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c’est une lutte qui vit dans ma conscience depuis beaucoup d’années. Mais cette
année particulièrement, la lutte s’est située de plus en plus dans la conscience
même du corps, concrètement et directement.
Je pourrais dire à la fois, et avec la même intensité : je ne veux pas vivre dans ces
conditions, et : je ne veux pas de cette mort.
En venant ici je sentais comme un besoin de donner, de rayonner : qu’il fallait relier
tous ces êtres à la réalité de la Présence. Non pas que je « me » sentais en mesure
de le faire, ne serait-ce même que dans une proportion infime, mais plutôt que la
condition de tous ces êtres évoquait le besoin d’appeler, de mettre en contact.
Puis, une fois que je me suis trouvé physiquement dans cette atmosphère et que je
l’ai perçue depuis le même plan, j’ai été plus sensible à un ensemble de faits
humains ; ni la pensée ni les mots correspondants e viennent ; c’est le sentiment
que toute intervention, quelle qu’elle soit, et que tout progrès de conscience même,
ne peuvent qu’inévitablement produire des ruptures d’équilibre et des souffrances.
Ce matin, de retour à l’hôtel, après m’être coupé les cheveux, je suis descendu
dans la salle à manger ; le propriétaire, un homme grand, un peu empâté, d’une
trentaine d’années, m’a servi un petit-déjeuner ; c’est lui qui s’occupe de la cuisine,
une grande pièce équipée de toutes les machines modernes à l’arrière de la maison.
Même courtoisie, même assomption positive de l’honnêteté de tout être humain
civilisé.
Si j’avais de meilleures chaussures, j’irais marcher et marcher.
La photo de Sri Aurobindo est sur la table de nuit.
R et C m’ont rappelé ce matin, après avoir appris que le bateau était tout de même
parti. Il faut espérer qu’il n’y aura pas d’aggravation de la tempête.
Pourquoi les choses se sont-elles arrangées pour que je sois obligé de rester ici une
journée entière et deux nuits ? Pour que je me repose ?
Le fait est que j’observe ce phénomène : c’est que je ne suis encore que
partiellement ici, physiquement partiellement : il y a un réalignement qui est en
cours, c’est une chose pénible, mais à laquelle je dois être attentif, qui peut être
fructueuse.
Je ne me sens pas tout à fait protégé.
Mais il me faut être prêt et disponible pour C. Il y a du travail à faire avec elle, et
aussi avec F.J et Ch.J, et peut-être Olivier, plus tard.
Je sens que C s’en veut déjà un peu de m’avoir demandé de venir et qu’elle aussi
prend la mesure concrète de la difficulté que cela implique et représente dans mon
expérience physique.
Au moins cette crise et cette « maladie » que j’ai traversée il y a maintenant 3 mois
(un étrange « accident » énergétique, entre les centres en haut de la tête et en bas
de la colonne, qui a résulté rapidement en une infection urinaire sérieuse, et m’a
immobilisé quelques semaines), m’ont amené à décider de ne plus permettre à
aucune forme de « désespoir » ou de « dépression » de s’emparer de la conscience
physique.
Mais je ne peux pas encore surmonter cet intense dégoût que j’éprouve envers ces
« lois » qui gouvernent encore nos corps. Comme le sentiment que l’on éprouve
devant le fait prouvé, l’évidence de la trahison la plus vile, la plus misérable,
commise par un ami.