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Et la force de l’Occident est celle-ci : c’est de n’avoir jamais cessé de vouloir la
perfection du monde physique, et de continuer à vouloir arracher à la matière son
secret de plénitude.
Nous sommes à ce moment de bascule où doivent s’intégrer ensemble et la solidité
vaste et puissante de ce réservoir d’expérience spirituelle et la pratique vivante
d’une volonté de progrès dans l’absoluité de la matière, dans une révélation
concrète qui toutes deux les contient.
Alors, où se situe la question de la sexualité ?
La sexualité nous encombre, nous parasite et nous réduit, telle que nous
continuons de la mal vivre.
Notre mal pratique nous conduit à constamment nous trahir les uns les autres, à
nous malmener et nous ignorer et nous prostituer les uns les autres ; infirme en
chacun de nous le respect de la personne et de son intégrité et nous condamne à
des relations piégées qui portent les germes de leur propre défaite.
Nous devons recouvrer le respect de chaque autre, ce recueillement devant le
mystère créateur de chacun.
Que l’homme et la femme n’abordent l’acte sexuel que dans un don mutuel et
commun, librement choisi et consenti, transparent de tout calcul ; qu’ils soient
chacun nu et conscient devant l’importance de cet acte et sa dimension de
responsabilité sacrée ; libre et net de toute accumulation de désir, de tout bagage
de manque et de besoin refoulés ; que cesse enfin ce crime et cette violence de
tirer dans le monde ceux qui ne l’ont pas librement voulu, ceux que l’on n’est pas
prêt à bien accueillir.
Que cesse cette transmission aveugle perpétuelle de tares et de souffrances ; que
cesse cette effrayante, formidable irresponsabilité.
Et que cesse l’emprise déformante et corruptrice de la désapprobation du plaisir.
Que les garçons et les hommes, que les filles et les femmes, assument ensemble
aussi la diversité de leurs réponses émotionnelles et la richesse potentielle de leur
identité sexuelle dans l’amitié, la tendresse et la solidarité ; qu’ils se donnent les
uns les autres du plaisir, sans honte ni culpabilité ; qu’ils explorent ensemble la
réalité du plaisir.
Ainsi seulement le monstre qui nous dévore reprendra sa taille et ses proportions et
nous serons en mesure de découvrir notre complétude, d’éclairer notre
subconscience et d’appréhender enfin, vivants et corporels, le sens et la portée de
notre parcours évolutif.
Tels que nous sommes encore, la majeure partie de notre vie physique est
effectivement corrompue par cette possession sexuelle ; notre appréciation de
nous-même est déterminée par notre capacité de séduire ; nous sommes indignes,
des caricatures extériorisées de soi, jusqu’à la vieillesse et la mort.
Notre existence individuelle est affligée d’une suite de tromperies et de compromis,
et nos révoltes mêmes sont des violences, des manques à l’harmonie que nous
devrions plutôt contribuer au monde.
*16-1-2000, Auroville :
Relisant ces dernières pages, je ressens comme un malaise, dont le censeur interne
est prompt à me fournir l’explication : « As-tu perdu la tête ? Comment peux-tu te