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Mais pour développer cette antenne au sein silencieux de l’expérience de chaque

instant, un énorme déblayage est nécessaire.

Il nous faut « renoncer » à beaucoup de nos acquis de créatures sociales et

civilisées, à beaucoup de nos habitudes et de ce que nous appelons avec indulgence

nos instincts.

On est mis très vite en présence d’une condition assez rude ; c’est peut-être la

porte étroite ou terrifiante des légendes, c’est la mort de l’image de soi, c’est la

destruction de l’identité, c’est la mort de l’ego et de sa relation intime à la mort,

c’est le « mourir à la mort ».

Car pour parvenir à ce point d’épreuve il faut déjà s’être donné à une intensité de

flamme silencieuse, et à une fréquence d’appel telle que l’on peut déjà s’offrir sans

réserves à une éternité de transformation !

Parce que, voilà : la seule réponse à la mort, la seule alternative à la dissolution et

l’inévitabilité de la désagrégation, est une éternité, une continuité de

transformation, un continuum de devenir : le continuum intégral du devenir.

Mais aucune individualité, si vaste et grande soit-elle, n’a la capacité, le pouvoir et

la vision de cette éternité de changement !

C’est là, c’est alors, que la vérité des choses éclate comme un rire !

La boucle est bouclée, et toutes les philosophies se mordent la queue !

C’est si simple, et si évident !

L’éternité n’est possible qu’à cet être qui peut s’unir entièrement, absolument,

intégralement à la conscience, sans plus vouloir aucunement demeurer séparé !

Car c’est la volonté même de préserver et perpétuer une identité séparée, quelle

qu’elle soit, qui provoque et produit une césure, qui inscrit la séparation dans la

résonance matérielle ; le temps même est divisé et distribué, et devient le lieu de la

représentation symbolique de l’expérience : la conception, la naissance, la

croissance, la maturité, le déclin et la dissolution – de l’universel à l’universel en

passant par la forme, où momentanément se rejoignent le plus subtil et le plus

matériel…

C’est là que se pose la question du temps du yoga.

Nous sommes dans l’évolution, nous en faisons partie ; la Terre est un lieu

d’évolution.

Nous pouvons, au terme de quelque discipline, nous réfugier sur les hauts plateaux

d’une réalisation statique, typale, parfaite là où elle nous a hissés, mais partielle.

Nous avons aussi le « droit » de prendre des vacances : nous avons le choix dans

l’éventail des plans et des réalités, dont la subtilité croît ou décroît selon notre point

de vue ou notre perspective. Nous pouvons nous procurer les moyens d’accéder à

des niveaux d’expérience remarquables…

Mais l’incontournable, l’inexplicable fait demeure : c’est sur la Terre et dans le corps

que se fraye le chemin central, nulle part ailleurs !

*4-2-2000, Auroville :

Ainsi se pose la question du yoga.

Peut-être l’évolution a-t-elle, tout comme soi-même ou comme la cellule, des

niveaux, des degrés et des dimensions.