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mieux que les quelques-uns qui sont sincères conjuguent leurs forces ; mais
‘conjuguer’, cela ne veut pas dire former des comités, n’est-ce pas ! Cela veut dire
que, silencieusement, sans même le savoir, chacun de ceux qui sont sincères,
automatiquement et invisiblement va aider les autres : les forces se multiplient,
n’est-ce pas, se conjuguent. Tandis que cela ne sert à rien de partir. Cela ne sert à
rien, d’être négatif.
Il y a un certain nombre d’éléments qui sont là, et qui sont sincères – eh bien, qu’ils
poussent davantage leur sincérité.
Ils vont se retrouver sur le pavé de l’Occident, ou sur les routes de l’Himalaya, ou
que sais-je, et… pfft ! Quoi ? A quoi ça les avance ? Il faut la construire, Auroville, il
faut la construire du dedans. Sri Aurobindo n’a pas arrêté de le dire : le monde
nouveau, il se construit de l’intérieur. Alors qu’est-ce que cela veut dire ? Ils ne se
posent pas les vraies questions ! Moi je me suis usé les pieds à me poser des
questions ! Je les ai posées, tu sais, en boulonnant.
Ce n’est pas la question de changer d’endroit, ni même que chacun change le
travail qu’il fait (que ce soit, je ne sais pas, planter des cacahuètes ou… je ne sais
pas ce que font les uns et les autres), ce n’est pas la question de changer leur
travail, c’est réellement une question intérieure. Et individuelle. Leur action
extérieure peut être ce qu’elle veut – elle sera nécessairement imparfaite parce que
tous les hommes sont imparfaits, et nécessairement ils se heurteront à d’autres ego
parce que le monde est plein d’ego. C’est comme cela. Mais tout change à partir du
moment où réellement on… on décide : mais voyons, Sri Aurobindo a dit cela : ‘Si
l’homme ne veut pas se dépasser, il sera dépassé ; un autre être viendra et
prendra la tête de l’évolution.’ Ils ne comprennent pas la… le Sésame… Ils ne
comprennent pas ! Ils ne comprennent pas qu’il y a des clés formidables – ils ne
s’en servent pas. On est au moment où toutes les clés sont là (geste sous la main),
c’est une Grâce sur la terre. Et ils ne s’en servent pas – quoi, qu’est-ce qu’ils en
font ? Qu’est-ce qu’ils en font, de cette Grâce formidable, qu’est-ce qu’ils en font ?
Ils veulent ‘arranger’ Auroville, c’est ridicule – on n’arrange pas Auroville, on
n’arrange pas… ça n’a aucun sens, d’arranger Auroville. Ce qui a un sens, ce sont
les individus qui FONT DEVENIR Auroville. Auroville n’est pas. Elle est dans… (geste
au-dessus). C’est une possibilité. C’est comme l’âme : chaque individu, chacun de
ces quatre milliards et demi d’ignorants naît avec une âme – mais qui s’en sert, de
l’âme… Elle est là, comme ça (geste au-dessus, un peu loin), et il y en a combien
sur un million qui pensent, qui savent qu’ils ont une âme et que cette âme a un
pouvoir ? Combien ? Eh bien, à Auroville c’est la même chose : il y a l’âme
d’Auroville qui est là… quelque part (geste)…
Mais si l’on ne met pas le moteur intérieur, il n’y a rien : ça reste là-haut (geste),
c’est tout. Ou alors il y a une caricature, comme à l’Ashram, comme à
Shantiniketan, comme partout, toute les institutions. En Europe… en France, ils
sont partis avec des mots magiques qui étaient vraiment des mots très merveilleux
il y a quelques siècles : liberté, égalité, fraternité – c’est beau, tu sais, c’est beau, il
y a de quoi faire brûler des cœurs. Ce sont quand même des Français qui ont crié
ça. (Satprem contemple les trois mots) Liberté… Egalité… Fraternité… Ah ! la
République a bien réussi en France, hein ? Elle est belle ! Alors, qu’est-ce qui reste
de toutes ces choses ? S’il n’y a pas la puissance intérieure, il reste des masques
grotesques.
(Silence)
Ce n’est pas la question d’Auroville, c’est la question des individus qui sont là, et de
leur capacité de faire le progrès réel. Alors on pourra reparler d’Auroville.
Le progrès, ça veut dire quoi ? Que tout se casse : c’est ça, le progrès. C’est très
difficile, le progrès. Si tout va bien, c’est qu’on n’y est pas du tout… !