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Il me semble que le premier seuil radical doit être celui où l’existence individuelle
est entièrement prise en charge par Cela, par la Conscience Force ; où le tissu
même des instants est enfin habité, insufflé, animé par Cela seulement et
totalement et continûment.
Jusqu’à ce seuil, il faut l’effort personnel ; la discipline ; la sadhana. L’offrande
persistante et honnête, de plus en plus constante et éveillée, de tout, tous les
mouvements, toutes les émotions, toutes les sensations, et toute la trame
minuscule du quotidien.
Parfois, on ne sait pas comment, on se « branche » et le courant passe ; on ne sait
pas pourquoi non plus ; et alors, tout a une autre importance : ce qui compte alors,
c’est que rien ne vienne contredire l’unité ou l’altérer ; comme dans une rivière
fraîche et vivante et limpide et bonne, qu’aucune concrétion opaque n’obstrue,
n’alourdisse.
Mais on retombe dans la séparation ; on s’isole à nouveau, on est de nouveau
« moi », seul à pousser son rocher !
Qu’est-ce qu’une sadhana utile ?
Je crois que c’est essentiellement un effort soutenu, que nourrit le besoin central,
de flamber « vers » : de rejoindre, de tendre à la Présence, avec les énergies de
chaque moment.
Et il me semble que les deux choses à rejeter activement sont la dépression, d’une
part, et toute obsession du mental physique, d’autre part ; car ces deux choses ont
pour effet commun de nous aliéner de la conscience du présent, multipliant ainsi le
pouvoir de la séparation.
L’aspiration à devenir un feu ardent, un fau paisible et confiant et constant qui plus
jamais ne s’étouffe dans ses cendres, un feu plein d’énergie tranquille, consciente ;
cette flamme n’est pas comme la flamme orange et jaune et rouge et bleutée de
nos brasiers matériels, et pourtant elle est perceptible : c’est un feu pâle, ni blanc
ni exactement transparent, mais un peu comme une onde de chaleur qui
deviendrait positive, presque liquide : et cela ne monte pas dans l’air, cela n’écarte
pas l’air, ne se sépare pas de l’air, mais s’élève aussi comme une onde qui ouvre
les dimensions, ou leur est intérieure ; et cette onde est comme un champ plus ou
moins intense, plus ou moins vaste et plus ou moins universel, plus ou moins
ancien et nouveau à la fois. Et cette onde est telle à une présence contagieuse, qui
fait du bien et se communique par le dedans, qui fait vibrer le cœur et venir l’âme
en avant, qui apaise le corps et le fait prier de joie.
Nos organismes physiques, qui ont été adaptés par les forces naturelles de
l’évolution pour permettre l’expérience matérielle de la séparation et, à travers elle,
de l’individualisation progressive, nous gardent dans la dépendance d’un apport de
matière « extérieure ».
Pour la conscience, il s’agit là d’un artifice ; mais c’est un artifice dont nous ne
pouvons encore nous dispenser.
De nos jours nous ne pouvons plus vivre de la chasse ou la cueillette ! Nous
sommes liés à un système ou un autre d’échange, et l’accès à cet appoint de
nourriture extérieure, d’énergie matérialisée indispensable à nos corps, dépend d’un
certain nombre d’intermédiaires. Nous sommes redevables ; et il est tacitement
entendu que chacun de nous doit en quelque sorte justifier son existence et son
droit à consommer par une contribution énergétique appréciable à l’ensemble.
Il y a des gens qui prétendent avoir appris à se nourrir directement de l’énergie
universelle, par un certain alignement volontaire et avec l’aide de guides subtils, et