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abondamment, ni si fréquemment, et pourtant je ne reprends du poids que très

lentement, et les muscles ne se ravivent qu’un tout petit peu chaque jour ; mais

c’est ce petit peu qui compte, où est l’aspiration du corps à l’équilibre, à une

harmonie qui sache progresser, qui sache se transformer, qui sache devenir !

C’est cela qui est crucial.

Trouver le rythme matériel d’une capacité de devenir, d’harmoniser toujours en

avant, vers, en réceptivité.

Le soir, je suis revenu par les rues intérieures, pour m’acheter un paquet de

cigarettes – j’ai fumé une première cigarette sur la jetée. Et j’ai toujours aussi

envie d’une bière fraîche ! Comme ce dernier demi que j’i bu à l’escale de Dubaï, en

rentrant ici…

*16-6-2002, Pondichéry :

Je dors plus la nuit, et un peu le jour aussi, et rêve à nouveau…

Mais les hémorroïdes sont encore là. Et tout un constant ajustement stomacal et

intestinal qui demande plus de temps…

Ce matin, Deepti doit rencontrer Kireet, seule…

J’essaie de composer une série d’exercices que je puisse pratiquer deux fois par

jour, sur la terrasse ici, pour aider le corps à retrouver un équilibre et une harmonie

– c’est vraiment comme si tous les muscles avaient fondu en l’espace de quelques

jours, et il faut les réveiller, les ressusciter un à un. Je n’ai jamais absorbé autant

de nourriture, mais cela semble n’avoir qu’un effet très limité.

C’est toujours impressionnant de constater comme il est aisé, matériellement, de

détruire, et comme toute construction durable demande un labeur persévérant et

méticuleux…

Deepti et Arjun me font ce soir le rapport détaillé de l’entretien avec Kireet. Les

choses sont dites. Mais les intentions demeurent.

C’est la fête de John H aujourd’hui…

*17-6-2002, Pondichéry :

Ce matin j’ai décidé de marcher jusqu’au Consulat, profitant de ce séjour à Pondy

pour faire refaire ma carte d’identité. Cela m’a pris toute la matinée, surtout à

attendre dans la salle de réception.

Le temps est gris aujourd’hui : un répit ; le corps a été content.

L’après-midi, alors que je fais mes exercices sur le toit, utilisant pour la première

fois les deux petits haltères disponibles – un peu incertain, attentif à ne provoquer

aucune contraction abdominale -, Kovalan vient me rendre visite… Plein de vigueur,

son corps jeune et athlétique : avec cette santé sûre d’elle il me déclare que,

passés les 4O ans, il est impossible de reconstruire et de développer les muscles

qui se sont relâchés ! Je suis là devant lui, encore affaibli et amoindri,

complètement exposé à ce regard critique et insouciant à la fois, essayant

vaillamment de participer à la reconstruction de ces muscles qui ont fondu, et à

l’instauration d’une harmonie supérieure à celle qu’avait le corps avant cette

expérience – exposé devant cet exemple de santé et de jeunesse, avec mon torse

amaigri, les rides aux épaules, les cuisses réduites, tout concentré dans ma

confiance et mon effort… C’est une situation étrange ; et d’une certaine manière,

cela me confirme dans cette confiance, justement : oui, cela semble être une ruine,

et le vieillissement du corps un fait inéluctable et sans appel – mais non : mon

corps même a une autre perception, une autre compréhension, une autre

certitude : presque, une autre connaissance.