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LE PAYS DU COGNAC

D'ailleurs, poursuit notre auteur,

«

les vins de Bourgogne,

de Cha1npagne, de Guienne, de Provence, ne sont-ils pas tous portés dans les

colonies ou dans les pays étrangers.

On

exporte encore plus de trois

à

quùlre cent niille

barriques d'eaux-de-vie : renonçons puisqu'on. le

veut

à

ces productions, qu'en arrivera-t-il

?

Le royaun1e perdra un

capital de plusieurs n1illions en fonds de terre ; nos vignes arrachées

boucheront une source de la plus grande abondance et feront tarir bientôt un

fleuve d'or que l'étranger verse dans nos villes commerçantes et avec lequel

on trouvera toujours du blé

à

acheter, quand le terrain national n'en fournira

pas assez.

»

On ne saurait mieux raisonner. Le père Arcère est un libre–

échangiste

avant la lettre,

et nous avons quelque droit d'en être fiers dans une

contrée ou le développement ancien du trafic aYec l'étranger a de tout te1nps

porté l'esprit public dans nos villes comme dans nos campagnes vers les idées

d'échange et de liberté comn1erciale.

Car ce fait est

à

re1narquer que dès l'origine, qu'il s'agisse de nos

vins ou plus tard de nos eaux-de-vie, c'est au loin que nos producteurs, nos

co1nmerçants, nos 1narios charentais, ont toujours étéen chercher l'écoulen1ent

et la conso1nn1ation.

Non seulen1ent c'est en Flandre , dans les Yilles du nord de

l'Europe qu'ils les exportaient, 1nais c'était encore au Canada,

à

la Louisiane,

dans toutes les colonies lointaines.

'

En te1nps de paix, constatait Arcère en 1753, il sort ordinairement

du seul port de La Rochelle dix-huit

à

vingt mille pièces d'eau-de-vie par an

représentant trente-cinq

à

quarante nlilles barriques de vingt-sept veltes, pour

la fabrication desquelles il a fallu distiller deux cent vingt

à

deux cent

quarante mille barriques de vin.

En dehors de ce qui était expédié par La Rochelle, où les archives

de l'An1irauté, de la Généralité, et de la Chambre de Comn1erce fouillées par

le très savant M. Emile Garnault, son ancien et érudit secrétaire qui a bien

voulu nous ouvrir les trésors de ses notes encore inédites, peuvent fournir

quelques éléments de renseignements certains, il est très difficile d 'avoir des

chiffres précis sur l' importance des exportations d'eaux-de-vie charentaises

dans les divers pays <l'outre-mer.

D'aprèsles relevés faits par M. Garnault en compulsant les papiers

de l'ancienne Direction des fermes de La Rochelle, voici depuis 1718 jusqu'à