Table of Contents Table of Contents
Previous Page  1196 / 1424 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 1196 / 1424 Next Page
Page Background

1196

qu’agrégat ou communauté -, c’est au terme d’une dégénérescence ou d’une

atteinte trop considérable à l’intégrité du corps qu’il nous faut le faire, là où cela

semble être la conclusion et le choix les plus sages.

Mais il semble maintenant, d’après les nouvelles découvertes, que la

dégénérescence – le vieillissement, par exemple - ne soit en faite produite que par

une action positive soutenue, qui elle ne relève pas d’une fatalité biologique ou

génétique, mais d’une intervention qui pourrait en principe être combattue ou

même évitée.

Dans les tropiques on est plus qu’ailleurs confrontés à l’ambivalence de l’eau : l’eau

vie, oui, mais aussi, presque simultanément et dans une profusion de

métamorphoses, l’eau pourrissante, l’eau putride, l’eau effervescente, l’eau

génératrice de monstres parasites, l’eau qui alourdit et vulnérabilise, l’eau qui mine,

envahit et accable.

Les légendes d’un paradis terrestre se réfèrent souvent à des lieux d’altitude, plus

hauts que les nuages, qui contiennent enchâssée par leurs cimes comme une

concentration privilégiée de formes de vie, une opulence contrôlée, une abondance

maîtrisée, tel un puits de miel préservé et goûté avec infiniment de soin et de

conscience.

Et c’est bien ainsi que le corps voudrait exister, c’est bien à ces rythmes qu’il

voudrait s’allier, comme un souvenir de temps si reculés où la Terre s’ouvrait et

s’offrait en une communication multiplement vibrante : un air sec et limpide pour

base, des forées ponctuelles aux berceaux de la vie, des missions contemplatives

aux rives océanes ; le sens d’une frugalité vigoureuse, nourrie d’air, de lumière et

d’espace, une union sensible et révérente du petit corps au grand corps et à

l’univers.

*17-2-2000, Auroville :

Il y a comme un vide qui s’est formé : je ne sais pas où servir…

Je voudrais que le Seigneur me dise : « Fais ça ! »

Mais Il ne dit rien.

Alors, partir marcher ?

La tentation du sannyasin ?

Et puis la solitude du corps est une chose difficile. Partager l’univers dans une

caresse, sans le drame ni les rôles ni l’histoire ni le poids de soi et de l’autre : c’est

ainsi que je sens plus d’affinité pour ceux que l’on taxe de promiscuité que pour

ceux qui prétendent à la « pureté » ! Je ne comprends toujours pas, en fait,

pourquoi la sexualité devrait s’excuser, se justifier, s’enrégimenter, se neutraliser,

être contrôlée !

*18-2-2000, Auroville :

Ce qui m’empêche d’accepter avec confiance cette apparence de « rien » dans

laquelle je me trouve à présent, est une accumulation non éclaircie d’une vague

culpabilité ; une culpabilité indirecte, comme celle de ces condamnés innocents

mais présumés coupables qui doivent endosser de force, par le regard des autres,

une seconde identité, et qui, même longtemps après que leur innocence ait été

prouvée, du fait même qu’ils aient pu être soupçonnés, restent à jamais suspects –

c’est la loi du dicton « il n’y a pas de fumée sans feu » !

Mais chacun de nous est impliqué dans cette édification collective hystérique de

fausses identités ; c’est le masque obligatoire qu’il nous faut revêtir et faire revêtir