Table of Contents Table of Contents
Previous Page  1202 / 1424 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 1202 / 1424 Next Page
Page Background

1202

Il me semble que le premier seuil radical doit être celui où l’existence individuelle

est entièrement prise en charge par Cela, par la Conscience Force ; où le tissu

même des instants est enfin habité, insufflé, animé par Cela seulement et

totalement et continûment.

Jusqu’à ce seuil, il faut l’effort personnel ; la discipline ; la sadhana. L’offrande

persistante et honnête, de plus en plus constante et éveillée, de tout, tous les

mouvements, toutes les émotions, toutes les sensations, et toute la trame

minuscule du quotidien.

Parfois, on ne sait pas comment, on se « branche » et le courant passe ; on ne sait

pas pourquoi non plus ; et alors, tout a une autre importance : ce qui compte alors,

c’est que rien ne vienne contredire l’unité ou l’altérer ; comme dans une rivière

fraîche et vivante et limpide et bonne, qu’aucune concrétion opaque n’obstrue,

n’alourdisse.

Mais on retombe dans la séparation ; on s’isole à nouveau, on est de nouveau

« moi », seul à pousser son rocher !

Qu’est-ce qu’une sadhana utile ?

Je crois que c’est essentiellement un effort soutenu, que nourrit le besoin central,

de flamber « vers » : de rejoindre, de tendre à la Présence, avec les énergies de

chaque moment.

Et il me semble que les deux choses à rejeter activement sont la dépression, d’une

part, et toute obsession du mental physique, d’autre part ; car ces deux choses ont

pour effet commun de nous aliéner de la conscience du présent, multipliant ainsi le

pouvoir de la séparation.

L’aspiration à devenir un feu ardent, un fau paisible et confiant et constant qui plus

jamais ne s’étouffe dans ses cendres, un feu plein d’énergie tranquille, consciente ;

cette flamme n’est pas comme la flamme orange et jaune et rouge et bleutée de

nos brasiers matériels, et pourtant elle est perceptible : c’est un feu pâle, ni blanc

ni exactement transparent, mais un peu comme une onde de chaleur qui

deviendrait positive, presque liquide : et cela ne monte pas dans l’air, cela n’écarte

pas l’air, ne se sépare pas de l’air, mais s’élève aussi comme une onde qui ouvre

les dimensions, ou leur est intérieure ; et cette onde est comme un champ plus ou

moins intense, plus ou moins vaste et plus ou moins universel, plus ou moins

ancien et nouveau à la fois. Et cette onde est telle à une présence contagieuse, qui

fait du bien et se communique par le dedans, qui fait vibrer le cœur et venir l’âme

en avant, qui apaise le corps et le fait prier de joie.

Nos organismes physiques, qui ont été adaptés par les forces naturelles de

l’évolution pour permettre l’expérience matérielle de la séparation et, à travers elle,

de l’individualisation progressive, nous gardent dans la dépendance d’un apport de

matière « extérieure ».

Pour la conscience, il s’agit là d’un artifice ; mais c’est un artifice dont nous ne

pouvons encore nous dispenser.

De nos jours nous ne pouvons plus vivre de la chasse ou la cueillette ! Nous

sommes liés à un système ou un autre d’échange, et l’accès à cet appoint de

nourriture extérieure, d’énergie matérialisée indispensable à nos corps, dépend d’un

certain nombre d’intermédiaires. Nous sommes redevables ; et il est tacitement

entendu que chacun de nous doit en quelque sorte justifier son existence et son

droit à consommer par une contribution énergétique appréciable à l’ensemble.

Il y a des gens qui prétendent avoir appris à se nourrir directement de l’énergie

universelle, par un certain alignement volontaire et avec l’aide de guides subtils, et