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abandonnes la direction physique. Je ne dois pas chercher à comprendre. Je sais

que tout sera fait, et plus grand que nous l’espérons.

Je sais ceci : Tu ne peux pas partir. Ce n’est pas Ta Volonté.

Ta Volonté est d’assumer toutes les transformations, ici, sur terre.

Alors, il faut que nous nous fassions tout petits, des corps aimants sans ego, à Ton

service, sans rien Te demander que la lumière et la force de Te vouloir.

*19-12-1972, Paris :

Je sens que je ne peux plus me reposer sur Toi de la même manière, mais que je

dois Te trouver plus intérieurement, plus concrètement, plus dans le présent.

*20-12-1972, Paris :

Après ce film qu’ils ont passé (à la télévision) sur la ville, sur l’Ashram, sur Ton

Darshan, sur Matrimandir… j’étais sans comprendre pourquoi Tu me voulais encore

loin de Toi… j’aurais tant voulu servir Matrimandir…

Puis, un frère est arrivé, et une expérience avec lui que je ne comprend pas.

Puis-je T’offrir tout ce mélange ?

C’est comme une mer qui se bouleverse, je ne sais que T’offrir… tout est depuis

quelques jours une incohérence, et inexprimable…

… « Dis-moi ce que tu as le plus peur de me dire… » Tu le sais, j’ai parfois essayé

de Te l’offrir… cela monte de cette partie de moi qui se veut le centre du monde et

croit à son propre rayonnement…

*21-12-1972, Paris :

Ma tête est une bouillie brûlante assaillie sans cesse. Je suis tout tremblant.

Toute la nuit était cette lutte. Au début, les ondes de désir provoquaient un choc

électrique qui soulevait mon corps. Puis quelque chose de mécanique a commencé

de réciter en Anglais des vers de « Savitri », durant plusieurs heures ; lorsque le

désir gagnait de l’adhésion en moi, cette mécanique perdait la mémoire et

m’obligeait à me concentrer à nouveau sur « Savitri », jusqu’à ce que les vers

reviennent dans leur ordre ininterrompu. Lorsque, par usure, ce désir a gagné, j’ai

basculé. C’est là que j’ai senti que, de toutes manières, maintenant on allait

monter, comme un nageur qui a touché le fond.

Enfin, c’est tout de même une zone pénible. Il vaut mieux ne pas avoir peur.

Je me suis rendu compte aussi que la peur du jugement que les Ashramites

pourraient porter sur moi a un peu… timoré ma nature !

Un soir dans la rue, alors que je marchais sous la première neige très fine, une

femme américaine s’est retournée et a semblé heureuse de me voir ; elle a dit

« c’est beau de voir comme le soleil avec toutes ces couleurs… ! », parce que j’étais

tout vêtu de rouge et c’était la nuit… Cela m’a réconforté…

Combien ma nature est peu généreuse !

*23-12-1972, Saint B. :

Aujourd’hui la traduction de « Savitri » m’apparaît presque comme une entreprise

impossible et vaine. J’ai une grande difficulté à reprendre. Si j’y parviens, il faudra

veiller à ne plus l’interrompre pour plus d’une journée.

… Je ne vis pas dans le Vrai et le Simple…