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Il y avait maintenant besoin pour chacun de trouver ou retrouver son propre accès
direct et libre d’influences à la force et la lumière du chemin, à la présence qui
seule compte, et de passer à une compréhension plus vraie et mieux éprouvée de
notre multiplicité.
D’apprendre, seul aussi, à percevoir directement les nécessités de l’unité.
92.
Il y a généralement une grande confusion à propos du pouvoir.
Nous avons élaboré, comme en tangente du problème, diverses méthodes pour
identifier le dédale des conséquences d’une dissociation du pouvoir propre à
l’individu : le pouvoir de choisir.
Nos cultures, presque sans exception, nous conditionnent à soumettre notre
volonté consciente à toutes sortes de structures, de formes et d’images qui
l’éloignent de sa propre référence vivante.
Transmissibles, ces structures sont devenues de plus en plus complexes dans le
temps ; et même lorsque certaines d’entre elles sont finalement brisées ou rejetées
comme des carcans devenus trop insupportables, la cause subtile de leur formation,
qui justifia leur rôle, demeure agissante.
L’ « éducation », nous nous en apercevons maintenant que nous sommes tous
confrontés à l’universelle débâcle de nos valeurs, comme à notre impuissance à
contrecarrer les effets endémiques de notre misère intérieure, était devenue
synonyme d’un terrorisme intellectuel, moral et culturel par lequel nous
reproduisions la même perpétuelle infirmité et nous rendions incapables de choisir.
93.
Les conséquences de cette infirmité s’éprouvent à chaque instant de notre vie,
qu’elle soit « publique » ou « privée ». Elles s’inscrivent dans chaque relation, si
anodine soit-elle, de l’individu à l’autre et aux autres, à l’environnement, mais aussi
dans chaque perception que l’individu a de soi-même, de l’existence et du monde.
Elle, en Son ultime et libre bon sens, a tenté, parmi ceux qui s’étaient réunis autour
d’Elle, d’inculquer le sens d’une « éducation » qui, au contraire, assisterait l’être
individuel dans la croissance solide de son propre contact direct et unique à la
vérité du monde.
Une éducation qui serait une présence attentive, disponible, en éveil, au service de
la libre découverte de soi, du dynamisme propre à chaque existence ; qui mettrait à
la disposition de l’enfant et de l’adolescent les éléments et les clés de connaissance
physique, pratique, psychologique et spirituelle dont spontanément il exprimerait le
besoin ; qui accompagnerait sa découverte du monde pas à pas, et sa
reconnaissance progressive de sa propre cause profonde, de son propre choix
essentiel d’exister et de participer, de ses propres moyens de remplir sa fonction
parmi les autres, de contribuer à l’évolution et de servir ses buts, de s’unir à ses
rythmes…
Une éducation qui aiderait l’enfant à préserver et développer sa liberté de choisir et
de manifester ; qui l’aiderait à percevoir les nécessités communes réelles, dans une
lumière impartiale ; qui l’aiderait à conserver, approfondir, élargir, préciser, et
vérifier ses propres ressources intérieures originales, à garder le sens vivant de son
appartenance à la grande Source d’être, et des termes de son propre engagement.