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Satprem : Mais oui, je n’arrête pas de le dire, n’est ce pas.
Depuis le début, depuis dix ou douze ans que j’essaie de leur dire : attrapez cette
Puissance, attrapez Ca, attrapez la vraie chose.
Mais c’est la seule chose qu’ils n’attrapent pas.
Ils ne comprennent pas que, réellement, on va dans le noir – on va dans le noir, et
c’est blessant. Je ne sais pas… j’ai tellement usé, usé, usé des peines et des
chemins comme ça, sans rien comprendre, sans rien savoir. Et pourtant, tu vois,
c’était de marcher qui importait, c’était de se casser la figure qui importait. Il n’y a
pas de livre pour ça, il n’y a pas de recette pour ça. Il faut mettre la Puissance en
route, c’est tout. Et alors, tout le reste découle. Tandis qu’ils font l’inverse : ils
veulent ‘bâtir’ Auroville sans mettre en route la puissance intérieure, alors c’est une
farce, c’est un mensonge. Et ça, c’est beaucoup la pourriture de l’Ashram –
beaucoup ! C’est l’Ashram qui les a contaminés. Enfin…
Ils veulent faire une petite humanité ‘proprette’. C’est cela, leur idéal le plus
sublime. Proprette, et puis décente, avec un bon nom, et puis on a de l’idéal, on fait
une jolie ville, c’est ‘l’unité humaine’ – une belle petite humanité toute proprette, là.
Eh bien, ce n’est pas ça.
Une humanité proprette, ce n’est pas possible, parce que l’humanité est faite pour
être dépassée. Elle est finie, l’humanité, elle est en train de crever. Alors c’est là, le
prochain pas. Mais le prochain pas, personne ne le connaît : il faut le faire.
Et alors, on met en branle les forces. C’est tellement fantastiquement automatique.
On met en branle les forces – tout de suite. Tout de suite ! Dés que vous voulez
faire un bout de… un centimètre sur le vrai chemin, alors là vous êtes attaqués :
tout de suite l’Ennemi montre ses vraies griffes, ce qu’il est. Et tout de suite il y a la
Grâce qui est là (geste côte à côte). A ce moment-là on est en route. Alors on
commence à voir tout le Jeu ; on commence à comprendre le Jeu du monde.
C’est la seule chose que j’avais à dire : ça ne sert à rien de changer de pays. Il faut
changer de manière d’être. Et l’opération est aussi difficile que pour un vieux
poisson de sortir des eaux et d’inventer des poumons. C’est aussi difficile. Il ne
s’agit pas de changer d’idée, hein, il faut changer de manière d’être.
(Silence)
Il y a comme… quelque chose de Mère qui dit : ‘Tout de même, encore du gâchis ?’
Mère n’aime pas le gâchis. Alors pourquoi gâcher des forces, encore ? On peut
encore essayer de le leur dire…
Voilà, il n’y a rien à dire. Moi, ça me fatigue de parler – je ne suis plus dans ce
monde-là… »
***
*21-8-1985, Auroville:
I feel the Force again, and I am at once grateful and anxious…
Let it stay, and not leave me again, let it act and burn and work and break and
dissolve and churn, and bring the peace and silence; with it the world, and all life,
all existence make sense; without it, nothing does…
The moral censor in me tells me this is not possible, as I must first give up all
desire, sincerely etc. But my experience is the other way around: when it is there,
present and active, all desires simply go to ashes, and only then, in its Presence,
comes the joy of surrendering, of being taken apart and remoulded into whatever it
sees…