DES LIQVIVRS.
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avant que les Romains leur eussent apporlé la vigne.
Nous voulons parler de l'hydromel.
Les
Gaules, couvertes de forêts, abondaient en
es–
saims d'abeilles, qui fournissaient une prodigieuse
quantité de mitll sauvage, que nos ancêtres
r~cueil
laient, el dont ils composaient une liqueur forte et
enivrante, par le moyen de la fermentation dans l'eau.
Telle fut longtemps leur boisson, qui s'appelait dès lors
hydromel. Vers le xv• siècle, temps où les abeilles
domestiques avaient pris la place des sauuges, el où
l'abondance du vin avait fait oublier l'usage de celte
liqueur, on inventa un hydromel vineux, peut-être
même ne fit-on que renouveler cette boisson, qu'il
est impossible que les Gaulois n'aient pas fabriquée.
Un ouvrage du xv• siècle nous apprendra la manière
de le faire et de le conserver comme du vin.
Les moines de l'abbaye de Cluny se régalaient
à
cer-–
tains jours avec de l'hydromel aromatisé, où
il
entrait
de la bétoine el d'autres herbes , et ils appelaient cette
liqueur
potus dulcissimw.
Le
marc d'hydromel trempé
d'eau était distribué aux valets de l'abbaye et aux
paysans.
La
bière était une boisson de nos pères. Pline nous
atteste qu'ils en buvaient de son temps ; mais ce qui
nous étonne, c'est qu'il ajoute qu'ils avaient le secret
de
la
conserver pendant plusieurs années.
Ce
secret est
perdu pour nous. Nous trouvons dans Diodore de Si–
cile que les Egyptiens avaient deux sortes de bière :
l'une forte, appelée
zichh;
l'autre douce, qu'ils nom–
maient
curmi.
Les Gaulois conservèrent celle dh·ision
11u'ils tenaient sans doute des Phocéens: leur bière forte