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LE PAYS DU COGNAC
Le principe de la distillation sen1ble en effet avoir été connu dès
la plus haute antiquité, car les figures retrouvées sur d'anciens nlonuments
égyptiens paraissent se rapporter à cette opération. Plus tard les Grecs, les
Ro1nains l'ont appliqué à la préparation des parfums. Mais il est assez
difficile dedire quel alchimiste, médecin ou souffieurdu nloyen-âge, faisant par
hasard chauffer du vin, reconnut le pre1nier que la vapeur qui s 'en déo-ao-eait
0 "'
,
donnait, par sa condensation, un liquide inflammable et de saveur brùlante.
.
On a longtemps attribué l'honneur de cette découverte à Arnaud
de Villeneuve (1238-1314) : il est plus probable qu'elle remonte à une
époque antérieure, car dès le
Xfc
siècle le nlédecin arabe Aboul-Cacem parle
de l'eau-de-,•ie et décrit les appareils distillatoires de son ten1ps.
Quoi qu'il en soit, bien qu'on lui attribuât des vertus curatives
merveilleuses et qu'on l'appelat eau d'immortalité
«
qui prolonge les jours,
dissipe les humeurs peccantes, ranin1e lecœur, et entretient la jeunesse », ce
n 'est qu'à la fin du
XVII<
siècle que l'usage con1mençaà s'en répandrecon1me
boisson.
L' ingénieur
Ma~se,
qui a laissé de si précieux: manuscrits sur les
pro,·incesd 'Aunis et de Saintonge écrivait en
r712:
«
fi
n'y a pas encore 90 ans ,
- à
ce que m'ont assuré les anciens du pays, - ce qui nous reporterait à
r622,
que l'on a com1nencé dans les dites provinces à con,·ertir le Yin en eau-de-vie.
Le moindre paysan un peu aisé faisait brûler son ,·in, dont les n1archands
faisaient alors un très grand débit sous cette for1ne nouYe!le. C'est 1nên1e ce qui
avait détern1iné tout le inonde à planter des vignes, ce qui fait qu' il ne restait
que très peu de terres incultes. Et Masse ajoute :
«
D'ailleurs le vin qu'on
y
recueille est plus propre en général pour l'eau-de-vie que pour boire.
»
A la fin du XVll
0
siècle on retrouve en Angleterre plusieurs
familles de protestants français qualifiés de
distillateurs,
tels que les
Dela1nain (qui, partis de Jarnac en 1625 avaient én1igré en Irlande), les
Ardouin, Mallet, Lasserre, Mazière, Lamillière, etc. , etc.
Dès 1549, les minutes du notaire Lecourt constatent l'achat
par un marchand de La Rochelle
«
de quatre barriques playnes d 'eau–
de-vie bonne et n1archande, au prix de 60 livres tournois les quatre
» ,
et
en
l
571,
d'après des actes du notaire Tharazon, on relève plusieurs ventes
d 'eau-de-Yie
«
enfustées en barriques neufves et de jaulge
»
par la veuYe d 'un
sieur Jehan Serazin qualifié de
1narchand el faiseur
d'eau-de-vie. Le vin
coùtait cette année-là
20
à
22
livres tournois le tonneau.
D'un autre côté, il est certain que dès le milieu du
XVII•
siècle,