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Et ce partage énergétique est aussi une guerre, la lutte constante pour le pouvoir

d’orienter la destinée.

Il me semble clair qu’on ne sortira jamais de cette ronde tant que l’on reportera en

avant la référence au modèle mythique d’une femme et d’un homme accomplis et

respectivement parfaits, si spirituellement émancipés soient-ils.

Et que la tâche qui incombe à chacun de nous est de s’unir à la personne humaine,

de réaliser son harmonie et de laisser à son avenir le soin de révéler la nature

profonde, plus éternelle et plus souveraine, de l’union.

Et que nous servirons mieux l’émergence physique d’un état plus conscient en

acceptant d’abord de reconnaître la multiplicité de chaque être et en apprenant à

l’unifier autour du centre individuel conscient qui est libre de l’une comme de l’autre

identité.

*18-1-1999, Auroville :

Je suis un adorateur de ces femmes qui ont su maîtriser leur atmosphère, y

harmoniser leurs attributs et leurs « atouts » spécifiques en une représentation

exigeante qui mobilise et canalise tout leur être et ses mouvantes nuances,

représentation qui acquiert un caractère universel. On ne peut plus fixer ces

femmes à aucun rôle.

Il faut les accepter dans leur flux et leurs rythmes et les chérir, les servir, leur

donner ce qu’elles demandent, les deviner si on en est capable, et toujours les

solliciter dans leur plus grande profondeur et leur tribut le plus essentiel.

Si l’on se contente de vouloir les consumer ou prendre d’elles et les posséder, elles

ne peuvent le supporter longtemps et doivent s’échapper, dans la contradiction

tragique, ou tenter de renverser les rôles en devenant prédatrices, prisonnières

alors d’une solitude effrayante.

Mais si l’on souhaite les accompagner et cultiver attentivement leur richesse

dimensionnelle, alors elles peuvent vraiment devenir les chenaux et les emblèmes

et les forces de la grande source féminine.

Ces femmes ne sont pas nécessairement, selon nos canons d’appréciation formelle,

les plus belles ; ce sont celles qui ont identifié en elles-mêmes le don ou la capacité

de composer puissamment avec leurs propres données, leurs propres mouvements

et leur propre substance, avec la volonté d’y incarner un peu de cette grâce et cette

perfection qui soutiennent le monde ; elles sont leurs propres créatrices.

D’être célébrées fait partie de leur destinée et de leur responsabilité.

Les femmes que j’ai connues intimement n’ont pas été d’une grande beauté ; elles

ont été, chacune, profondément singulières ; de chacune émanait un charme

unique, presque exclusif. Chacune était presque, finalement, le monde.

Aujourd’hui, après beaucoup d’années, j’ai reçu le premier message de ma fille : à

l’approche de ses dix-huit ans, et de ce degré d’indépendance, elle me fait savoir

qu’elle voudra me rencontrer, et demande une photographie de moi.

Ainsi devrai-je être perçu comme « père » ? Par un être dont mes derniers

souvenirs sont ceux d’une infante, d’un amour qui s’ouvrait enfin pour moi sur la

Terre, d’une fonte qui pourrait tout centrer de la vie, et qui me fut retirée ; retirée

par une sorte de haine ou de défiance coalisée, puisque je n’étais pas en mesure de

me plier aux gestes internes d’un rôle et d’une appartenance, puisque je ne pouvais

adhérer au drapeau qu’on me tendait, et puisque je n’avais pour sa mère que de