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Je doute encore, cependant… Il n’est pas mauvais de douter, disent les Yogins…

Mais la Mère est un plus grand Yogin encore. Et Elle aime les hommes et les connaît

comme chacun s’imagine un Dieu les connaissant.

Mais il n’est pas question de Dieu, ici.

*9-12-1969, Pondichéry :

Je ne pourrais écrire que des prières. J’ai le désir de reposer ma tête sur la grande

plage.

Je lis les prières de la Mère, celles qu’Elle écrivit au début de ce siècle mouvant ; je

les entends au fond de moi-même, elles me sont connues, mais je ne puis les vivre,

je ne puis les recevoir sans éprouver une angoisse diffuse.

Lassitude extrême, troubles physiologiques étranges, sentiment d’être enchaîné,

puis de couler comme en une matière intermédiaire. J’oublie ce que j’ai su, car tout

me le rappelle avec douleur ; je ne suis pas prêt à le ressentir ailleurs.

Parfois un couloir se creuse dans ma tête, départageant la sphère douloureuse,

mais je ne puis le prendre calmement, mon hystérie y engouffre ses cris qui sont

ma vie. Tandis qu’à côté de moi Fabienne ressent le vide, désespère d’un contact

avec l’autre, et son corps lisse de danseuse s’emplit de sanglots incompris.

Je ne sais d’où j’ai jailli, je ne sais dans quel rêve je fonctionne, mais je sais que je

suis retenu par des liens qui me deviennent à chaque instant plus intolérables, mais

je sais que la Vie coule et se vit, là, tout près, et que je ne puis l’atteindre… et je

tourne et me débat dans ce moi exigu…

J’ai peur… Quelle naissance ?

Dans quelques moments la Mère sera là, proche, visible, Son corps de vieille dame

devant le mien de jeune homme.

Qui suis-je ?

*10-12-1969, Auroville :

L’être vital est parfois pris de terreur…

La Mère : Ses yeux sont l’onde suprême.

Cela est sans forme, sans couleur, sans chaleur, sans mesure, Cela est privé de

sens.

Cela est le sens.

Je ne sens plus que l’animal qui s’éreinte, recouvert par une marée de rêves…

Voir cette Vie sublime qu’aucune parole ne peut dire émaner d’un corps vivant par

le flot de l’Amour continu, inaltérable, réalisé… je n’ai pu qu’ouvrir grand mon cœur

et, une rose rouge à peine ouverte serrée dans ma main, La quitter, retrouver une

à une les difficultés du vécu et du vivre…

Voici, je veux la Mère pour seul guide, Sa Volonté sera mon effort…

J’ai besoin d’une première aide…

Je T’ai trouvée, Mère infinie, Tu es venue à moi et je n’aurai plus qu’un désir, c’est

de Te retrouver pour toujours.

*20-12-1969, Cape Comorin :

J’ai totalement confiance. La Mère est là.

J’entrevois un être futur. J’entrevois la paix.

J’ai trouvé le but de l’homme. Je sais ce que j’ai à faire et ma seule peur est de

l’oublier, m’épuisant dans la poussière.