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DOSSIER FAMILIAL

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L’AVIS D’EXPERT

Sophie AUCONIE

Députée de l’Indre-et-Loire et vice-

présidente du Comité national de l’eau

Nous ne sommes pas tous

logés à la même enseigne

Je déplore que l’eau potable ne soit pas de même

qualité dans tous les territoires. Dans certaines

communes, elle est excellente, car elle provient

de nappes souterraines préservées ou passe par

un traitement de qualité. Dans d’autres, qui ne

peuvent assurer qu’un traitement plus limité, l’eau

est captée dans des cours d’eau contenant des

traces de perturbateurs endocriniens. Ces derniers

sont devenus un vrai sujet de préoccupation

qu’il devient prioritaire de traiter en amont. Autre

source d’inquiétude, la multiplication des épisodes

de sécheresse dans certaines régions. Comme

le volume de la ressource en eau se réduit, les

nappes voient leurs concentrations en polluants,

notamment en pesticides, augmenter. Cela pose

aussi le problème de la consommation d’eau

potable pour des usages tels que le lavage des

voitures ou les chasses d’eau.

F

L’EAU DU ROBINET

PEUT-ELLE ÊTRE ÉPARGNÉE

PAR LA POLLUTION ?

L’industrie ne cesse d’inventer de nouveaux

pesticides, plastiques ou médicaments.

Leurs résidus passent dans les cours

d’eau, au point que les médias relaient

régulièrement des études montrant

l’impact de ces pollutions sur la faune

aquatique. Naturellement, chacun s’inquiète

de les retrouver au robinet.

« C’est une

préoccupation mondiale majeure,

reconnaît

le Pr Yves Lévi.

Aucune eau de surface n’est

épargnée. En moyenne, les eaux souterraines,

qu’elles soient distribuées au robinet ou en

bouteille, sont moins contaminées, mais c’est

de moins en moins vrai. »

Des campagnes

nationales de mesure sont réalisées

régulièrement par l’Agence nationale de

sécurité sanitaire de l’alimentation, de

l’environnement et du travail (Anses) pour

surveiller ces polluants émergents. Résultat :

leur présence au robinet est infiniment

moins importante que celle détectée dans

les cours d’eau. Les traitements appliqués

sont en effet de nature à éliminer la plupart

de ces micropolluants, même si cela

demande de plus en plus d’efforts et de

moyens. Des moyens que n’ont pas tous

les réseaux d’eau potable. Ainsi, le dernier

rapport de la Direction générale de la santé

sur la qualité de l’eau de robinet indiquait :

« 100 % des réseaux de distribution

desservant plus de 5000 habitants ont

fourni, tout au long de l’année 2015, une eau

de bonne qualité microbiologique, contre

près de 83 % des réseaux de distribution

alimentant moins de 500 habitants. »

À savoir :

en février dernier, la Commission

européenne a proposé de réviser sa directive

sur l’eau potable, entrée en vigueur il y a

plus de vingt ans. La liste des paramètres

à contrôler va ainsi s’enrichir des bactéries

légionnelles, des chlorates issus de l’eau de

Javel, des composés perfluorés dérivés du

Téflon et de trois perturbateurs endocriniens

(le 17-bêta-estradiol, le nonylphénol et le

bisphénol A). Les seuils de concentration en

plomb et en chrome seront eux abaissés

de 50 % dans un délai de dix ans.

F

LES CARAFES FILTRANTES

ONT-ELLES UN INTÉRÊT ?

Toutes les études montrent qu’elles

n’apportent pas grand-chose à la qualité

de l’eau du robinet. Elles peuvent même la

dégrader si la cartouche de filtration n’est pas

remplacée régulièrement ou si la carafe n’est

pas assez souvent nettoyée.

F

COMMENT SONT ÉMISES LES

CONSIGNES DE RESTRICTION ?

Le distributeur d’eau, la mairie et l’ARS

les diffusent par plusieurs biais: presse

locale, affichage, haut-parleur, voire appel

téléphonique, courrier électronique et

distribution de bouteilles d’eau. Difficile

d’ignorer la situation.

À savoir:

la mairie a l’obligation d’afficher en

permanence les analyses de qualité de l’eau du

robinet sur son territoire.