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notre volonté et notre vision, la violons, la compromettons, la pillons, pour la

rejeter et l’abandonner – sans jamais rien lui avoir donné de durable…

Nous n’y laissons surtout qu’un souvenir pénible, une empreinte sans grâce, une

blessure.

Peut-être notre compréhension individuelle du corps, notre relation à sa propre

réalité, dépend-elle du degré auquel notre être intérieur a participé à sa formation ;

et peut-être ce degré de participation dépend-il à son tour du développement de

l’âme individuelle et du type d’expérience et de progrès qu’elle recherche cette fois-

ci.

Quoiqu’il en soit, c’est dans la grande majorité des cas aux parents que revient le

privilège, la tâche et la joie de chérir, de célébrer et d’assister l’élaboration

harmonieuse de l’intime association entre la présence intérieure d’un être unique

entre tous et la formation d’un agrégat cellulaire.

*19-5-2000, Auroville :

Tes mises en gardes contre le suicide sont si vigoureuses, limpides et radicales, que

cela continue d’agir en moi comme la plus efficace des protections ; il arrive

souvent encore que cela seul subsiste, comme l’ultime contrainte, qui se traduit

aussi comme un égard profond, et une sorte de responsabilité, envers C.

… J, de l’Ashram, qui est en contact électronique avec Daniel Meurois-Givaudan, a

finalement reçu de lui sa réponse, attendue depuis l’été dernier – il semble que nos

lettres se soient perdues, des deux côtés – et me l’a faite parvenir. Il écrit, à propos

de mon texte, dont je lui avais envoyé la première copie : « … Je n’ai pas encore

réussi à faire aboutir le projet et je doute maintenant d’y arriver dans le contexte

actuel. Il s’agit d’un travail de très belle qualité, comme je le lui disais (il s’adresse

à J en parlant de moi) dans une précédente lettre, mais qui, dans sa forme et son

expression, est à contre-courant de ce que notre société occidentale ‘consomme’ en

ce moment… » Etc. Plus haut dans la lettre, regrettant de n’avoir pu venir en Inde

cet hiver, il écrit : « Ce n’est bien sûr que partie remise car l’Inde est pour moi une

vieille complice dont je ne suis pas prêt de me passer… ! »

Alors, en lisant cette lettre, j’ai reçu deux chocs, d’ordre différent : le premier avec

ces termes « l’Inde est pour moi une vieille complice » ; tout à coup,

instantanément, j’ai perdu toute la confiance et le respect candide que j’avais pour

cet être ! Seul un ignorant peut s’exprimer ainsi – ignorant au sens spirituel du

mot. Chez un homme ordinaire, même un intellectuel, cela pourrait s’attribuer à

une sorte de pédantisme arrogant et facile et faire partie d’un personnage ; mais

chez quelqu’un qui prétend à la vérité du cœur et qui s’est emparé de très belles

idées, de très beaux principes et de très belles émotions dans une prolifération

d’ouvrages qui forment maintenant comme le corps d’une mission, c’est une petite

phrase impardonnable et péniblement révélatrice, une petite phrase qui annule des

milliers d’autres.

C’est à pleurer.

Puis est venu le second choc : « … à contre-courant… ».

Oui, à contre-courant : de plus en plus et de manière de plus en plus terrible,

insupportable, impitoyable, à devenir fou !

Car c’est exactement l’expérience que j’ai eue hier encore, dans la grande réunion

générale, où je n’ai pu dire un mot ; une quasi unanimité pour plonger dans une

autre de ces vagues collectives émotionnelles, avec tous les relents souhaitables

d’unité, de cœur, d’ouverture à l’avenir, qui cependant ne mènent jamais qu’à des

sables mouvants et ne résolvent jamais rien, et qui sont profondément