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Elle qui sait, pleine de ce qui doit venir, S’est reculée pour mieux construire.

74.

Chacun a sa manière de fuir, de ne pas devenir : on a une prédilection pour le

désespoir, ou la révolte, le mutisme ou le bruit, le retrait ou la suractivité.

Mais là, devant ce qui venait de se passer, confrontés à la disparition de Sa

référence tangible, l’étendue et la profondeur mêmes de la question qui se posait

rendait nulle toute fuite.

C’était plutôt comme d’être passé, sans s’en rendre compte, d’une marche dont la

sécurité était cette Certitude par Elle incarnée, à un autre mouvement de

progression dont la seule sécurité serait l’intensité d’une question vivante qu’Elle

pourrait habiter, par où l’on pourrait La retrouver, plus vrais et plus prêts.

Alors restaient sur la scène des petits hommes, des morceaux d’humain, des

représentants de l’impasse, sollicités du dedans d’eux-mêmes par un certain appel

qui les faisait se retrouver là, et dans leurs mains les fils d’un chemin multiple,

impossible et léger, ou d’une œuvre considérable dont la responsabilité pesait déjà

trop lourd.

Et rien à montrer à la foule, que les apparences d’une utopie ambiguë ou d’un

luxueux idéal.

75.

Que se passe-t-il, que reste-t-il quand on n’a plus de famille, de clan, de parti, de

nation, ni de but vraiment, quand on n’a plus de rival ni d’ennemi, quand on n’a

plus rien à fuir ni à revendiquer, plus rien à prouver ni à détruire, plus rien à

prendre ni à retenir, que reste-t-il quand on est tout nu, seul avec d’autres aussi

nus sur une terre nue devant un avenir nu ?

Quelques mots résonnaient dans ce silence, encore incompris :

« Nous voulons une race sans ego ! »

Cela ne se ferait pas en un jour.

La racine de l‘illusion demeure, prête à repousser au dehors au premier geste

séparé.

Et elle repoussait. C’était normal.

Mais ses justifications lui étaient retirées. On commençait de voir la chose à vif, de

la vivre directement, à la seconde : la séparation ; la coagulation immédiate, dans

l’acte, dans la pensée. Crue, et sans fard.

Le problème.

Alors c’était maintenant : il y avait un lopin de terre ; une aide était tangible.

Il faut passer.

On était là sur ce chemin amorcé.

Et il fallait trouver, commencer de trouver ce qui, au monde, à tous les mondes,

peut construire l’unité de l’être, l’unité vraie, la vérité solide : ce Roi conscient qui

n’exclue ni ne divise, ne mutile ni n’usurpe, ne favorise ni n’occulte, ce Roi qui est,

et répand le pouvoir d’être vraiment…