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LE PAYS DU COGNAC
C'était au 111on1ent où la guerre de Sécession venait de nous faire perdre
presqu'entièren1ent le 111arché des Etats-Unis, où de très non1breuses
maisons des Charentes avaient d'in1portants débouchés. Le commerce des
Eaux-de-vie de La Rochelle, aux mains de n1aisons déjà anciennes et des plus
honorables qui avaient fondé de florissants comptoirs en A111érique où
certaines de leurs n1arques avaient acquis une notoriété considérable, allait
s 'en trouver irrén1édiablen1ent atteint. Il ne s'en est pas relevé depuis. Des
tarifs prohibitifs vinrent nous fern1er les portes de la grande République
américaine, de telle sorte qu 'il ne nous restait plus, pour l'écoulen1ent principal
de nos Eaux-de-vie, que l'Angleterre.
En unifiant dans ce pays les droits sur les alcools de toutes pro–
venances par l'abandon du systètne protecteur et l'adoption du libre-échange ,
Je traité de con1111erce de 1860 - a-t-on pu dire sans exagération - a sauvé le
con1n1erce charentais.
La France, du reste, d'une façon .générale, a large1nent profité de
cette révolution éconon1ique, car avant la conclusion de ce traité, ses importa–
tions en Angleterre étaient de 331.775.ooo francs par an, et en 1868, elles
avaient déjà atteint 847 .200.000.
Tant il est vrai que la liberté est pour les peuples la seule source
d'expansion, de prospérité et de bien-être , en n1ên1e te1nps que par le jeu de
la concurrence elle procure au consomn1ateur la
Fie
à
bon nzarché
-
idéal de
toute dé111ocratie travaillant et progressant.
,
Cependant , et n1algré { 'évidence des
fait~,
l'œuvre économiq\ e
de 1860 ne cessa d'ayoir des adversaires passionnés : les chefs autorisés du
commerce charentais ainsi que nos 1nandatairesélus, eurent
à
111aintes reprises
à
lutter contre les retours ollensifs du protectionnisme .
Dans un re1narquablediscours prononcé en 1869
à
un Congrès
pour la liberté du comn1crce international, M. Auguste Hennessy s 'expritnait
ainsi en tern1inant :
«
Que conclure, Messieurs, de l'exan1en auquel nous
» venons de nous liYrer? C'est que le traité de co111n1erce de 186o avec
»
l'Angleterre a été un grand bienfait pour la France, et qu'il faut le maintenir;
» que le déYeloppen1ent du libre-échange contribuera de plus en plus aux
» relations an1icales,
a
la richesse et au .bien-être des peuples, puisqu'il
»
a111ènera entre eux l'échange des n1eilleurs produits dont la nature a facilité
> la création chez chacun. Notre belle France n'a rien
a
redouter dans cette
» voie de progrès: le Créateur a répandu sur elle ses bienfaits; son sol , son
»
climat exceptionnels se prêtent merveilleuse1nent à la production des
1
nei lieurs