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à l’autre dans l’arène commune et, dans notre compréhension superficielle,
mécaniste et linéaire de la causalité, nous l’associons au bagage individuel de
chacun.
Dans ces termes, j’ai eu droit au traitement de luxe : dans la parlance culturelle,
j’ai ainsi été « asura » plus souvent, il me semble, qu’à mon tour, même si j’ai
aussi, parfois, été « déva ». C’eut été simplement drôle si certains ne s’étaient
appuyés sur leur interprétation de Tes actes à mon égard pour confirmer leur
jugement.
C’est comme une brûlure à blanc : on n’en sort pas indemne !
Il faut en renaître.
La plupart du temps je l’ai vécu comme une grâce ; cela m’a protégé aussi de
beaucoup de liens ou de relations encombrants ou inutiles, filtrant de rares qualités
d’amitié et de libre loyauté. Et cela m’a protégé aussi de toute ambition en moi-
même.
Mais toutes ces considérations et ces formations collent : il y a encore du nettoyage
à faire !
*20-2-2000, Auroville :
Les routes d’Auroville sont jonchées de détritus, emballages déchirés, tasses en
plastique : les dévots et les touristes ont défilé, autobus chargés à bloc, taxis et
rickshaws soulevant la poussière rouge ; la ville de Pondichéry fait des affaires,
mais pas nous ! A nous de balayer, de nettoyer, d’effacer autant que possible !
Faut-il parler de Vous ? Sri Aurobindo, Mère, Vous qui ni des gourous ni des
emblèmes ni des dieux vivants ni de grands maîtres au panthéon de la spiritualité,
Vous qui êtes trop vrais pour ces dénominations et ces rôles…
Vous êtes plus que l’idéal, plus que la perfection : Vous êtes Cela, en sécurité
absolue, au-delà de toute possibilité de limitation ou de déformation ou de
séparation. Vous êtes Cela, Vous êtes Soi, indéfectiblement. Souverainement.
Vous êtes plus que la somme de tous nos amours et nos élans, Vous êtes le corps
de notre besoin immémorial, Vous êtes le Sens et la Direction, Vous êtes le
Chemin, Vous êtes la venue du Divin.
Vous êtes l’amour du Suprême.
Pourquoi parler de Vous ?
Il vaut mieux, je crois, devenir une offrande vivante à Votre pression.
Vers Vous ne viennent pas ceux qui ne cherchent encore que leur propre salut, leur
propre résolution.
Vers Vous se tournent ceux qui sont simplement amoureux d’un Divin incarné qui
est soi-même, nous-mêmes enfin libérés, enfin animés, enfin entiers.
*21-2-2000, Auroville :
Alors c’est Ta Fête !
Et la clôture d’un millénaire de travail !
Et au pied de cette sphère symbolique le politicien que nous continuons de nourrir
continue de pêcher à la ligne : les hameçons décorés de Ton symbole et trempés
dans le souvenir de Toi ne sont-ils pas plus délectables ?
Devrais-je mieux m’en aller ? Est-il acceptable de n’être qu’une présence ?