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irresponsables, dans le sens que seuls des individualités directement conscientes,
centrées directement, chacune établie dans la conscience véritable, peuvent
constituer une communauté gnostique. C’est un contresens que de s’attendre à ce
que, magiquement, le mélange semi obscur d’énergies animées par un besoin plus
ou moins profond, ou superficiel, de partage et d’unité, puisse effectuer le
changement nécessaire et apporter la clarté requise pour une action collective qui
serve vraiment la vérité de demain ; c’est une impossibilité pratique !
Tout cela se traduisait en moi par un malaise pénible et, justement, le sentiment ou
même la sensation d’être comme maudit, de ne pouvoir appartenir nulle part ;
d’être « à contre-courant » !
Je ne peux pas continuer ainsi ; il faut que quelque chose s’ouvre quelque part…
Ou qu’au moins Tu me donnes une tâche absorbante, quelle qu’elle soit, où me
concentrer et m’annuler : en finir ainsi, si je ne peux pas en finir autrement !
*2-6-2000, Auroville :
Aucune tâche absorbante ne m’a été donnée !
… Il y a eu le passage de Pnina : une Pnina qui a trouvé sa dimension spirituelle et
une force tangible de progrès dans sa vie et son itinéraire individuel ; elle a
développé sa capacité de chant ; elle a publié un livre et en écrit un autre ; elle va
et vient entre Varanasi et Jérusalem. Notre relation date d’une vingtaine d’années
maintenant et, par certains aspects, pourrait offrir une solution de vie ; elle et
Bhaskar se sont bien entendus et appréciés l’un l’autre, et ils ont joué ensemble.
Il y a eu aussi l’expérience d’Arjun : plusieurs interventions chirurgicales, et la
solidarité dans l’épreuve, avec lui comme avec Deepti.
Et il y a eu les difficultés physiques de Kusum.
Le temps passe et je suis dans le vide ; je ne sens pas le chemin. Rien ne s’articule,
rien ne s’organise, que ce soit dans le corps ou la vie, rien ne s’anime en chemin ;
le courant n’opère pas.
Je viens de recevoir et de lire le livre d’entretiens que F.J et Ch.J ont publié au
début de l’année, entretiens qui couvrent toute la période de mon « absence » :
c’est un bel ouvrage et j’aime son message, tel qu’il est et là où il est, en cet être
plein de grâce qui est aussi mon père biologique.
Et je suis fier de l’évidence et de la fidélité de l’engagement de F.J, dont la nature
s’est approfondie avec les années, devenue plus consciente et plus sûre de ce
qu’est la véritable responsabilité de chacun parmi les hommes, de ce qu’est la
liberté véritable et l’exigence véritable ; cette évidence transparaît dans ces pages
comme une flamme qui s’affermit et s’enrichit.
Et je vois avec toujours plus de reconnaissance ce choix silencieux, d’une autre
dimension, qui m’a permis de « tomber » là, par ces deux êtres, C et F.J, et de me
lier à chacun d’eux par le sang et la vie, pour le chemin conscient.
*5-6-2000, Auroville :
Intellectuellement je ne puis m’expliquer cette impasse, cette stérilité, cette nullité,
que par mon insincérité.
Et l’insincérité est bien là, je ne Te la dissimule pas : c’est un sujet tout ouvert !
Mais le malaise que je ressens est aussi, je crois, dû à une sorte de disparité – je
ne suis pas « en phase » avec l’environnement social, relationnel, expérientiel. Mais
je ne suis conscient d’aucun autre environnement qui serait préférable à celui-ci ;
j’accepte la question de ne plus être à Auroville, mais je ne sens aucun signe,
aucune indication, aucun appel, aucun goût même…