Previous Page  14-15 / 160 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 14-15 / 160 Next Page
Page Background

ÉMERGENCE D’UN NOUVEL ACTEUR DE LA FORMATION BANCAIRE

15

14

La télévision se diffuse dans les foyers et la

machine à écrire à boule arrive dans les bureaux. Le

traumatisme de la guerre s’estompe, laissant peu à

peu la place aux progrès technologiques et sociaux des

trente glorieuses. Au Crédit Agricole, les embauches

sont nombreuses mais les candidats ont souvent un

faible niveau de formation. En 1955, seuls 45% des

enfants d’une classe d’âge entrent en 6

e

et l’école n’est

obligatoire jusqu’à 16 ans que depuis 1959. L’enseigne-

ment des métiers de la banque n’existe pas encore.

LA FORMATION PROFESSIONNELLE

FAIT SON APPARITION DANS L’ENTREPRISE

Du côté des entreprises de services, il

n’existe pas d’enseignement professionnel, et pour se

former… il faut déjà être embauché. C’est le CFPB

(Centre de formation de la profession bancaire) qui

organise la formation professionnelle de la filière.

Le Crédit Agricole y a recours au même titre que

les autres banques, mais la volonté de se doter de sa

propre filière se fait très vite sentir. Si préserver la

cohérence entre les régions et les valeurs du mutua-

lisme en étaient les premières raisons, la volonté de

ne pas dépendre du CFPB et de ne pas partager ses

savoir-faire avec l’ensemble des acteurs du secteur

sera certainement un autre facteur déterminant.

« La volonté était de marquer ses spécificités, de les culti-

ver même »,

explique Pierre Clerc Renaud, directeur

pour les dirigeants de 2003 à 2013.

DÈS 1959, LE CRÉDIT AGRICOLE DISPOSE

DE SES PROPRES FILIÈRES DE FORMATION

Le Crédit Agricole crée son propre Centre

d’enseignement technique le 23 septembre 1959 et en

confie la direction à Raymond Benoît puis à Geneviève

Bénier. Le

CETCA

(Centre d’enseignement technique

du Crédit Agricole) dispense un enseignement par

correspondance sur le même principe que celui du

CNED (Centre national d’enseignement à distance).

« Au tout début, il n’y avait que deux niveaux : un niveau

modeste qui durait un an et n’ouvrait pas sur un diplôme.

Il était surtout destiné aux nouveaux agents. Et il y avait

le brevet en 3 ans, avec un diplôme à la clé. La première

promotion du brevet comprenait 170 personnes reçues.

Certains sont devenus directeurs de Caisse »,

se souvient

Geneviève Bénier.

À la différence du CFPB qui n’enseigne que les tech-

niques bancaires,

le CETCA enseigne en plus la

culture générale, ce qui faisait alors défaut aux

candidats.

Et grâce à des formations complémen-

taires comme «Des idées au plan », les candidats du

CETCA réussissaient mieux aux examens que ceux

des autres centres. Motivation supplémentaire pour

les étudiants, le certificat de spécialité du Crédit Agri-

cole et le brevet supérieur sont des diplômes recon-

nus par l’État et appréciés par les autres banques.

Le nombre d’inscrits passe en quelques années de

1 000 à 10 000, et Geneviève Bénier coordonne une

importante escouade de formateurs. Tous animent

des séminaires en Caisse régionale afin d’harmoni-

ser le mode de correction des copies et la notation,

et veillent à ce que le niveau soit homogène du nord

au sud de la Loire.

« Le CETCA était un puits de correc-

teurs »,

se souvient-elle en riant. Installé au 53, avenue

George-V à Paris, le CETCA rejoint la rue La Boétie

à l’automne 1975, en même temps que les équipes de

l’IFRAD (Institut de formation et de recherche appli-

qué au développement) et de l’ANFCA (Association

nationale de formation du Crédit Agricole), tous deux

créés en 1970.

L’IFRAD

, situé à Denfert-Rochereau et dirigé par

Jacques Delpeyroux, était chargé de la formation des

dirigeants des Caisses régionales, ce qui en fait l’an-

cêtre du Parcours des dirigeants.

La formation permanente technique des cadres et des

spécialistes ainsi que le perfectionnement des admi-

nistrateurs du Crédit Agricole sont quant à eux assu-

rés par l’ANFCA, à l’initiative de la FNCA (Fédération

nationale du Crédit Agricole), en partenariat avec le

Groupe Opéra, cabinet de formation indépendant.

L’association est située rue Christophe-Colomb, à

proximité de la FNCA, alors rue Magellan.

«Mais il

ne faut pas faire d’un manager qu’un technicien, fut-il

excellent. Dans le cadre de mes fonctions à l’ANFCA, j’ai

vivement encouragé le développement des formations

humaines aux côtés des formations techniques sur la

banque... J’ai même fait faire du yoga aux cadres... L’épa-

nouissement et l’équilibre, c’est important »,

se souvient

René-Pierre Berseget, alors directeur de l’ANFCA.

LA DÉCISION DE REGROUPER

LES TROIS ORGANISMES

EST PRISE EN 1975

Les années 70 ouvrent l’ère dumarketing

bancaire

et voient s’intensifier la concurrence entre les

banques. Le Crédit Agricole a besoin d’ajuster les com-

pétences de ses équipes aux demandes spécifiques des

différents segments du marché. Mutualiser les forces

que représentent le CETCA, l’IFRAD et l’ANFCA

devient un enjeu stratégique. En 1975, LucienDouroux,

alors directeur général de la FNCA, et Jacques Mayoux,

directeur général de la CNCA, imaginent l’IFCAM

pour que la formation soit au service des grands pro-

jets de développement du Groupe et de sa cohésion.

«M. Crickx, en poste à la Fédération, a alors assuré l’inté-

rim jusqu’à ce que M. Tétaz-Monthoux soit nommé pour

Un institut

«3 en 1»

La volonté de se doter

d’une filière de formation

propre se fait très vite sentir

Avant même la création de l’IFCAM, le Crédit Agricole est déjà fort

de ses trois organismes de formation. Mais la concurrence se fait plus

pressante. Il faut

mutualiser les forces, répondre aux attentes

des différents segments de marché. L’IFCAM sera l’outil

ad hoc.

FACE À LA POSTE

Jusqu’à l’arrivée du courrier électronique, les activités de l’IFCAM et du CETCA étaient très

consommatrices de papier. Près de 70 tonnes de cours, corrections, convocations et autres

documentations pouvaient être acheminées en une seule année aux Caisses régionales

et aux apprenants. Pour cela, le personnel du courrier installé rue Magellan et avenue

George-V devait traverser les Champs-Élysées plusieurs fois par jour avec une remorque

à vélo remplie d’enveloppes pour rallier le bureau de poste de la rue Balzac. Le choix

du 48, rue La Boétie pour la nouvelle implantation de la FNCA dut beaucoup à la proximité

immédiate d’un bureau de poste !

Le saviez-vous ?

1976-2016    L’IFCAM a 40 ans

Ensemble, formons notre avenir