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tout à fait dés maintenant, pour se concentrer exclusivement dans la nécessité

évolutive d’accueillir un état plus vrai : la sexualité tombe de l’être ; elle n’y a plus

prise ; elle n’y opère plus.

Mais il me semble improbable que l’espèce nouvelle puisse s’incarner dans le milieu

créé par cette misère humaine terrestre dévastatrice sans que s’effectue d’abord

une sorte de revirement ou de rétablissement collectif ou qu’au moins s’amorce

dans la conscience et l’expérience humaine le commencement d’une pratique plus

aimable, mieux équilibrée, plus « fraternelle » de la sexualité.

*10-1-2000, Auroville :

La relation de l’homme et de la femme, ou du masculin et du féminin, a sa

résonance éternelle. Dans son équilibre, elle est victorieusement créatrice ; elle est

la garantie de l’intégrité évolutive.

De cet équilibre la nature a emprunté pour ses propres fins instrumentales les rôles

énergétiques qu’elle a fixés dans nos corps.

Ces rôles sont partiels, des extraits d’une réalité infiniment plus vaste, des

fragments d’un tout qui ne peut être reconstitué là.

Dans notre expérience de créatures physiques nous sommes biologiquement liés au

passage et à l’action d’un feu spécifique : à son passage et pour son passage, nos

corps sont momentanément altérés.

L’expérience physique que nous avons lors de ce passage est la seule expérience

physique qui nous soit donnée de l’action d’une force supra physique ou subtile –

sinon celle de la mort. Il y a rencontre et union, pour un instant, avec une force

agissante qui transcende notre réalité corporelle et mobilise tous nos sens.

L’impact émotionnel de cette fusion est sans égal.

C’est un instant d’abandon concret où l’individualité physique et émotionnelle s’en

remet entièrement à une force dont elle ignore et le fonctionnement et la source.

Cette fulgurance à laquelle nous nous livrons nous appelons orgasme ou

jouissance ; et parce que nous nous y livrons si intimement et que cet abandon se

produit en présence de l’autre, nous voudrions bien que cette possession

temporaire soit légitimée dans une dimension plus centrale et plus durable de notre

humanité, qu’elle s’associe et s’allie à l’expression d’une délivrance plus constante

et déterminante de notre solitude, qu’elle implique un accomplissement

émotionnel : nous voudrions bien qu’elle signifie l’amour – le passage fécond, hors

de notre isolement, à un partage effectif de l’expérience du monde.

Sur la base instrumentale invariable des lois de la nature chaque civilisation et

chaque culture ont élaboré, selon leur perception ou interprétation du sens de

l’existence terrestre, des principes de conduite qui tentent d’intégrer pour une

cohérence collective les réalités physique, physiologique et biologique des cycles

successifs dans toute vie humaine.

La civilisation de l’Inde, qui perçoit pour objectif réel de l’expérience humaine la

découverte et la réalisation de la dimension spirituelle et de l’immanente divinité,

s’est édifiée sur des principes d’une sagesse qui demeure encore incomparable – le

désastre que nous ne pouvons que constater aujourd’hui n’est dû en grande partie

qu’à la corruption de ces principes.

On peut tenter d’énoncer ainsi ces principes :

- L’aptitude de l’être humain à aimer lui vient de son origine spirituelle, afin qu’il

puisse retourner graduellement au divin et le réaliser.