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Commue Suisse 5/14
Autre exemple, avec un projet en cours:
un géant orange souhaitait construire
un nouveau centre commercial. Dans la
conversation, le maire de Delémont,
Pierre Kohler, demande au représentant
de l’investisseur si celui-ci serait inté-
ressé, en sus, de réaliser, pour le compte
du canton et de la ville, une salle de
spectacles et des logements. Il est inté-
ressé. Afin que la ville ait la maîtrise
d’un des terrains visés par cette opéra-
tion public/privé, un échange de parcel-
les est nécessaire. Il est finalisé en
20 jours! «C’est l’avantage d’une petite
ville. Tout le monde se connaît. Il est
toujours possible de vite joindre un chef
de service cantonal ou même un con-
seiller d’Etat si besoin est.»
Des projets qui doivent façonner le De-
lémont de demain, l’urbaniste en dé-
nombre une quarantaine. Une quinzaine
sont déjà engagés. Ils concernent des
commerces, mais aussi des logements,
des constructions et des aménagements
publics. Ils s’inscrivent dans le cadre
d’une politique d’urbanisation vers l’in-
térieur, orientée vers la densification et
la réhabilitation des friches urbaines au
centre-ville. Delémont n’a en quelque
sorte pas attendu la révision de la Loi fé-
dérale sur l’aménagement du territoire,
qui entrera en vigueur le 1
er
mai 2014,
pour mettre en place une politique vo-
lontariste afin de limiter le mitage.
Aide au projet plutôt que
police des constructions
Les promoteurs ne se pressent pas à
Delémont comme au bord du Léman.
Ils avaient même disparu pendant des
années. «Quand certains sont revenus,
nous avons décidé de les aider et de les
accompagner tout au long de leurs pro-
jets», détaille Hubert Jaquier. «Ceci a
demandé un changement de pratique
dans l’administration – expressément
mentionnée dans le plan directeur de
1998. Mes prédécesseurs faisaient es-
sentiellement de la police des cons-
tructions. Un promoteur venait, nous lui
faisions savoir ce qui n’allait pas, puis
nous attendions qu’il revienne avec son
projet modifié. Et parfois, il ne revenait
pas. Désormais, nous sommes dans
l’aide au projet. Il y a bien sûr des cadres
et des règles de référence, mais il faut
aussi savoir faire preuve de souplesse.
Nous avons développé de nouveaux
instruments, fait mieux connaître les in-
tentions de la ville, anticipé et pris l’ini-
tiative de la négociation et de la recher-
che de solutions, tout en montrant
l’exemple en tant que maître d’ouvrage.
Avant, nous pouvions passer trois ans à
discuter de détails, c’est terminé.»
Aide fédérale
aux agglomérations
Une administration réactive, un maire
dynamique doté d’un carnet d’adresses
étoffé, Pierre Kohler, ancien conseiller
d’Etat et ancien conseiller national, des
contacts facilités au sein d’une petite
ville... Au chapitre des raisons du suc-
cès de Delémont, Hubert Jaquier n’ou-
blie pas l’aide fédérale aux aggloméra-
tions. «Nous bénéficions d’une aide fi-
nancière de 40% dans le premier projet,
de 35% dans le deuxième. Ces finance-
ments ont conforté nos politiques d’ur-
banisation du centre, et ont servi de
levier dans le développement des pro-
jets d’ infrastructures publiques.» Ap-
préciation suffisamment rare pour être
mentionnée, Hubert Jaquier qualifie de
«coup de génie» la politique des agglo-
mérations de la Confédération. Delé-
mont, qui a vu sa population augmenter
de 11266 à plus de 12 200 habitants de-
puis 2006, soit près de 1000 habitants
en plus, a l’immense mérite de ne pas
avoir laissé passer le train.
Nouveau plan d’aménagement local,
«Delémont, cap sur 2030»
La Ville n’entend pas s’arrêter en si bon
chemin. Elle réfléchit déjà à sa stratégie
future au travers de son nouveau plan
d’aménagement local «Delémont, cap
sur 2030». L’ambition est clairement
énoncée de poursuivre et renforcer la
politique mise en place afin de position-
ner favorablement Delémont sur le ré-
seaux des agglomérations et des villes
suisses. Le Canton du Jura, qui soutient
cette politique, vient ainsi de déposer sa
candidature pour un projet de parc na-
tional d’innovation en collaboration
avec les cantons voisins de Bâle-Cam-
pagne et de Bâle-Ville. Ce projet, qui
doit permettre au Canton du Jura de
s’arrimer au principal pôle national des
sciences de la vie, pourrait trouver un
ancrage dans le futur campus. Ce com-
plexe, qui accueillera environ 500 étu-
diants, s’érigera sur des terrains du pôle
de développement stratégique de la
gare, côté nord.
Au côté sud de la gare, la Municipalité a
déjà plusieurs projets ambitieux, dont
un centre de congrès, des bureaux, des
logements et des constructions publi-
ques, sur un espace de «Territoire de
confluence de l’agglomération» appelé
à devenir un des éléments phares de
Delémont pour les prochaines années
et décennies.
Vincent Borcard
DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL
L’implantation des commerces au centre ville
Photo: Ville de Delémont
et bientôt (en violet) au sud est de la gare.
Un campus, qui accueillera 500 étudiants,
Projet: IPAS-HRS
construit à doit être proximité de la gare.