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collective et humaine, et toute la petitesse de l’égocentrisme qui trompe, nie et

récupère, qui utilise et qui ferme.

Malgré toutes les très bonnes raisons de se retirer de ces énergies et de leur

champ, je demeure ancré à cette conviction – une soif brûlante, un besoin puissant

comme de la braise vivante – que ces barrières doivent tomber à jamais ; que tous

les hommes acceptent enfin cette tendresse entre eux, que toutes les femmes

s’équilibrent enfin par cette connaissance mutuelle et ce soutien intime, et

qu’hommes et femmes soient enfin délivrés du mensonge exclusif des rôles qui

conditionnent et déterminent les lois de leurs rapports.

Je viens de lire un petit livre remarquable de Michel sel Castillo, « Gerardo Lain »,

qui, malgré son cri d’appel vers une reconnaissance et une acceptation de ce

potentiel de tendresse libératrice, aboutit à la défaite par la mort donnée, l’égoïsme

et la peur. Dans ce livre est mise en scène cette très vieille emprise morale qui est

si semblable dans ses termes et sa portée dans le code manichéen du catholicisme

comme dans le code « spirituel » de la sadhana à Vos pieds : le démon de la chair,

les suggestions de l’adversaire, le renoncement négatif et le tourment du jeu des

forces : ce code auquel je n’ai jamais pu ni voulu me plier…

Il y a un secret à trouver là : une innocence et une sincérité qui seront une victoire

et une délivrance réelles. Parfois, j’ai touché à ce secret. Mais, pour que cela

devienne une réalisation, il ne faut pas que le corps soit diminué ; il faut qu’il

demeure uni à ses forces vives, il faut qu’il marche et qu’il progresse et acquiert

toujours plus d’harmonie ; il faut qu’il puisse manifester le bien de cette tendresse,

de cette confiance, de cette coulée de douceur…

Il y a une telle peine…

*17-12-2000, Saint Maur :

Hier, après quelques heures de marche, j’ai vu un autre film, « Le goût des

autres » ; un film réalisé en équipe, plein de gentillesse et d’humour attentif : ce

goût des autres qui vainc les préjugés et les jugements superficiels et oblige à plus

de sincérité, de courage et de confiance…

Comme à mon premier séjour, l’an dernier, tout ce que je vois me touche,

m’émeut, parfois me bouleverse.

Mais cette fois j’ai moins conscience de « passer », de canaliser ; c’est plus rude.

*20-12-2000, Saint Maur :

Je marche autant que possible et traverse et sillonne la ville et découvre ainsi des

espaces que je n’y avais jamais connus, tels ces milles de berge tranquille le long

des canaux. Mais dés que je quitte leur appartement, R recommence auprès de C

sa ronde obsessive et régressive et l’épuise, si bien qu’hier j’ai dû y rester toute la

journée, car C se sent trop privée de ressources. Enfin, dés demain, je l’emmène

en Bretagne, où nous serons seuls pendant une semaine.

Je cherche un chemin pour elle et pour leur couple ; c’est une sorte de bataille, R

tirant la mort vers eux, l’entraînant vers la mort à deux, vers une soumission à

deux devant l’impasse.

DEB m’a envoyé hier une photocopie de la couverture qu’il a préparée pour

« Chemins entiers » ; ils ont tous insisté pour qu’une petite photographie de moi

soit placée sur le dos de la couverture, avec un court texte d’introduction.

J’ai tous les doutes du monde, naturellement : est-ce que ce texte est accepté de

Toi ? Est-ce qu’il a quelque valeur ?