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Inévitablement viendra le moment où il faudra rencontrer, affronter, comprendre et
résoudre l’ombre de notre glorieuse et misérable échappée, pour rejoindre enfin le
grand mouvement du Devenir.
Pour se ré unir.
Quelle est cette ombre ? Existe-t-elle ?
Et n’est-elle pas notre plus grande lumière ? Et peut-être toute notre fuite et ses
tourments ne portent-ils que la peine et la douleur de l’avoir trompée, d’être nous-
mêmes devenus son ombre projetée ?
Peut-être y a-t-il bien eu, en fait, un choix conscient, un choix fraternel, loin là-bas
dans le temps sans mémoire, ou serti dans le cœur de nous-même, le choix
d’incarner et d’explorer le contraire, de faire rendre à la contradiction tous ses
possibles : un grand exorcisme lent et total de la possibilité même de sa réalité ?
50.
Et peut-être, quand nous semblons enfin reconnaître l’inanité de ce mal être
perpétuel et que nous nous découvrons impuissants à le changer, peut-être à notre
rencontre, venue de cet instant passé éternel et de sa réponse en avant, l’un et
l’autre se joignant, l’orbe s’étend d’un Etat autre, libre enfin de tous les contraires ?
Dans le corps gît l’action permanent d’une double puissance : celle de la vie et celle
de la mort.
Mais peut-être le corps recèle-t-il aussi, les soutenant, le POUVOIR D’ETRE,
d’exister enfin ?
Si c’est un fait éternel que l’essence, la source première de tout être et de toute
individualité est une et indivisible, c’est un fait de l’évolution que, sur le chemin du
vrai, nous sommes inégaux.
Dés que s’engage dans l’individu une réflexion dont la démarche implique plus que
la pensée et la raison, une réflexion que suscite un besoin plus profond, commence
à se révéler la nécessité de trouver un centre.
51.
L’être individuel commence alors d’éprouver le manque d’une référence vivante,
d’un centre ou d’un soi plus réel, plus conscient, indépendant des contingences
mais les éclairant, qui le mettrait en rapport avec la réponse pleine, non tronquée,
non fragmentée, aux questions qu’il se pose.
L’intensité de des questions progressivement nous habite, comme un silence qui se
charge, et il semble alors que cette tension qui se développe en nous ait le pouvoir
naturel de modifier les circonstances de notre vie.
Quel qu’ait été le cours extérieur de notre existence jusqu’à ce point, il semble que
dés que ce besoin se révèle et fait du dedans intrusion dans nos mécaniques
habituelles, sa pression même, progressivement et indépendamment de la volonté
que nous nous connaissons, indifféremment à ce que nous croyons ou jugeons le
meilleur, agisse sur les données et les composantes de ce cours, en altère ou
bouleverse l’ordre ou, simplement, leur donne un sens nouveau, une autre
dimension, à laquelle nous n’aurions pu, par nous-même, accéder.