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Parfois je m’arrête devant un vertige : celui de ne plus Te voir… Ma nature doit
devenir forte et vaste, puissante dans son accueil, afin que Ton devenir soit
possible.
Tu sais, je cherche surtout, depuis quelques temps, le secret pour progresser sans
que le progrès dépende des expériences – je crois que c’est surtout l’aspect vital
des expériences qui me heurte et me révolte…
*7-12-1971, B. :
Depuis quelques jours je me sens constamment mal, tendu… une aspiration dense
et solitaire, un état diffus, informulable. Toute une partie vitale préfère ne pas Te
trouver, ni Te voir.
Rien ne change, et le temps passe.
Peut-être le mental cesse de juger et de croire qu’il comprend…
*8-12-1971, B. :
J’ai de nouveau l’envie de partir, de m’éloigner d’eux pour un temps. Je crains
parfois, dans cet état de médiocrité, de renforcer le doute qui pèse sur eux.
Je ne cherche plus de « grandes choses » ; je refuse désormais toute cette publicité
vitale sur Ta vie, Ta loi, Ton amour… Tu es là.
Ecrire, c’est un peu Te tromper, ou cabotiner devant Toi, car Ton sourire immense
sait et devant Toi je suis seul.
Mère infinie, je ne sais si un jour Tu me permettras de quitter ces ténèbres, un jour
simple, le premier vrai jour à Ton service… je ne sais, mais je le crois.
*9-12-1971, B. :
A nouveau je me trouve dans cet état où toute l’existence est un cauchemar ; un
cauchemar de tous les instants, un mensonge continu.
L’incarnation… Le psychique ne souffre pas, est-il dit… pourtant je crois que la
conscience réelle connaît une sorte de douleur. Je n’ai pas à examiner ces choses.
Tout cela T’appartient.
Le premier maillon du désordre, il me semble, est cette visite à l’Ecole spirituelle
des Rose Croix… ; d’autres choses se sont passées… je ne sais plus.
J’essaie d’arrêter le tabac.
Je met devant tout mon être Tes mots : « Sois sincère et fidèle ».
*16-12-1971, B. :
Ma conduite de surface est gaie, légère, inconsistante mais, ce qui est paradoxal,
semble finalement aussi sincère que l’est probablement cette demi souffrance
sourde que j’endure constamment, comme au seuil de l’être intérieur…
Je pense à Toi. Je T’appelle.
L’inquiétude est plus ancrée. Je sens que la lumière travaille à résoudre cela.
Il y a une telle carence de bonne volonté dans le vital…
*17-12-1971, B. :
Aujourd’hui la guerre s’achève, là-bas… l’âme de la Terre… une étape de Ton
progrès est accomplie chez les hommes, et Tu as travaillé visiblement aux yeux de
tous.