Table of Contents Table of Contents
Previous Page  509 / 1424 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 509 / 1424 Next Page
Page Background

509

Comme la pierre, la branche, la corne et la fleur, animé par des forces

conscientes ? Ou une machine, merveilleuse, mais faillible… ?

Pareil à la montagne, au chant de l’aube, aux grondements de la Terre, un signe du

Manifeste ?

Ou le véhicule temporaire d’une laborieux accomplissement dont la conclusion

serait toujours ailleurs ?

Ou la sécurité naturelle d’une substance solide et stable, obéissant dans des limites,

fiable jusqu’à un point, pour l’élaboration des valeurs humaines et leur transmission

perpétuelle ?

Ou bien la protection et l’ancre pour chaque étape du voyage de l’âme ?

42.

Mais la conscience qui formait ses cellules et ses atomes, n’était-ce pas Lui, enfin ?

Quand nous disons le mot « corps », nous nous référons en fait à une confusion de

niveaux et d’états…

De toutes les leçons et tentatives du passé il y a toujours un Bien à discerner et

retenir, une Utilité pour l’avenir. Et tout le reste doit se désapprendre.

Et peut-être est-ce ce désapprentissage, et ce découvrage du réel – objet et sujet –

qui demandent le plus de temps.

43.

En ces premières années de la tentative, il y avait partout dans l’espace réservé à

Sa ville comme l’onde continue d’une énergie formidable, impétueuse et tranquille,

comme si Sa Jeunesse même imprégnait les obstacles et leur faisait rendre leurs

signes ; dans l’air, les nuées de poussière rouge, et le silence sur la terre encore

nue, la flambée de midi ou le déluge aux ravines, la première verdure recueillie

comme un « oui », il y avait Son rire qui soutenait et joignait, et quelque chose

comme un toucher profond, presque imperçu, qui poussait en avant, du dedans de

nous comme un or inconnu, la pulsation d’une aventure par le chemin des instants,

un grand arc de lumière dans l’infime de nous-mêmes.

Il y avait le sens permanent d’une exigence immobile et puissante et, pour chacun

de ces premiers gestes quotidiens, d’être vu par le regard immense d’un Hôte

nouveau de la Terre.

C’était comme une marée large et paisible qui poussait sans relâche dans tous nos

recoins, ou une loupe objective d’intransigeance posée là sans jugement sur tous

nos plis et toutes nos habitudes de ne pas être, sur tous nos écrans et nos ornières

prêts à se reformer, sur tous nos subterfuges : un éclair vivant, sans mots ni

pensées, avec la constance d’une force si simple et si vraie.

Entre cet idéal et notre petitesse, de Sa source vivante et consciente à nos mesures

étroites, Elle portait et versait partout l’énergie d’un lien, d’un pont, et d’un

chemin : on se sentait soulevé, sollicité jusque dans le piège même de nos heurts

et nos colères ; jamais écrasés que par nous-mêmes, et pour rien, c’est avec nos

propres idées et nos propres images qu’il fallait se battre, avant de pouvoir

seulement toucher la matière de cet avenir.

On ne savait rien.