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22.
Il y a eu quelques peuples humains sur la terre dont l’identité était étroitement et
indissolublement liée à la conscience d’un centre intérieur, un avec l’origine comme
avec le même centre en chaque être et chaque manifestation de la Nature.
Ces peuples avaient pour loi le respect total et premier de chaque personne et de
son droit naturel de choisir et de contribuer librement à une harmonie et un devenir
communs.
Mais le fait même de leur dédie ment vivant et impératif à ce centre d’existence et
d’harmonie en tous et en tout, ce centre de force et de permanence, impliquait
l’impossibilité pour eux de pratiquer le compromis.
Et ainsi ces peuples ont ils tous été décimés par les flots de la vaste barbarie que
l’on a nommée civilisation, la barbarie de tous ceux dont la tête et les désirs avaient
monstrueusement enflé aux dépens de l’équilibre de la vie.
Leurs survivants sont pourtant les vrais vainqueurs, dont l’expérience se
communique et se propage inéluctablement, comme la rosée du matin est absorbée
par cela que la soif a épuisé.
On peut se demander pourquoi, à ceux-là dont le besoin était de vérité vivante, et
qui avaient tant le respect du manifeste et de son mystère, une action de cette
Grâce n’a point répondu.
Mais l’Evolution est une et simultanée, sur tout l’espace de notre terre. Et peut-être
sa réponse est elle bien venue, et a t elle touché et protégé ces individus isolés qui
ont su reconnaître les résonances d’un Sens et d’un chemin pour tout l’Homme, et
la nécessité d’un déracinement et d’une destruction pour contribuer au passage de
tout l’humain à l’étape suivante.
23.
A Son contact, j’ai cessé d’être ce petit bonhomme né il n’y avait pas vingt ans une
nuit de printemps.
Devant Elle j’ai retrouvé les dimensions et la source ; en Elle et par Elle et conscient
d’Elle, le milieu de la conscience vraie.
Parce qu’Elle savait entièrement, profondément, silencieusement, qui Elle était, j’ai
su aussi.
Entourée, cernée, étouffée, assaillie, adulée, dévorée, Elle était là pourtant, libre
absolument, présente totalement, assise dans ce fauteuil clair qu’Elle faisait
déplacer d’un point à un autre de Sa chambre, ou arpentant la distance inconnue
entre ces murs ; Elle se tenait là, seule et loin en avant dans le temps, seule à
savoir mais seule aussi à chercher, incomprise, comment l’après homme respirerait
et vivrait dans l’air et la Matière, une enfant la première d’une autre espèce à
transgresser les lois d’une prison corporelle, à chercher l’amour enfin dans les
cellules d’un corps dont les autres finissaient par avoir honte.
Elle se tenait là comme le seuil vivant d’un espace de Force foudroyante, si
tranquille.
24.
Ses yeux bruns comme la puissance du dedans de la terre, bleus ouverts sur les
marches d’une éternité souriante et secrète, gris verts d’un mystère conscient aux
océans de la vie, Elle se tenait là, à la merci de toutes nos misères et victorieuse,
parce qu’invinciblement une et vivante, et de Ses mains si blanches Elle laissait