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rivière -, l’on tend à relativiser la primauté de la condition physique et matérielle, et

l’on peut être amené à confondre les frontières et attribuer une valeur de concret à

des expériences qui se situent pourtant dans un plan subtil.

Il est par exemple de plus en plus fréquent que l’on se trouve disposé à accepter

l’éventualité d’autres modes de développement physique dans l’univers, d’êtres plus

conscients que nous le sommes sur la Terre.

Peut-être est-ce pour nous sauver de cette sorte de confusion qu’on se cogne à

l’armoire ou rate la marche en sortant vider la poubelle, qu’on a un furoncle ou une

rage de dents et tout va de travers…

*15-2-2000, Auroville :

On tourne autour de la Question, on la regarde d’un angle puis d’un autre, on la

contemple ; elle se nourrit de notre tremblement de créature comme de notre

besoin.

La Question est au milieu.

C’est un Feu.

C’est une transcendance là, au centre de l’espace et du temps, vivante, vibrante,

flamboyante, crépitante – ou silencieuse comme l’apparence d’un vide, d’un grand

trou au cœur de tout.

Une flamme que l’on dirait parfois noire, que l’on devine à peine et qui pourtant

dévaste toutes nos certitudes.

Ce n’est pas un contraire : c’est au-delà des contraires.

C’est ce qui existe entre l’origine et ce que nous sommes, et ce qui attend entre ce

que nous sommes et le but, la vraie naissance.

Quand on prendra corps dans la vraie matière, celle qui ne trompe plus, ne se retire

plus, ne trahit plus, ne se défait plus, n’inflige plus ni masques ni lourdeurs, celle

qui tient la charge, qui croît, une densité de lumière sans contradiction.

C’est là que nous allons.

C’est là qu’il est bon et juste d’aller !

Le Vaste, l’Exact et le Vrai !

Nous sommes encore des singes ; et, à peine, des pointillés. Dans cet esclavage

linéaire nous n’existons que çà et là, presque accidentellement ; jamais

entièrement, jamais pleinement, jamais uniment. Et c’est ce temps-là, ce faux

temps, qui use.

G.F m’écrit que mon manuscrit a encore été refusé deux fois.

Et, comme irrésistiblement, je me trouve en train d’écrire à nouveau, inutilement ;

c’était inutile, c’est inutile, ce sera inutile : une conjugaison qui annule…

*16-2-2000, Auroville :

Je lis dans le journal la revue de deux ouvrages scientifiques récents qui suggèrent

que la mort, contrairement à ce qui est dit jusqu’à présent, n’est ni un phénomène

inéluctable, ni le processus le plus logique, se référant aussi bien à certains

végétaux comme l’if et le séquoia, qu’à certains poissons et mollusques ; et qu’il

nous faut avant tout travailler à défaire l’inscription erronée des justifications et

légitimations de la mort que la religion, la morale, la philosophie et la science ont

fournies à l’humanité afin qu’elle accepte l’inévitable.

Si l’on tente d’observer le phénomène de la mort en tant que fonction naturelle –

l’abdication par l’organisme de sa volonté à demeurer et persévérer en tant