![Show Menu](styles/mobile-menu.png)
![Page Background](./../common/page-substrates/page0539.png)
539
Le respect et l’attention qui sont nécessaires à son usage vrai, sont d’autant plus
impératifs pour l’utilisation et le maniement des forces matérielles dont l’homme est
parvenu, dans l’ambivalence de sa recherche, à s’assurer une maîtrise relative.
Plus on s’approche de la matière, plus on pénètre dans son domaine, et plus on
touche à la totalité du monde et de la vie.
Et plus les conséquences de nos choix sont générales, plus notre responsabilité est
grande…
Notre apprentissage de la matière s’est fait à contre sens.
Car si notre choix et notre orientation – et notre intention – avaient été clairs, nous
serions à présent illuminés dans notre existence d’homme par l’unité que la matière
nous révèle. Notre conscience en aurait grandi d’autant, alors que nous avons
surtout démesurément amplifié l’ombre de notre « moi ».
Le fait est pourtant que notre conscience s’est développée. Mais pour le savoir,
pour l’éprouver vraiment, il nous faut d’abord nous libérer de l’obscur péril de nos
contradictions.
112.
Pour bien comprendre ce que la connaissance ou l’usage vrais des forces physiques
et matérielles requièrent de notre conscience, il nous faut trouver, ou retrouver, le
contact intérieur direct à l’identité de la Terre, à son rôle et sa fonction véritables
dans l’évolution, comme à la vérité vivante de tout ce qu’elle porte, soutient et
recèle, et à la profondeur et l’intimité qui nous unissent à elle.
Il nous faut réaliser la divinité de la matière.
L’usage de ces forces peut, comme nous le voyons, conduire à un assujettissement
et une aliénation de plus en plus tyranniques, à faire de la Terre un désert invivable
et puant et de l’homme un désert intérieur ; ou, plus brutalement, à anéantir le
corps du possible et de l’expérience.
Et il peut nous mener à une simplicité évoluée de la vie physique, à une libération
du temps ; nous permettre l’exploration et la découverte de formes nouvelles plus
adaptées à notre besoin d’être ; nous aider à nous délivrer progressivement de
l’esclavage aux nécessités physiques quotidiennes ; ouvrir l’espace de notre
expérience et nous assister dans l’évolution de nos choix.
Tout est lié.
Dans notre monde aujourd’hui, c’est le mésusage du pouvoir de l’argent qui
détermine négativement notre orientation dans la découverte et l’utilisation des
forces matérielles.
113.
Dans une vie commune dont le principe à manifester est une anarchie divine, une
spontanéité consciente, la créativité de chaque être doit s’unir à sa vérité et en
devenir l’expression.
Ce que nous appelons parfois l’art et parfois la culture et parfois la science, est
encore l’expression de toutes les influences contradictoires d’une réalité
fragmentée, divisée, séparée, arbitraire.