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Comment communiquer simplement, sans peurs ni prétentions, dans nos vies et

nos actes et nos sensations mêmes le sens ou la conscience du miracle

permanent ?

Comment partager simplement l’expérience toujours plus évidente que nous

sommes le Divin, qu’il n’y a que le Divin – et que notre condition est seulement

primitive, embryonnaire, fragmentée ?

C’est Cela qui S’est projeté : de Soi-Même le Divin S’est explosé, S’est manifesté –

est devenu tout, tout ce qui est et tous les possibles, la vie, l’esprit, la matière,

l’oisillon ; le sein d’une femme, la buée sur la vitre, la douleur dans ton cœur, et

toutes ces galaxies. C’est l’évènement, le seul évènement qui se poursuit.

Et alors, cette déflagration, c’est comme un accident, une vaste unique

commotion : il faut se retrouver. On est tout éberlué, on est tout ce qu’on voit,

sent, touche, devine, éprouve, on est tout ce capharnaüm impossible de réalités

séparées, de complexités et d’harmonies incompréhensibles, de chaos ordonnés ;

on est répandu, éparpillé, divisé et multiplié, rivé, écrasé, astreint, délivré… On

cherche à se souvenir, on lutte pour se réveiller, on est emporté encore, on se

heurte et se cogne et, parfois, une seconde, on fond…

Mais il ne s’agit que de Cela ; c’est Cela qui Se réalise : c’est Soi, c’est le Divin qui

naît, qui devient.

Alors, c’est le Divin que l’on peut apprendre à servir dans l’humanité.

*22-1-2000, Auroville :

Il y a tant et tant d’êtres démunis, qui souffrent et chaque jour de la vie doivent

s’accrocher, lutter, mendier pour subsister et maintenir leurs dépendants.

Où agir, comment aider ?

C’est dans les pays dits « riches », et dans la plupart des grandes villes du monde,

que l’on rencontre une souffrance du bout d’un chemin, d’une impasse brutale, et

radicale : là où ont miroité le matérialisme, l’industrialisation, le capitalisme, la

démocratie, là où fut érigée comme but de l’existence la poursuite d’un bonheur

extérieur… Et beaucoup de cette souffrance est éprouvé dans et par le regard de

l’autre – le regard du nanti sur le démuni -, l’absence soudaine, la fermeture…

Car la chute est une dénonciation ! Plus elle est visible et plus elle remet tout en

question !

*24-1-2000, Auroville :

Depuis près de 30 ans je suis attaché à l’exécution d’un projet qui est

probablement, objectivement, le plus beau du monde contemporain ; et ceci dans

un contexte encore unique, dont la fondation est une aspiration libre au plus haut,

au plus vrai, au plus conscient, dans la vie même et tous ses mouvements.

C’est un privilège si formidable que la pensée, qui ne peut que mesurer et

comparer, se sent écrasée : on se précipite dans le détail, comme l’autruche fourre

sa tête dans le sable.

Le plus beau du monde…

J’ai vu en France plusieurs grands projets qui m’ont touché : quand la grandeur et

l’envergure de la vision, alliées à la maîtrise des techniques, aboutit à un

vertigineux déséquilibre, ce besoin de rétablir une dimension humaine, une

modulation de l’espace où le corps humain puisse recouvrer son rythme et sa

relation vivante à l’infini.