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80.
Nos instants diffèrent ; ils sont de nature, de vitesse, de force et de densité
différents, et cependant un même temps les égrène, le temps de nos corps, et là se
mesure leur vraie puissance dans le devenir.
Partout où se déclare un terrain pour l’expérience, si petit ou restreint soit il, nous
avons une règle, une loi ; et seul cet enfant au-dedans peut la dire…
Quand on est, on est ; c’est tout.
Il n’y a pas de « moyens », mais la grâce de ce besoin.
Et là où on n’est pas encore, alors on n’imite pas, on ne prétend pas, on ne touche
pas au pouvoir : c’est l’humilité.
A ceux qui ne peuvent pas attendre de grandir vraiment et ne respectent pas la loi,
nous disons « chacals ! » - faute de mots, car le chacal est une fonction, il n’y a
rien à en dire – et nous tirons leurs masques ; s’ils le voulaient, ils sauraient bien
que ce message est d’amour ; mais ils ont choisi de perpétuer l’illusion…
Au cours des années d’après 1973, en ce qui concerne Sa « ville », il y a eu comme
trois temps majeurs, ou trois milieux simultanés, interactifs mais distincts.
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Le premier de ces trois milieux est celui de cette lutte, souvent ardue et mesquine,
pour sauvegarder la possibilité, et préserver les fondements de cette « ville »,
l’authenticité de son ouverture et de son sens : cette bataille contre ce et ceux qui
veulent s’en emparer et la réduire à une vitrine rentable et figée.
Le second est celui dans lequel se manifestent les travers, les contradictions et les
impossibles de notre nature d’humains.
Le troisième est celui de l’aspiration et de l’effort constants pour intégrer dans le
concret les termes de Sa vision et les tenants de Sa plénitude, sans les trahir ni les
dénaturer, mais en s’unissant toujours plus solidement à leur sens. Ainsi ce fut
d’abord la publication, laborieusement délivrée des griffes courroucées de ceux qui
voulaient vendre une image et subsister de leurs dividendes spirituels incontestés,
de toutes ces notes, ces observations et ces tentatives de description qu’Elle avait
eu le temps de communiquer de cette mutation lente mais foudroyante, de cette
nouvelle naissance matérielle, cette révélation en cours d’un divin matériel.
C’est dans le corps que l’on progresse.
La matière situe l’évolution ; elle est son lieu.
La matière manifeste l’évolution ; elle est son corps.
Nous sommes essentiellement des êtres évolutifs, et c’est en cela que l’homme
diffère de toutes les autres créatures.
L’insatisfaction perpétuelle de l’homme, qui toujours l’isole et le démarque, est
l’ombre extérieure incomprise de cette grande Poussée en avant, de ce vaste
mouvement de révélation progressive et de devenir.
L’homme parfait, l’homme entier, l’homme complet, l’Homme glorieux n’est que le
modèle qui soutient nos efforts, l’aimant de notre perfectionnement, et l’étalon de
nos proportions relatives. Il est statique.
Il n’est pas notre essence, bien qu’il nous protège encore du vertige de la
destruction.