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LE BARMAN MODERNE
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Marius voguait depuis quelque temps, quand, n'y
tenant plus (il avait un peu la nostalgie de Marseille
et de sa Canebière) alla sur le pont dans l'espoir de
rencontrer quelqu'un et entamer une conversation pour
chasser le spleen.
Enfin l'Anglais, Lord Brown, interpella notre Mar
seillais : « Vous êtes bien Marius, de Marseille?
— Peuchère, oui! » et suivent les présentations
d'usage.
Nos deux voyageurs discutent amicalement, se con
tent multiples galéjades et les fredaines de notre
Marius surpassent et comment celles de l'Anglais.
Lord Brown, ne voulant pas être berné par un
Français, profita de la situation propice (ils traver
saient une de ces régions infestées de requins), dit
à Marius :
— Je parie trois cents livres sterling que vous ne
plongez pas au milieu des requins.
— Canaille de sort! Un Marseillais ne se dégonfle
pas.
On appelle le capitaine de bord, le pari est en
gagé. Marius quitte ses vêtements devant les témoins,
et comme tout Marseillais qui se respecte et aussi
par prudence, apparaît en maillot de bain.
Et hop! et floc! Marius a plongé. Il se débat
au milieu des requins doux comme des agneaux, ta
quinant l'un, taquinant l'autre.
L'Anglais reste pantois sur le pont. Revenu de
ses pensées, il appelle Marius:
— Hello! Monsieur Marius, remontez, vous avez
gagné le pari.
Marius, fier comme Artaban, arrive sur le pont,
reçoit les félicitations d'usage et le butin gagné.
Lord Brown, n'ayant pas encore tout à fait réalisé,
demande à Marius: