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(Silence)

Il faudrait conjuguer les forces. Il n’y a pas beaucoup de temps – il n’y a pas

beaucoup de temps. On m’avait montré vingt centimètres d’eau sous la quille –

c’est peut-être la quille du monde. Il n’y a pas beaucoup de temps. ET vraiment il y

a une puissance si formidable qui est là – qui est là, comme ça (geste sous la

main). Qui en veut ? Seulement, ça brûle, hein ! ça brûle ! Oh ! ce n’est pas difficile

de se mettre sur le chemin : on s’en aperçoit tout de suite ! On s’en aperçoit tout

de suite, on vous le fait percevoir tout de suite.

Donc, les quelques-uns qui comprennent un peu, il faudrait qu’ils comprennent

encore plus profondément. Ca, ce serait plus efficace que de s’en aller à Paris, à

Berlin, au Kamchatka ou je ne sais où ; ça, ce serait le vrai chemin. Et il n’y a pas

besoin de former des ‘équipes spéciales’ : c’est un boulot individuel, n’est-ce pas ;

et c’est ça, le vrai pouvoir d’Auroville – qui n’est pas. Qui est là, qui attend. Alors,

la ‘perte d’Auroville’, vraiment, cela n’a aucun sens pour moi : ce sont des choses

de l’avenir – je ne suis pas prophète. Mais son présent, ce sont des individus. Et

cela, c’est l’affaire de chacun – ils comprennent, ou ils ne comprennent pas. Mais en

réalité, ce sont eux qui tiennent la clé du moteur d’Auroville. C’est tout.

Il n’y a pas autre chose à dire : c’est l’essence.

Sujata : Vous avez dit tout à l’heure que ce pouvoir formidable qui est là, comme

ça, ‘brûle’… Qu’est-ce que ça veut dire exactement : si c’est non utilisé, ou… ?

Satprem : Si c’est non utilisé, il ne brûle nullement ! Il vous laisse à toutes les

forces qui sont là – il vous laisse être boulotté par tout le reste, c’est tout. C’est une

grâce, cette puissance – une grâce difficile – mais si l’on ne s’en sert pas, si l’on ne

veut pas l’appeler, elle vous laisse à la bouillie générale du monde, jusqu’au jour

où : plouc, c’est fini, et puis voilà… on recommence. Mais si l’on appelle la Grâce, si

l’on se met en route, alors là c’est du feu… ouf ! C’est du feu, et c’est une bataille.

Là, on comprend tout – on le comprend automatiquement. Tu sais, il n’y a pas de

discours à faire, il n’y a pas de livres à écrire : on le comprend sur le vif. On

comprend la réalité de l’Enjeu, les forces qui sont là – l’ABOMINATION qui est là. Et

la Puissance merveilleuse qui est là (geste côte à côte). Mais l’abomination, elle sait

vous montrer comme elle est méchante…

Le chemin est automatique. Automatiquement on met les forces en branle. Il n’y a

rien de plus ‘enfantin’, si je puis dire. Sri Aurobindo disait ‘le Supramental

s’expliquera de lui-même’. Eh bien je t’assure qu’il s’explique très bien de lui-

même ! Il n’y a pas de discours à faire. Seulement, si l’on ne fait rien… eh bien,

vous ne faîtes rien : vous avez un joli nom, tu vois, et puis votre joli nom ira en

poussière, et puis voilà. ‘Liberté, Egalité, Fraternité’, c’est une farce, n’est-ce pas.

Alors j’espère qu’Auroville ne sera pas une farce, c’est tout.

Mais Auroville n’est pas. Auroville, c’est ce que les composants le feront devenir. La

situation interne d’Auroville, je la connais bien ; ce qui se passe à l’extérieur, c’est

la bouillie habituelle, avec des plus et des moins, mais enfin cela ne m’intéresse pas

– ça ne me déçoit pas ni ne m’enthousiasme. Mais les individus, les éléments du

Travail, qu’est ce qu’ils foutent ?

Depuis douze ans que Mère est partie, eh bien toi et moi, on a peiné, et on a

marché, et on ne savait pas où mettre ses pieds… Eh bien, c’est ça le progrès : on

ne sait pas où on va, et c’est peinant.

Qu’est ce qu’il y a à dire d’autre ?

Tu as quelque chose à dire ?

Sujata : Ils ne font même pas l’effort…