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- L’idéal d’une société humaine épanouie est de pourvoir à chacun de ses membres

les directions d’un service désintéressé et la possibilité ultime de sa libération et de

sa réalisation spirituelles.

- L’équilibre de cette société humaine demande à ce que chacun remplisse au

mieux les devoirs qui incombent à sa nature selon les phases successives de son

existence humaine.

De ces principes ont découlé les règles de vie, l’arrangement des « castes » et la

distinction des époques de la vie et de leurs tâches respectives.

Les parents et les éducateurs doivent veiller à ce que l’enfant soit préparé à

assumer les tâches qui correspondent à sa nature donnée dans l’équilibre durable

de la société, en lui inculquant la connaissance nécessaire et le sens du devoir qui

constituera sa loi de conduite, son dharma, tout au long de sa vie jusqu’à ce que,

s’étant déchargé de ses responsabilités, l’adulte ayant rempli son contrat avec le

monde soit libre de se consacrer à la recherche et la découverte de son destin

spirituel.

C’est aux parents qu’incombe la tâche de désigner au jeune adulte la compagne ou

le compagnon de sa vie et de lui transmettre les directives nécessaires à

l’accomplissement d’une harmonie juste et féconde.

Ainsi les choix de l’individu ne peuvent se former qu’en fonction de son dharma,

qu’il a reçu en même temps que les circonstances de sa naissance et la

manifestation des traits fondamentaux de sa propre nature.

L’homme et la femme sont personnellement mis en présence l’un de l’autre pour la

vie, et leurs capacités d’affection, de solidarité, de service, de courage, d’intégrité,

doivent se développer sur cette base, qui ne peut être remise en question ; seule la

mort les séparera.

Cependant au cours des temps ces principes ont été peu à peu corrompus, minés

du dedans comme du dehors, et n’en restent extérieurement que des ombres

calculatrices.

Deux acquis toutefois demeurent.

Le premier est ce sens même du dharma, qui est supérieur au devoir chrétien :

supérieur parce que d’une part à la fois son origine, sa raison d’être et son but sont

spirituellement fondés et respectent l’infinie variété et diversité des destinées

spirituelles, et que d’autre part il embrasse et inclut le tissu entier des relations

humaines, reconnaissant leur interdépendance et la nécessité fructueuse de leur

cohésion sans pour autant leur permettre de dominer le cheminement de l’âme

individuelle, le droit inné de l’âme à se trouver, uniquement et absolument.

Le deuxième de ces acquis s’incarne dans la femme : une universalité puissante, un

regard millénaire dont le silence fondé est le miroir d’une grande connaissance et

s’approche de la force créatrice.

Il faut encore que l’un et l’autre s’animent dans le présent de la Terre et s’y

épandent, au service d’une évolution plus consciente pour toute l’humanité.

Tel est le rôle véritable que l’Inde doit jouer, qu’elle est encore retenue de jouer ;

entravée par sa propre dégénérescence et ses propres contradictions, abaissée et

rendue vulnérable au regard et à l’opinion que portent sur elle des éthiques, des

morales et des projets bien moindres que les siens mais apparemment victorieux,

elle est embourbée dans les conséquences d’un métissage qui l’a saisie et violée

dans sa faiblesse essentielle.

Et cette faiblesse est celle-ci : c’est d’avoir cessé de chercher la perfection du

monde et de la vie au profit d’une perfection morale et spirituelle, c’est d’avoir

sacrifié le corps du Divin à l’autel d’un égoïsme spirituel.