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Elle est là. Et il nous faut grandir, il nous faut vivre à la mesure de l’univers, il nous
faut Devenir.
Fabienne et moi avons fait le pèlerinage aux temples du Sud. Nous vivons ensemble
des suites de transformations internes, souvent pénibles, mais toujours nous nous
rétablissons dans la joie et le rire.
Ecrire… J’ai l’impression d’être un peintre obstiné devant une vague lumineuse qu’il
ne pourra jamais reproduire, car il ne peut que la devenir ou se voiler les yeux pour
ne plus la voir que dans un clair-obscur favorisant la représentation à laquelle,
finalement, il tient le plus…
Et puis j’ai rencontré à l’Ashram, grâce à Fabienne – qui, décidément, est mon ange
– le seul livre dont j’ai besoin sur la terre et dont je n’ose même poursuivre la
lecture tant ce que j’ai déjà lu me parait l’expression de quelque chose
d’inaccessible, d’encore inaccessible…
***
*23-3-1978, Auroville :
C’était dans la fumée et le bruit, à ce temps-là. A l’extrémité d’un mouvement de
l’homme. Une extrémité qui n’avait pas, qui n’a toujours pas, fini de s’intensifier,
comme la corde d’un arc universel… mais la flèche jaillira du cœur.
Car c’est le cœur qui appelle.
Seth dit qu’il y a eu d’autres civilisations, qui ont échoué… On échoue seulement
lorsqu’on n’est pas entier, lorsqu’un exclusivisme domine et tous les éléments ne
peuvent s’exprimer. Alors l’échec est la sauvegarde du progrès. Et on recommence.
C’est bien ainsi.
Maintenant le temps est venu. Tout est là. Tout est présent, et tous les éléments
sont représentés. Et le Force veut, la Force consciente.
Seth aussi est conscient, c’est pourquoi je le crois ; c’est plus que seulement croire,
c’est écouter et reconnaître, retrouver. Pour Seth, il n’y a plus d’opposés, plus de
contradictions ; il y a les éléments qui, peu à peu, inéluctablement, appellent leur
place juste, leur mouvement juste, leur rythme juste ; et cet appel fait l’histoire, et
toutes nos histoires. Et les illusions, une à une, se défont.
Dans cette fumée, ce bruit, il y avait une petite plage claire : deux êtres qui
aimaient l’équilibre. C’est là que je suis né.
Pas si facilement… on hésite, quelquefois. Même après j’ai hésité, pendant
longtemps ; je ne savais que faire de ces poids, de ces contradictions vivantes, de
ces obscurités ; j’étais pris et ne savais plus que c’était un partage, un travail, que
c’était le chemin.
J’étais bien pris, il faut le dire ! Mais les yeux étaient ouverts, même si le sourire
semblait tué et la perversion victorieuse.
Non, l’ignorance ne connaît pas de victoire. L’ignorance n’est pas une, elle se nie à
ses propres dépens. Elle est seulement l’arrière de notre progrès, elle est tout ce
que nous n’avons pas compris, elle est l’indice de notre manque, et l’instrument de
Ce devenir.
La victoire se trouve dans la permanence. Quand je me suis tourné de tous côtés,
me suis heurté, blessé, abîmé à la limite du tolérable, quand j’ai vu et senti et
perçu le silence se couvrir, s’enlaidir, s’assombrir de la séparation, de l’égotisme et
des fausses créations… et quand je fonçai de plus en plus vite dans le noir, méSut
la force autant qu’il était possible – mais peut-on jamais vraiment la trahir, c’est