Au total, lesecteur est fragmenté,mais l’essentiel de l’activité bancaire se concentre autour de quelques groupes : les 30 plus grandes banques américaines affichent des bilans qui dépassent les 100milliards de dollars et comptent pour plus de60%desactifsconsolidésdusecteur. Signede la puissance de ces groupes au niveau mondial, parmi les 30 groupes bancaires d’importance systémiqueauniveaumondial, 8sont américains. Le système bancaire américain s’est considé- rablement assaini depuis la crise financière de 2007-2008. Sous la pression des institutions internationaleset des régulateursaméricains, les banques sesont recapitaliséesafind’assurer une meilleure couverture des risques par leurs fonds propres. Les exercices de résiliencemenés par la Réserve fédéraleaméricainemettent également en évidence une bonne solidité des banques du pays, même en cas de scénario économique très défavorable. Toutefois, quelques signes d’inquiétude se font jour quant à certains élé- ments d’actifs, dont la qualité a pu être affectée par la crise de la Covid-19, comme les prêts aux étudiants, les crédits àcertains secteurs affectés par la pandémie, ainsi que les expositions à l’im- mobilier commercial. La confiance dans la solidité du secteur et ses perspectives de rentabilité n’est, à ce stade, pas entamée. Elleseconstateà travers lavalorisation desbanquesaméricaines, qui dépasse leur valeur comptable depuis 2016 (exception faite des
périodesdeconfinement de2020), unesituation bien meilleure que celle de leurs concurrentes européennes. Ce panorama du système financier américain ne serait pas complet si l’on omettait d’évoquer les acteurs des FinTechs. Ces entreprises apportent des innovations fondamentales dans ledomaine des transfertsd’argent, despaiements, duconseil automatisé, de l’assurance et du crédit. Leur émergence dans le paysage financier américain pourrait provoquer unebaissedes coûtsdes ser- vicesproposésaux consommateurset bousculer les acteurs déjà installés. Selon le cabinet EY (ex-Ernst and Young), près de la moitié des consommateurs américains ont déjà recours à des services proposés par des FinTechs, tout particulièrement dans le domaine des paiements, un taux d’adoption en deçà de celui des pays européens ou des grands pays émergents, mais en forte progression. L’Amérique du Nord constitue déjà un vivier important de FinTechs, avec 10600 entreprises répertoriées, contre9300enEurope, auMoyen- Orient et en Afrique et 6 100 dans la région Asie-Pacifique. San Francisco et New York sont deux centres importants de cet écosystème. C’est d’ailleurs aux États-Unis que sont implan- tées les plus grandes entreprises de technolo- gies financières, telles que Stripe (solutions de paiement pour les professionnels du commerce en ligne, valorisée à 95 milliards de dollars), Klarna (solution d’affacturage en ligne, environ 45 milliards) ou Kraken (plate-forme d’échange de crypto-actifs, 20 milliards).
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4 I PERSPECTIVES DE CROISSANCE DE LONG TERME
Lacroissancede l’économieaméricainea ralenti aufil des décennies. Le taux de croissanceduPIB a été de plus de 4% en moyenne entre 1961 et 1973, sur fond de forte augmentation de la pro-
ductivité. Il a été ensuite légèrement supérieur à 3% dans les années 1980 et 1990 puis est passé à 2,3%enmoyenne par an dans la période entre lacrisefinancièrede2008et cellede laCovid-19.
Croissance du PIB américain
700
8 6 4 2 0
600
500
400
300
-2 -4 -6
200
100
1981
1961
1973
1977
2013
2017
1993
1985
1997
1965
2001
1989
1969
2005
2009
PIB, a/a%
Niveau du PIB
Source : World Bank, Crédit Agricole S.A.
Entre 2009 et 2019, les États-Unis ont connu le plus long cycle économique de leur histoire, des politiques monétaires et budgétaires fortement accommodantes ayant soutenu l’activité. Sur les deux dernières années du cycle, en2018et 2019 (2,6% de croissance enmoyenne), le surplus de croissance est en grande partie dû à la réforme fiscale de l’administration Trump, le 2017 Tax Cuts and Jobs Act. Celle-ci a introduit une baisse significativedu taux d’impositiondes entreprises (de 35à21%, contre unemoyenne pour les pays de l’OCDE de 21%), que l’administration Biden a prévu de remonter à 28 % afin de pouvoir financer une hausse des dépenses budgétaires,
notamment en infrastructures. Après le choc de la pandémie en 2020, l’activité devrait rebondir fortement en 2021 et 2022, et, àmoyen ou long terme, les projections officielles suggèrent une croissancede3,8%enmoyennepar an jusqu’en 2025, au-dessus de la croissance potentielle. Les propositions de l’administration Biden pour des dépenses budgétaires supplémentaires – l’American Jobs Plan (AJP) et l’American Families Plan (AFP) – devraient soutenir les perspectives économiquesde longtermeàtravers lesdépenses en infrastructures, l’investissement en nouvelles technologies, les incitationsà laparticipationdans
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le marché du travail et les gains de productivité. Toutefois, le montant et les caractéristiques du planglobal qui sera infine adoptépar lesautorités restent à ce jour incertains. En outre, son impact sur lacroissance risqued’être relativement limité : lamoitiéduplanseravraisemblablementfinancée par une hausse de la fiscalité et les dépenses seront réparties sur plusieurs années. Pour les trente prochaines années, le Congres- sional Budget Office (CBO) prévoit une crois- sancepotentielle–croissancemaximaleobtenue lorsque toutes les capacités sont utilisées sans pressions inflationnistes – plus faible que lors des soixante-dix dernières années (1,6%enmoyenne entre 2021 et 2051, contre 3,1% entre 1951 et 2021). De manière similaire, le Bureau of Labour Statistics (BLS) estime à 1,8% la croissance au cours des dix prochaines années. Cette croissance plus lente du PIB potentiel est attribuable à plusieurs facteurs, notamment la croissance plus lente de la population active potentielle (la population active corrigée des fluctuations du cycle économique). Dans les pro- jections du CBO, la population active potentielle augmenterade0,3%paran, enmoyenne, jusqu’en 2051 ; au cours des cinquante dernières années, son taux de croissance annuel moyen a été de 1,4%. Le ralentissement de la croissance démo- graphiqueet levieillissementde lapopulationsont responsables en majeure partie de ce ralentisse-
ment anticipé. Toujours selon les projections du CBO, la population américaine devrait passer de 335 millions au début de 2021 à 375 millions en 2051, augmentant de 0,4% par an en moyenne. Ce taux est inférieur au taux de croissance annuel moyen des cinquante dernières années (0,9 %). La part de la population âgée de 65 ans ou plus augmentera également au cours des prochaines décennies, poursuivant une tendance haussière de longue date. En 2051, 22% de la population aura 65 ans ou plus, alors qu’aujourd’hui cette part est de 17%. Le vieillissement de la population a contribué à une forte baisse du taux de participation depuis les années 2000 (de 67,1% en l’an 2000 à un plusbasà62,7%en2015). Celui-ci aremontétrès légèrement en 2018 et 2019 (à 63,4%) avant de rechuter drastiquement pendant lacrise sanitaire avec un plus bas, atteint en avril 2020, à 60,2%. Levieillissementde lapopulationn’estpas laseule explication de la baisse du taux de participation. Une autre raison réside dans le recul du taux de participation des hommes en âge moyen (de 25 à 54 ans). Il est passé de 96,1% en 1969 à 89,1% en2019, etdevraitcontinuerdechuterà87,3%en 2029, selon lesprévisionsduBLS.Historiquement, ce sont les taux de participation des hommes avec seulement un diplôme de l’enseignement secondaire et des jeunes de la tranche25-34ans qui ontbaissé leplus. Cegroupedepersonnesoc- cupe majoritairement des emplois à qualification
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moyenne, souvent considérés comme routiniers et qui ont été automatisés. De plus, le commerce international et l’affaiblissement des syndicats ont contribué au déclin de ces emplois à qua- lification moyenne. Le tauxdeparticipationdevrait rebondir de61,5% fin 2020 à 62,1 % en 2022, à mesure qu’une part de plus en plus importante de la population obtiendra l’immunité face au coronavirus et re- joindra le marché du travail. À partir de 2022, la pressionbaissière liéeauvieillissement reprendra ledessus par rapport à la repriseéconomiqueet il est prévu que le taux de participation baisse gra- duellement à60,8%en2031 et à60,2%en2041. La croissance de la productivité est également attendue en ralentissement, à un taux annuel moyende1,3%aucoursde lapériode2021-2051, contre 1,5% lors des trente dernières années. D’une part, l’accumulation de capital (structures et équipements, produits de propriété intellec- tuelle tels que les logiciels informatiques et les logements résidentiels) devrait croître lentement au cours des trente prochaines années, en partie parceque l’augmentationdesemprunts fédéraux devrait évincer l’investissement privé. D’autre part, la croissance de la productivité totale des facteurs (PTF) – production réelle par unité de
travail et de capital combinés dans les divers secteurs de l’économie – devrait également ralentir. L’essentiel de la croissance de la PTF se produit dans le secteur des entreprises non agricoles, qui représente environ les trois quarts de l’activité économique. Plusieurs tendances et développements sous-tendent laprojectionde la PTF du CBO (1,1%), y compris les tendances de la qualité du travail (le niveau de scolarité et l’expé- rience), l’investissement fédéral et lechangement climatique. Étant donné qu’une grande partie de la population active est déjà très instruite, le CBO ne s’attend pas à ce que le niveau d’ins- truction moyen et la qualité de la main-d’œuvre augmentent aussi rapidement qu’ils l’ont fait au coursdes trentedernièresannées (l’amélioration de la qualité de la main-d’œuvre a été une im- portante sourcede croissancede laproductivité, ayant crû d’environ 0,5% par an entre 1992 et 2013). L’investissement fédéral devraitégalement croître plus lentement que par le passé, car les dépenses consacrées aux programmes sociaux et au service de la dette représentent une part de plus en plus importante des futures dépenses fédérales dans les projections de référence du CBO. L’agence s’attend également à ce que les effets du changement climatique, en net, réduisent la croissance de la PTF au cours des trente prochaines années.
5 I PERSPECTIVES SECTORIELLES
Levieillissement de lapopulationet lahaussedes maladies chroniques telles que le diabète de- vraient continuer degénérer une fortedemande pour une variété de services de santé. Selon les
prévisions du BLS, 10 des 20 secteurs à la plus forte croissance, lors des dix prochaines années, appartiendront audomainede la santé. L’institut anticipe lacréationde3,1millions d’emplois dans
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le secteur des soins de santé et de l’assistance sociale d’ici à 2029.
aides de près de 250 milliards de dollars, cet ensemble se concentre sur les domaines tech- nologiques, tels que l’intelligence artificielle, le calcul de haute performance et la fabrication de pointe, ainsi que la commercialisation de ces technologies auprès des entreprises aux États- Unis. S’il est adopté sous sa forme actuelle, la législation affecterait un éventail de secteurs, des fabricants mondiaux de semi-conducteurs aux constructeurs automobiles américains et à l’enseignement supérieur. Bien que la législation bénéficie d’un soutien bipartite au Sénat, elle devra être conciliée avec toute version votée à la Chambre des représentants. Le changement des habitudes de consomma- tion et l’utilisation de plus en plus répandue des technologies devraient conduire à des pertes d’emplois dans les services postaux, les ventes au détail, l’agriculture et les industries de l’infor- mation. C’est l’industriedu tabacqui devrait avoir laplus fortecontractionaucours de laprochaine décennie (-2,1% par an selon le BLS), en raison de la baisse de la population qui fume. La production et la transformation de l’alumine et de l’aluminium ainsi que le textile occupent la deuxième et la quatrième place respective- ment des industries qui verront leur production chuter le plus lors des dix prochaines années, ce qui est en partie dû à la délocalisation de cette production. L’utilisationdeplus enplus répandue demodes de communicationalternatifs tels que les emails, les paiements par voie électronique et les abonnements en ligne, pour n’en citer que quelques-uns, contribue au déclin des services postaux.
Par ailleurs, c’est dans le domaine de l’informa- tique que devraient se trouver trois des secteurs les plus performants, comprenant les éditeurs de logiciels, le traitement et l’hébergement des données et les activités connexes, enfin les autres services d’information. L’édition de logiciels en particulier reste l’industrie à la plus forte croissance aux États-Unis. Son taux de croissance devrait être proche de 4,8% par an enmoyenne sur les dix prochaines années, selon les prévisions du BLS. En parallèle, l’automatisation des tâches, com- binée à une compétition internationale et à la délocalisation de la production dans les pays ayant une main-d’œuvre à bas coût, devrait continuer à conduire à des pertes d’emplois dans les secteurs marchands, en premier dans le secteur manufacturier. De plus, la poursuite par l’administrationBidendes tarifs douaniers et des politiques plus protectionnistes introduites par laprécédenteadministrationTrumpcréedes risques à la baisse pour l’économie américaine. Le 8 juin 2021, le Sénat américain a adopté une loi sur l’innovationet laconcurrence (Innovation and Competition Act). Il s’agit d’un ensemble de projets de loi qui vise à faire face à la concur- rence géopolitique et économique croissante de la Chine en augmentant les investissements dans la recherche et l’innovation, en renforçant les protections de la propriété intellectuelle et en élargissant les relations sécuritaires et technologiques avec les alliés. Totalisant des
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