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Le grand marasme de la dualité nous reprenait dans son étreinte gluante à jamais

incertaine.

78.

Et « nous », de l’autre « côté » ?

Il nous a fallu re-hisser les drapeaux, re-prendre les flambeaux, re-fourbir les codes

et les lois et, pour adoucir ce labeur trop connu, adhérer à cette croyance que

l’ennemi resurgi nous renforcerait et nous aiderait à construire notre unité ; riant

de lui, ce vieil impuissant coléreux et jaloux qui paradait encore sur les ruines

fumantes de son monde, qui en fait n’était là que pour ça : pour nous aider et nous

stimuler et nous éclaircir…

Et ainsi béait sous nos pas le gouffre d’un piège plus subtil et dangereux, celui de

s’en remettre à l’adversité, à l’opposition, pour éveiller notre aspiration – justifiant

et légitimant ainsi, dans notre passivité, la nécessité de sa fausse réalité.

Et ainsi la méfiance – juste à côté du rire et de l’héroïsme facile – reprenait ses

droits.

Pourtant, péniblement, et douloureusement au regard d’une exigence plus grande,

on a fini par la remporter, cette pauvre victoire qui ne décide, finalement, que de

presque rien – mais aussi de presque tout, puisqu’elle porte le choix de la

direction…

Puisque ces rôles avaient ressuscité de leur côté, il nous fallut bien, avons-nous cru,

reprendre les nôtres, et lutter dans les règles, pour rejeter de l’espace réservé au

travail l’influence dissolvante et rétrograde, annihilante et avide du vieux mensonge

auquel l’homme s’est lié.

79.

Mais la vraie victoire – car, quelque part, elle existe, elle attend – sera d’avoir pu

dans le temps, par la force de persévérance d’un choix profond et sûr, réaffirmer,

pour Elle, que ce chemin-là et cet Avenir a trouvé dans l’homme sa jetée et son

port, et que l’attache y tient bon.

Fatigués dans notre partage, encombrés de soupçons et de petites hontes, un

certain nombre de nos images abandonnées à la bataille ou défaites par le temps,

mais plus entiers pourtant par un besoin devenu plus matériel, tâtonnant à l’écoute

de cette source qui renouvelle, émergeant hésitants d’un cauchemar dont les

ombres se meuvent encore sur le chemin, on a peut-être rejoint la ligne de départ,

un peu plus humbles par le retard… ?

Il y a ces millions d’instants qui ne font jamais une somme.

Et l’on vit. On est là, matériel.

La sève monte, inlassable, dans les plantes et les arbres, portant le feu qui incarne,

la force qui manifeste.

Chaque cellule a son code et son parcours, chaque atome est réponse tournoyante

au besoin d’être et d’être…