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aujourd’hui me semblent supérieures à toutes les prétentions et les contraintes

éthico spirituelles que j’ai rencontrées par la suite, dans les autres, dans la vie et en

moi-même – ces contorsions auxquelles nous livre le désir ou l’ambition d’être

reconnu, accepté, apprécié.

Les 2 années suivantes ont été une alliance étroite et de plus en plus intime de

désespoir et de feu solaire : la révolte insupportable côtoyant l’évidence croissante

d’un sens, d’une tâche, et d’un ordre supérieurs. Une flamme tantôt dévastatrice,

tantôt rayonnante : comme les deux serpents enlacés la spirale des attachements

sans issue et celle qui fait fondre et qui aime – qui est chemin et l’énergie qui nous

y porte.

Et ainsi les 3 dernières années de cette première épopée personnelle ont été

consumées par la nécessité d’éclaircir les attachements formés, à leurs racines, et

les dettes karmiques contractées, et à incarner le choix qui s’était fait en moi, aux

abords de mes vingt ans, dans la Présence de Mère.

*7-1-2000, Auroville :

J’attends de savoir, comme par la poussée qui fait se gonfler la mer et monter la

vague, à quoi je vais pouvoir maintenant me donner.

C’est curieux : on sait que tout est énergie, selon différents modes et différentes

fréquences ; pourtant dans la pratique une distinction s’opère entre la multiplicité

des énergies et la coulée de la Force consciente, sa pression et son arrimage. Car

c’est la Force consciente qui seule peut organiser ces énergies dans leur

complémentarité progressive pour chaque individualité et à chaque étape du

travail.

Il me semble que nos aspirations durables, ces chambres secrètes de clarté dedans

que l’on habite et arpente avec une intensité toujours plus grande, plus précise et

plus consciente, ne sont pas forcément ce que la Force consciente élit pour base de

son action évolutionnaire.

Je crois observer que ce que la Force consciente saisit de nous-même, ce sur quoi

elle fonde ses opérations, est plutôt de la nature d’un « Oui » qui, à un moment

donné, a jailli : un « Oui » qui s’offre, sûr et pur, simple et entier.

Et autour de ce « Oui » sont toutes les données du travail, en flux constant : les

aspirations et les résistances, les ouvertures et les contradictions, les potentiels et

les aveuglements.

Ce « Oui » transcende tout le reste : par ce « Oui » une appartenance s’établit qui

n’est plus jamais remise en question.

Les modalités font partie du labeur : il n’y a pas de garantie temporelle à la bonne

poursuite du chemin qui s’est engagé ; mais qu’il se soit engagé et qu’il doive se

poursuivre et nécessairement s’accomplir, est un fait irréversible.

Il y a un état d’aspiration qui, bien qu’individuel, peut cependant en chacun

embrasser une infinité de domaines. Il me semble maintenant que cet état

d’aspiration est effectivement un attribut de la conscience véritable lorsqu’elle se

tourne vers le monde.

C’est réellement un feu. Un feu que l’on éprouve comme un besoin autant que

comme une irrigation, une nourriture donnée, manifestée du dedans. C’est la

musique essentielle de soi et la clé centralement formée, plus ou moins universelle,

d’une création qui ne cesse pas de naître.