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Mais il faudrait peut-être suivre une autre démarche, qui consisterait dés
maintenant à clamer et répéter inlassablement ce que sont les véritables nécessités
des temps présents, jusqu’à ce que l’on soit entendu.
Qu’importent les dénominations, momentanées, dont ceux qui parlent clair sont ou
seront affublés.
Ce qui compte est de communiquer une compréhension et les éléments d’une
orientation pratique effective.
Il serait bon de noter, pour ceux de l’Ouest, avant que par une ironie du sort ils se
trouvent dépassés, que de telles propositions sont déjà partie intégrante de la
démarche et du discours de certains pays dits « non-alignés ».
Et que la balance des forces est en train de changer irrémédiablement.
Reste que, en comprenant, en adhérant, en prenant des initiatives transparentes,
l’Ouest peut énormément réduire le coût en souffrance du labeur évolutif et
contribuer formidablement à la circulation libre d’énergies nouvelles et d’une
harmonie globale.
Vous dénoncez avec persévérance et ferveur ce que vous considérez en France
comme une remontée du racisme, et vous tentez de mettre en garde contre la
variété de ses masques.
Mais le phénomène même de cette « remontée » indique simplement que la
civilisation et la culture occidentales, avec toutes leurs prétentions d’universalité,
n’ont pas pu devenir le médium pour les résolutions des différences raciales.
Même la morale la plus haute ne peut qu’imposer le contrôle d’une tolérance active
sur des mouvements dont nul n’est à l’abri, tant que nous n’avons pas réalisé
concrètement, dans le corps, que toute la substance humaine est une, et que la
conscience est un continuum qui ne connaît pas de barrières.
Cette réalisation fait pression sur nous tous, où que nous soyons.
Nous pouvons aider à son incarnation.
Négativement, nous pouvons nous abstenir de toute surenchère et reconnaître
simplement que, dans l’état actuel de notre conscience, d’une race à l’autre nous ne
nous comprenons pas toujours ni en tout.
Et créativement, nous pouvons et nous devons encourager et aider de toutes les
manières possibles et à tous les niveaux la circulation et les échanges d’énergie, sur
des bases intègres et non ambiguës qui respectent profondément le droit de chacun
au respect de soi-même.
Dans toute l’histoire connue de l’humanité, trois états ont parfois été capables de
transcender les différences autrement insurmontables : l’amitié, l’amour et
l’expérience spirituelle véritable.
Transcender, mais pas transformer.
La transformation n’aura lieu vraiment que dans une conscience du monde tout
entier, dans le corps et la matière.
J’ignore évidemment ce qu’il adviendra de cette « lettre ouverte », comme je ne
puis que conjecturer sur la nature de l’accueil qui lui sera réservé.
La raison me dicterait de ne rien espérer.
C’est donc une tentative déraisonnable que je vous prie néanmoins d’accepter, si
vous voudrez bien juger vous-même de ce qu’elle vaut.