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Car les opérations du mental sont linéaires. Le mental est incapable de saisir le tout
à la fois.
Notre multiple réalité est pour lui infiniment contradictoire.
Mon observation est que, dans leur grande majorité, les relations de couple homme
femme, sont en fait des esbroufes et des supercheries ; au mieux, ce sont des
compromis supérieurement motivés.
Et ma conviction est que, tant que chacun ne se sera pas trouvé et n’aura pas
unifié sa propre multi dimensionnalité, seul avec les autres et seul avec le monde,
nous ne pourrons découvrir le sens vraiment créateur de cette rencontre et de ce
couple.
Devant le couple tel qu’il est pratiqué dans l’immense majorité des cas de nos
jours, je me sens iconoclaste.
Ce que je vois ne m’inspire aucun respect.
Ce que je vois, c’est une démission de chacun, c’est une prétention : c’est de la
fausse monnaie.
C’est de l’utilisation mutuelle, c’est la légitimation mutuelle d’une compromission,
c’est l’adhésion complice au partage arbitraire et mensonger du monde et de la
réalité.
Dans les cas les plus exceptionnels, chacun devient pour l’autre un dépositaire et
une garantie. Dans les cas ordinaires, l’équilibre qui règne est celui de la terreur –
qu’elle soit sourde et polie ou bruyamment dramatique, ce sont bien les pratiques
de la terreur qui ont cours : le chantage, la coercition, la revendication,
l’intimidation, la vengeance…
Ce qu’on appelle l’évolution des mœurs dans les sociétés occidentales est en fait, il
me semble, la réflexion d’un profond besoin de distance, ou de distanciation. C’est
la nécessité évolutive de l’individualité humaine qui est en jeu.
L’on est prompt de nos jours à dénoncer l’oppression que la femme a subie
millénairement dans la plupart des sociétés humaines. C’est un fait historique,
physique et psychologique. Mais l’énergie est égale et ne connaît pas de barrières.
Ainsi ce n’est pas que l’énergie de la femme a été diminuée ; c’est seulement
qu’elle a dû se distribuer autrement.
Dans la division sexuelle du monde, c’est la femme historiquement qui a été
l’opprimée ; la part frontale organisationnelle des sociétés a été exercée par
l’homme.
Mais chaque être vivant dispose pourtant de la même « quantité » d’énergie : c’est
donc subtilement que l’énergie de la femme s’est déployée.
A partir de la définition physiologique des fonctions sexuelles s’est peu à peu
instauré un partage énergétique selon lequel furent octroyés à l’identité masculine
la force physique et la clarté de la volonté mentale, et à l’identité féminine la
puissance et la continuité de la vie.
Les ressources de la femme se sont ainsi développées plus intensément dans le
vital matériel, et l’identité féminine s’est plus particulièrement et spécifiquement
alliée à la force de vie.
La donneuse de vie, celle qui transmet les lois de la vie et les préserve, vie où
peuvent s’établir les racines, vie qui coule, qui inonde, qui emplit, vie qui s’attache
et croît et perdure, vie qui contient, soutient et porte, vie qui irrigue et nourrit, vie
qui suscite.