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Tous nos malentendus proviennent de ne tenter la pratique que d’un choix de
surface, un choix entre des objets, entre des finalités qui s’opposent ou se
contredisent. Ce choix superficiel fait intervenir les préférences, les opinions, les
positions, les réactions, et toute la cohue de notre mental dissocié, et tout le poids
de son jugement qui repose sur la dualité.
104.
L’in substantialité de nos choix produit la nécessité de recourir à des moyens
arbitraires et extérieurs pour les affirmer et les effectuer, alors que leur
superficialité même les rend inaptes à traiter les causes des disharmonies
auxquelles ils prétendent remédier.
Dans une aventure commune dont le fondement est la liberté au service de la
découverte et de la manifestation d’une vie plus consciente et plus vraie, d’une
unité progressive, l’on réalise que, tant que chaque participant ne pratique pas le
choix profond et ne développe pas la perception centrale d’une direction et d’une
orientation qui graduellement se révèle et s’affirme dans la vie, cette confiance
collective qui seule permet une organisation ouverte et plastique aux nécessités
imprévisibles du chemin est impossible, ou demeure entravée.
On se voit alors contraint de reprendre l’usage des vieux artifices, et d’avoir encore
recours à cette parodie du pouvoir : l’autorité, le pouvoir de décider et d’appliquer.
On réalise que cette communication directe des êtres qui apprendraient
mutuellement les uns des autres par le fait constant de leur aventure et de leur
découvertes individuelles, demeure prisonnière de nos jugements extérieurs et
partiaux, étouffée par les images de nos manques ; et que cette richesse croissante
d’être nombreux à chercher et révéler, d’être ensemble les découvreurs
complémentaires du chemin, demeure réduite, étranglée par une idée sans pouvoir
de notre unité.
105.
On réalise que le partage de notre expérience de l’idéal et de sa force consciente,
comme de la surprise de son action, de l’épreuve de sa portée et de sa vérité dans
la vie et la matière, demeure englué, stagne dans la formation d’exclusivismes et
de subtiles rigidités.
Confrontés au brassage localisé de plusieurs races et de nombreuses cultures, on
réalise que, tant que chaque individu présent au travail n’a pas choisi l’homme,
l’universel, la conscience, n’a pas éprouvé suffisamment le besoin de ce choix qui
est orientation et ouverture à un changement d’état, l’on retourne, dans l’ensemble
et malgré l’évidence de l’appel, à l’ornière de l’habitude et aux complicités raciales
et culturelles.
Le monde se referme, à nouveau cloisonné.
Il est impossible et insensé d’abolir les genres, les structures, les classes, les
cultures, les races, tant que l’individu ne choisit pas la conscience, d’un choix
profond, plutôt qu’entre ses formes présentes, dans un choix de préférence.
Le choix de la conscience et le choix évolutif sont un.