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Libre des instruments et conscient de la Force, libre de s’offrir à son futur

déploiement.

Le pas prochain.

Et rien finalement n’aura été en vain. Il fallait vivre tout cela, et l’homme devait

finalement être aussi celui par qui tout arrive, le canal par lequel tout se manifeste

jusqu’aux extrêmes, de la beauté comme de l’horreur.

9.

Celui dont la nature même ne pouvait tolérer le mensonge ou la désharmonie, celui

pour qui la terre était sacrée, la vie était une célébration et la mort un passage

confiant à une naissance plus grande, celui-là a toujours vécu, ici ou là.

Mais son frère, dans la nature de qui l’appel de la contradiction était inscrit,

qu’aurait pu pour lui le premier ?

Il n’avait pas le pouvoir de transformer ; le temps n’était pas venu pour ce pouvoir-

là ; l’expérience n’était pas complète.

Maintenant l’homme sait qu’il est capable de tous les contraires.

Il a découvert que sa substance est une.

Il a vu que ces contraires sont aussi les tenants d’un état évolutif.

Mais il n’a pas la clé pour sortir. La clé est ailleurs.

Cet ailleurs est en relation avec un changement d’état.

10.

Je n’avais pas encore vingt ans. J’étais surtout conscient d’une grande tension,

d’être comme un espace en tension. Parfois il y avait des reflets actifs d’une force

qui pouvait toucher et donner, éclaircir et révéler. Mais le véhicule, ce que j’étais :

un mélange, un nœud aveugle, à vif.

Et comme toujours la double capacité : celle de détruire et se détruire, celle d’offrir

et de s’offrir.

L’objet de la destruction était là, mais le besoin de détruire était nul.

L’objet de l’offrir était caché, ou inconnu, mais le besoin d’offrir était impérieux.

Et c’est le besoin, toujours, qui fait la différence.

La qualité du besoin de chaque être est la seule mesure de toute vie.

Il y avait depuis quelques temps déjà le sens d’une présence au-dessus ; comme

de quelqu’un, là, juste en haut, qui savait, qui possédait l’itinéraire, les pas à venir

et leur sens.

Et aussi, autrement, en profondeur, l’impression plus ou moins constante d’une

lumière invisible, d’une lumière dans l’obscur, d’une brûlure de lumière.

L’état qui dominait était la tension, ou le vide.

Avec, dans cette vacance comme dans la diffusion de cette tension, des

mouvements d’énergie de natures différentes : des explosions de désir ; des

intermittences venues comme d’un autre âge, ou d’une personne qui serait déjà

vieille ; des fulgurances ou des percées d’une certaine harmonie, et d’une beauté

particulière comme d’un monde presque privé.

Et en contrepoint un curieux instinct, profond, de l’équilibre.

Le sens, aussi, d’une grande vitesse, se traduisant parfois en sentiment d’urgence

et, parfois, en actes désespérés.