Table of Contents Table of Contents
Previous Page  512 / 1424 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 512 / 1424 Next Page
Page Background

512

Inévitablement viendra le moment où il faudra rencontrer, affronter, comprendre et

résoudre l’ombre de notre glorieuse et misérable échappée, pour rejoindre enfin le

grand mouvement du Devenir.

Pour se ré unir.

Quelle est cette ombre ? Existe-t-elle ?

Et n’est-elle pas notre plus grande lumière ? Et peut-être toute notre fuite et ses

tourments ne portent-ils que la peine et la douleur de l’avoir trompée, d’être nous-

mêmes devenus son ombre projetée ?

Peut-être y a-t-il bien eu, en fait, un choix conscient, un choix fraternel, loin là-bas

dans le temps sans mémoire, ou serti dans le cœur de nous-même, le choix

d’incarner et d’explorer le contraire, de faire rendre à la contradiction tous ses

possibles : un grand exorcisme lent et total de la possibilité même de sa réalité ?

50.

Et peut-être, quand nous semblons enfin reconnaître l’inanité de ce mal être

perpétuel et que nous nous découvrons impuissants à le changer, peut-être à notre

rencontre, venue de cet instant passé éternel et de sa réponse en avant, l’un et

l’autre se joignant, l’orbe s’étend d’un Etat autre, libre enfin de tous les contraires ?

Dans le corps gît l’action permanent d’une double puissance : celle de la vie et celle

de la mort.

Mais peut-être le corps recèle-t-il aussi, les soutenant, le POUVOIR D’ETRE,

d’exister enfin ?

Si c’est un fait éternel que l’essence, la source première de tout être et de toute

individualité est une et indivisible, c’est un fait de l’évolution que, sur le chemin du

vrai, nous sommes inégaux.

Dés que s’engage dans l’individu une réflexion dont la démarche implique plus que

la pensée et la raison, une réflexion que suscite un besoin plus profond, commence

à se révéler la nécessité de trouver un centre.

51.

L’être individuel commence alors d’éprouver le manque d’une référence vivante,

d’un centre ou d’un soi plus réel, plus conscient, indépendant des contingences

mais les éclairant, qui le mettrait en rapport avec la réponse pleine, non tronquée,

non fragmentée, aux questions qu’il se pose.

L’intensité de des questions progressivement nous habite, comme un silence qui se

charge, et il semble alors que cette tension qui se développe en nous ait le pouvoir

naturel de modifier les circonstances de notre vie.

Quel qu’ait été le cours extérieur de notre existence jusqu’à ce point, il semble que

dés que ce besoin se révèle et fait du dedans intrusion dans nos mécaniques

habituelles, sa pression même, progressivement et indépendamment de la volonté

que nous nous connaissons, indifféremment à ce que nous croyons ou jugeons le

meilleur, agisse sur les données et les composantes de ce cours, en altère ou

bouleverse l’ordre ou, simplement, leur donne un sens nouveau, une autre

dimension, à laquelle nous n’aurions pu, par nous-même, accéder.