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d’exploitation des milices qui occupaient une zone donnée ou un
parc national avant eux.
Il est tout aussi clair que les FADRC ont été directement impli-
quées dans l’exploitation, en prenant le contrôle de mines, ou
indirectement en collaborant à l’approvisionnement des milices
en armes (CSNU, 2008). La plupart des armes importées illé-
galement en RDC au cours des dernières années proviennent de
Chine. Cependant, on trouve aussi des armes provenant d’Europe
de l’est et d’autres pays. Un certain nombre d’avions et de cami-
ons entrent en RDC quotidiennement, certains via l’Ouganda ou
le Rwanda, pour appuyer les milices.
Jusqu’à ce jour, ce sont les gardes des parcs qui ont supporté
l’essentiel du fardeau du contrôle de la criminalité environnemen-
tale dans les zones protégées ou à proximité. Comme on leur a
interdit de contrôler les véhicules et qu’ils ont même été forcés
de démanteler les points de contrôle des véhicules après certains
accords de paix (conclus sous les auspices des paramilitaires), les
milices sont retournées à leurs activités et les ont même étendues
sans obstacle, des activités qui financent leur effort de guerre et qui
ont des conséquences dévastatrices sur la faune. On a observé un
effet très semblable dans le parc national de Bardia au Népal, où
l’armée népalaise n’a plus été autorisée à patrouiller dans le parc
aux termes d’un accord de paix avec les maoïstes, et où la plupart
des rhinocéros ont disparu. En tout, le parc a perdu plus de 90%
de ses rhinos en dix ans (Nellemann, obs. pers.).
Si on n’empêche pas l’exploitation des ressources, si on n’arrête
pas la contrebande transfrontière, étranglant ainsi financièrement
les milices, le conflit et les pertes en vies humaines et en faune sau-
vage ne s’arrêteront pas. Les négociations de paix semblent avoir eu
peu d’effet tant que les occasions de s’enrichir seront nombreuses
pour les milices, et les milices naissent en grande partie dans cette
perspective, y compris grâce au soutien de hauts fonctionnaires
corrompus dans les pays limitrophes.