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LE PAYS DU COGNAC

des vins

» ,

le roi mande à ses messagers d'aller quérir les nleilleurs vins du

monde, ceux·ci lui rapportent des vins de Chypre, d 'Auxerre, de Moselle,

d '·Aunis et de La Rochelle. Et comme en vantant leurs mérites et leur

renommée, les v ins d'Auxerre et de la Moselle s'enorgueillissaient d'abreuver

les Allemands, le vin de La Rochelle leur i1npose silence, et prenant la

parole :

«

Je repais, dit-il , toute l'Angleterre, les Bretons, Flamands ,

N,ormands, Ecossais, Irlandais, Nor,végiens et Danois, et de tous ces pays,

je rapporte de beaux esterlins

» .

Dans un ouvrage de médecine qu ' il publia en 1603 , Etienne

Thevet, chirurgien du prince de Conti , après avoir donné la supériorité au

vin blanc sur le vin rouge, cite parmi les plus réputés les vins de Malvoisie,

d 'Andalousie , de Grèce et d'Italie; puis il ajoute:

«

De même, en France, les

vins d 'Aunis et d'Anjou, qui sont blancs, surpassent toutes sortes de vins en

bonté.

D'ailleurs, dans son théâtre de l'agriculture, Olivier de Serres,

en

1629,

plaçait les vins d 'Aunis au nombre des meilleurs vins blancs.

Nos vieilles provinces d'Aunis, de Saintonge et d'Angoumois ne

produisaient pas uniquen1ent du vin blanc. Dans les anciens titres il est souvent

parlé de vignes vermeilles, et si nos vins rouges ont été mi)ins prisés, à

raison nota1nment de la supériorité qu'avaient sur eux les vins de Bordeaux

et de Bourgogne, certaines contrées charentaises ont cultivé avec succès

jusqu'à la crise phylloxérique, le

Batz.ac

notamment , qui donnait des vins

rouges excellents et très estimés mên1e en dehors de la région. Les vins rouges

de Chassors, près Jarnac, et de tout le pays circonvoisin étaient très estin1és,

nlême

à

l'étranger, et s'en allaient

à

la fin du siècle dernier avec nos excellents

vins blancs de Colombard dans les villes hanséatiques.

Les Hollandais furent les premiers qui envoyèrent à Cognac des

agents chargés d 'acheter des vins et de les embarquer par le port de

La Rochelle. L' importance de leurs achats engagea les habitants de la région

àétendre davantage leurs vignobles, et la contrée des« Borderies », avoisinant

Cognac, ne suffisant plus aux besoins du co1nmerce et des expéditions, la rive

gauche du fleuve fut, elle aussi, bientôt couverte de vignes.

La production devint alors si considérable que les propriétaires,

dans l'in1possibilité d 'écouler in1médiatement leurs vins et de les conserver

sans qu'ils se gâtassent, eurent l'idée,

à

l'instigation d'un chirurgien du pays,

vers 1630, de recourir à la distillation, ce qui jusque-là n'avait été pratiqué

que sur de faibles quantités par les alchimistes et les apothicaires, suivant un

procédé dont l'origine du reste est très ancienne.