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Et c’est au moment de cet indispensable retournement que l’on touche
concrètement la réalité d’une aide et d’une grâce impersonnelles, non humaine
mais centrale à l’homme, et une avec Cela qui préside au développement de sa
conscience.
La substance de l’homme est une.
Où que nous soyons, et à quelque point du passage que nous nous trouvions, tant
que nous appartenons encore à ce grand effort de transition, tant que nous
sommes en quelque part de nous-même encore seulement humains, nous
retrouvons les résonances et les effets de cette misère collective de l’espèce.
59.
Alors même que nous sommes mis en présence d’une grandeur réelle, d’une vie et
d’une action de la vérité, nous sommes aussi et encore confrontés à cette faiblesse
de notre humanité, qui répond à la tentation d’utiliser un peu de pouvoir pour
affirmer et aviver l’image de nous-même.
Et autour de soi la coalition spontanée de tout ce qui, partout, ment et prétend, est
active et disponible : ainsi notre monde est-il encore, où la proportion de ceux qui
ont ré appris à choisir demeure insuffisante pour modifier l’équilibre dominant.
L’état humain, dans son ensemble, ne soutient pas spontanément le mouvement
vers le vrai. Pas encore.
Pour se préserver de cette corruption dans le passé, il fallait recourir à une force de
pureté morale et spirituelle indéfectible, s’en abritant comme d’un bouclier et
gardant ainsi l’authenticité du service ; mais par lâ-même on se retirait de tout un
champ continu d’expérience et de choix, et la raideur de cette réalisation empêchait
de couler dans une compréhension plus plastique au mouvement de la conscience
véritable.
60.
Il y a eu près d’Elle quelques exceptions – il ne pouvait pas ne pas y en avoir,
puisque Elle était là ! -, tolérées jusqu’à l’approche du moment crucial. Un peu de
substance, un peu d’homme et d’âme était là, pour Elle seulement.
Mais quand le moment est venu pour tous de reconnaître et d’accepter, de
répondre au besoin, les garants du vieil équilibre ont affirmé leurs droits ; la porte
s’est refermée. Ils ont sauvé les apparences.
Ce ne serait donc plus là ; ce serait partout, et autrement.
Et ils sont restés sur leur rocher déserté, les gardiens d’un souvenir tronqué.
Avec leur étrange fidélité, poursuivant l’ambiguïté de leur offrande, demeurant
convaincus de l’exclusivité de leurs droits, vertueux dans le sens de leur
responsabilité, ils se sont engagés à maintenir et préserver l’ordre, la paix et la
prospérité sur les lieux de leur privilège. Sans utiliser le temps pourtant offert de
voir et de comprendre en quoi la moindre perfection de leur tâche avait cristallisé la
résistance la plus grande.