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99.

Ainsi notre monde est-il devenu ce grand status quo ; nous en avons exploré, défini

et masqué toutes les avenues de liberté, c’est un grand possible qui s’est clos.

Nous avons gagné le répit de quelques illusions finales, l’illusion du pouvoir et de la

maîtrise par la séduction de la machine, l’illusion de l’aventure par l’explosion

provoquée des sensations ou des perceptions du mental, l’illusion de la liberté par

la révision brutale de nos morales.

Mais le vrai pouvoir, la vraie maîtrise, la vraie aventure et la vraie liberté d’un Etat

conscient physique, intégral, progressif et ouvert, sur la Terre, dans la Matière, il

nous faut, pour les trouver, évoluer.

Et il ne s’agit d’aucune évolution psychologique, d’aucune amélioration physique,

que nous puissions par nos propres efforts accomplir.

Il s’agit d’un changement d’état.

Il nous faut apprendre à nous donner à Cela qui peut ouvrir le passage.

Et pour s’y donner, il faut d’abord le reconnaître et le choisir.

100.

C’est là. Ca aime et Ca veut.

On est des riens dans cette Coulée. Et pourtant, on est très importants.

Il nous faut de la confiance et de la transparence pour aider et participer.

Il nous faut être à l’écoute, et y porter chacun de nos petits et de nos grands choix,

comme des enfants qui vibrent tranquillement de leurs fleurs ramassées, avec la

confiance active que tout a un sens, que le grand Devenir est réalité vivante, et

qu’il nous faut seulement apprendre à ne plus, désormais, nous en séparer.

Tout petit j’avais le sens aigu de certaines dualités, auxquels je semblais être

particulièrement lié, et dont les pôles opposés semblaient, à valeur et intensité

égales, être inscrits dans mon expérience : masculin, féminin ; proche, lointain ;

humain, étranger.

Elles m’exposaient autant aux chocs de leur vérification extérieure qu’à

l’étouffement de ma participation à un monde d’où les moyens de leur expression

étaient absents, ou refoulés.

101.

Par la force des contradictions que ces dualités révélaient ou soulignaient dans la

vie, elles m’ont obligé à chercher, à discerner, identifier et éprouver l’état qui les

soutient également, et à découvrir et évaluer la viabilité de sa pratique.

J’ai plus tard appris que, dans notre passé, ce n’est qu’au sein de sociétés dont la

vertu présidente n’était pas la raison intellectuelle mais une intuition plus profonde

– quelque part à la jonction de la vie, du mental et de l’esprit -, que la

manifestation individuelle de ces dualités particulières était reconnue et acceptée.

Mais encore l’était-elle avec des précautions spéciales, et une fonction spéciale lui

était-elle assignée, et un certain isolement fait de révérence et d’une crainte

« sacrée ».