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complètement démontrée ; et puis j’ai peur, sûr de rien, parce que j’ai lu qu’Il disait
que le Purusha pouvait ne pas se soumettre à Ta Grâce… !
Bref, je ne sais pas du tout où j’en suis !
*17-4-1972, Paris :
J’ai comme la perception, ténue, très silencieuse quelque part dans tout ce
vacarme, de ce que Tu veux de moi, de Ta volonté centrale en moi, et que tout le
registre de mes attitudes est comme une épaisseur mensongère à laquelle Tu
restes indifférente, et aucune lamentation, aucune croyance, aucun trucage, si
habité, si vécu soit-il, ne saurait Te faire bouger de Ta divine neutralité.
Il faut que je vienne à Toi, il faut que je me rende à Toi.
*23-4-1972, Saint B. :
Je n’ai plus d’amour, rien qu’une répulsion froide et violente pour notre nature
humaine, je n’ai d’élan, de goût, de force, d’aspiration pour rien ; lourd d’un
sommeil plein de petitesse… j’ai besoin de changer, ou je préfère renoncer, quitter
la vie… C’est comme çà depuis l’enfance : besoin de changer, certitude de changer,
puis l’ego et, quand ça ne va pas, le désespoir et le désir de ne plus vivre…
Je suis d’une trop petite trempe
Je ne veux plus rien faire sans joie. Croire à sa propre sadhana, c’est satisfaire .un
ego peut-être encore plus redoutable…
Si au moins à la place que j’occupe il pouvait y avoir un être conscient de Toi, de Ta
Grâce, qui ne réclame ni ne proteste, alors cela ferait comme une petite joie, une
petite flamme permanente sur la Terre, et ce serait bien utile…
*24-4-1972, Saint B. :
Je ne crains pas trop d’avoir encore des années et des années à vivre dans cette
conscience semi ordinaire, en transformation progressive, sans rien de vraiment
concret ou établi ; ce que je crains, au fond de moi, de je ne sais quel moi, ce qui
me hante, c’est cette peur bien générale que je ne parviens pas à repousser, cette
peur contre laquelle je peux lutter clairement devant l’autre mais que je ne
parviens pas à anéantir en moi-même, cette peur que Tu doives quitter le corps :
que ferions-nous ?
Pourtant il me semble que cela ne peut pas se passer ainsi ; que nul ne peut savoir
mais que, ce qui est certain, c’est que cela ne se passera pas ainsi, qu’il n’est plus
question de la mort du corps, que le corps a passé… Mais il reste cette crainte, que
la conscience humaine ne soit pas apte à Te suivre, que Tu ne puisses plus Te
montrer à des natures non transformées…
*25-4-1972, Saint B. :
C’est dans la vie même qu’il faut gagner la foi. C’est ici même qu’il faut Te trouver.
C’est un drôle de chemin. C’est Ton vrai chemin.
***